Chacun (ou presque) a, dans sa poche ou son sac à main, un oeil de caméra qui ne demande qu’à entrer en jeu. C’est bien entendu du smartphone qu’il est question.
Pourquoi dès lors ne pas en appeler à la “foule”, à la myriade de mobinautes dans le monde, pour devenir des reporters, des témoins, des “indic” à la demande? Vous voulez savoir ce qui se passe en ce moment sur la Place Tienanmen, vous faire une idée de la météo londonienne en face du Buckingham, visionner le déroulement d’une manifestation à Anvers (ou Charleroi)? Il suffit de demander à une personne qui se trouve à cet endroit de filmer une petite vidéo et de vous l’envoyer. Ou, en mode push, à une personne de distribuer la vidéo vers son réseau d’amis sur Facebook. Eventuel commentaire à l’appui.
Ce concept d’“on demand live cam” est à la base de Look, une appli mobile qui vient donc de recevoir un financement de W.IN.G, fonds du numérique wallon, à hauteur de 150.000 euros (sous forme de prise de participation) pour consolider sa rampe de lancement. D’autres investisseurs, privés cette fois (via le fonds Viralety Ventures), participent à ce premier tour de table, pour un montant de 100.000 euros.
Cibler les usages utiles
Les fonds levés serviront notamment à financer une phase de validation d’usages. C’est que l’appli se prête potentiellement à de nombreux scénarios d’utilisation, impliquant des publics différents et dès lors aussi des modes d’utilisation et des spécificités d’interface ou d’interaction variés. “L’idée première m’est venue à l’automne 2015. Voulant visiter Londres, je me suis dit que ce serait une bonne idée de se renseigner sur les conditions de passage des voitures dans le piétonnier londonien”, explique Donald Staar, à l’origine de Look. “Depuis, au fil de nos contacts, les idées d’utilisations se sont multipliées: vérifier s’il y a du vent, à tel endroit, pour faire du kite, obtenir une vue des abords d’un hôtel où on envisage de séjourner…
Cette multiplicité d’utilisations est une arme à double tranchant: le public potentiel est large mais il est préférable, dans un premier temps, de se concentrer sur des utilisateurs ayant des intérêts communs afin d’être sûr de trouver, dans la communauté, des personnes qui puissent fournir la vidéo espérée.”
Donald Staar (Look): “Notre premier souci est de beaucoup écouter les utilisateurs afin de concevoir une appli qu’ils aiment – et utilisent – réellement.”
Jusqu’à la fin de l’année, la start-up va donc se concentrer sur la constitution de petits groupes d’utilisateurs, “pour comprendre les modes d’utilisation, les fonctionnalités – ce sera avant tout une période d’écoute de notre part – et itérer autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que le taux d’utilisation grandisse naturellement au sein du groupe d’utilisateurs.”
Financement aussi pour Keybate et Creo2
Deux autres jeunes pousses ont reçu un financement du fonds W.IN.G.
Keybate, qui a récemment décroché un prix “début de l’aventure” au Forum Mind & Market, est l’auteur d’une appli mobile facilitant les interactions lors de conférences en utilisant le microphone du mobile, relayé par les enceintes de la salle. De quoi permettre une participation sans frontières lors des séances de questions-réponses. Parmi les fonctions d’interactivité proposées: envoi des messages texto, identifier des participants présents dans la salle, relais vers les réseaux sociaux professionnels des participants.
W.IN.G lui procure un prêt convertible de 50.000 euros.
Creo2 a développé une appli de marketing pour “promotions responsables” organisées par des commerces de proximité. Utilisable sur tablettes. Les promotions sont transformées en dons que le client décide d’attribuer à une ONG de son choix.
Financement reçu: un prêt de 100.000 euros qui s’ajoute à une levée de fonds auprès de business angels qui a récemment rapporté 60.000 euros.
Cette phase permettra donc de décider des fonctionnalités les plus populaires ou les plus pertinentes: commentaires sur séquences vidéo, tri de lieux par catégories, possibilité d’interagir en temps réel pendant la diffusion d’une séquence…
La première version publique de l’appli a été lancée début avril. La version commerciale est disponible depuis peu, pour l’instant exclusivement à destination de l’environnement iOS, mais une version Android viendra la rejoindre “dans les tout prochains jours”, selon Donald Staar.
Modèle économique envisagé?
L’appli sera gratuite pour les utilisateurs. Look doit donc se trouver un modèle économique reposant sur d’autres revenus possibles. Et la première piste envisagée est celle de la publicité géolocalisée. Si le succès de nombre est au rendez-vous, la petite équipe de Look estime que l’appli pourrait devenir un vecteur intéressant pour divers acteurs qui pourraient être intéressés à passer à la caisse pour monnayer des services qui leur seraient rendus – littéralement – par la “foule”.
Communauté activable à la demande
Look n’est pas à proprement parler un réseau social d’un nouveau genre, qui serait basé essentiellement sur le partage de vidéos (en lieu et place de photos). Donald Staar se défend d’être un Periscope bis, par exemple. “Les solutions de live streaming proposent des vidéos que décident de filmer leur auteur, des vidéos qui ne sont pas forcément intéressantes pour les autres. Look inverse le processus.”
Ceci dit, les vidéos filmées “à la demande” ne seront pas réservées au seul demandeur.
Les séquences seront conservées et donc consultables par d’autres mobinautes. Mais leur durée de vie dépendra de leur succès, déterminé par les cotes que leur donneront les utilisateurs. Un système de filtrage communautaire…
Autre caractéristique qui ne fait pas de Look un réseau social comme on l’entend habituellement: les vidéos fournies sont anonymes. L’auteur ne s’expose pas.
Les membres répertoriés de la communauté Look sont représentés par de petites icônes positionnées sur une carte. Lorsqu’une personne demande à recevoir une vidéo de tel endroit pour une raison et une finalité x ou y, il lui suffit de cliquer pour envoyer une notification, expliquant brièvement sa demande, à toutes les personnes se situant à proximité de cet endroit.
Lorsque l’une d’entre elles accepte, le flux vidéo temps réel démarre.
Autre possibilité: une livraison vidéo légèrement différée. La personne qui accepte de devenir le fournisseur de la vidéo le signale et prévient le demandeur dès qu’elle est en mesure de le faire.
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