Voici près de de deux ans, Jean Martin, ancien patron de BSB, créait Sapristic, avec la double intention d’en faire un acteur présent sur le marché SAP et une société qui, via rachat de sociétés prometteuses mais nécessitant une refonte stratégique, pourraient investir de nouveaux domaines, orientés innovation.
La première acquisition effectuée a concerné BiiON, auteur de solutions de gestion et de surveillance environnementale et contrôle de qualité pour des environnements de production devant répondre à des contraintes strictes, du genre type salles blanches. Principal secteur-cible: l’industrie pharmaceutique (validation de la qualité des salles où sont fabriqués les médicaments, notamment). Sans négliger toutefois d’autres domaines tels que les nanotechnologies, les sciences du vivant, les biotechnologies…
En reprenant la société, Jean Martin avait pour ambition de lui faire franchir un cap important et lui permettre d’industrialiser les processus et solutions dont elle est l’auteur. “Ce marché du monitoring environnemental en est encore à un stade très artisanal. Notre conviction est qu’il va rapidement s’industrialiser. Il s’agit dès lors de se positionner parmi les meneurs et les sociétés les plus en pointe.”
Pour ce faire, plusieurs projets de R&D ont été engagés, notamment grâce à l’appui financier de la Région wallonne (plusieurs dossiers ont été introduits auprès de la DGO6 pour des subsides recherche). L’équipe de recherche de Sapristic/BiiON compte actuellement 9 personnes et devrait passer à 24 d’ici l’automne.
Communiquer sans compromettre
Parmi les premiers projets de R&D, le développement d’une solution de communications sans-fil pour salles blanches, habituellement “imperméables” à ce genre de communications en raison de leur principe intrinsèque de cage de Faraday. WiFi et Bluetooth sont priés de passer leur chemin.
Sapristic/BiiON développe dès lors actuellement une solution basée sur les très basses fréquences.
“L’impact est potentiellement majeur sur le fonctionnement et le modèle économique des salles blanches”, estime Jean Martin. Plus besoin en effet d’y faire pénétrer des câbles pour assurer les communications des instruments, équipements, sondes et capteurs en tous genres (taux d’humidité, contamination microbienne, compteur de particules…). Cette pratique impliquait, jusqu’ici, de re-stéréliser la salle lors de toute modification et des coûts majeurs de câblage et recâblage. Grâce au projet BiiON, il deviendra possible de fixer des sondes opérant sans-fil et sur batterie et de les déplacer, retirer ou ajouter à la demande.
Dans le cadre de ce projet, BiiON s’est lancée dans le redéveloppement de son logiciel Mirrhia (pilotage environnemental avec détection de problèmes et reporting: analyse prédictive, agrégation de données, traitement des déviations, intégration multi-sites…) et dans le développement d’une nouvelle plate-forme de distribution de messages d’alertes et événements, baptisée Wistria. Lancement attendu pour avril de cette année.
Pilotage dans le cloud
Un autre projet de R&D s’inscrit en prolongement du premier mais a pour cadre le cloud. BioCloud concerne la mise en oeuvre d’une plate-forme de gestion hébergée et gérée dans le cloud à destination des sociétés biotech. La plate-forme leur procurera des services prestés et facturés à la demande, que ce soit pour des fonctions de gestion d’entreprise (ERP), de gestion de production ou d’automatisation et de régulation.
“Les sociétés actives dans le secteur des biotechs doivent faire face à des contraintes spécifiques”, explique Jean Martin. “En matière de thérapie cellulaire ou génique, les traitements sont conçus et produits spécifiquement pour chaque patient. Le processus est personnalisé. Ce qui nécessite des outils IT très différents.” Un modèle de sollicitation “à l’usage” des ressources IT devient dès lors intéressant.
Principaux sujets de développement: un potentiel de personnalisation de masse, la variabilité du processus de production biologique, la traçabilité de la chaîne bio-logistique jusqu’au patient, ou encore la capacité des équipements et des systèmes de gestion des données de se configurer et de se mettre à jour rapidement.
Partenaires du consortium de recherche (pour les deux projets, menés dans le cadre du Pôle de Compétitivité BioWin): Sapristic (pour le volet ERP et systèmes de gestion), BiiON (systèmes de surveillance environnemental de salles blanches), Jumo (fabricant de capteurs), SEE Telecom (société spécialisée dans les communications sans-fil) ainsi que trois partenaires académiques (l’UCL pour les technologies de capteurs, UMons pour les protocoles réseau, et l’ISSeP, Institut Scientifique de Service Public, pour son expertise en matière de champs électromagnétiques).
Deux sociétés feront par ailleurs office à la fois de spécificateurs et de bêta-testeurs. A savoir: MaSTherCell et Novadip Biosciences. Sans oublier des structures plus modestes (PME, start-ups) qui valideront le volet cloud.
Ce projet mettra plus de temps que le premier à se concrétiser. Sa première date de lancement sur le marché pourrait se situer à la mi-2017, “avec un produit réellement mûr en 2018.”
Vibra4Fake
Dans le cadre du Plan Marshall 4.0 (projet du Pôle de compétivité Logistics in Wallonia), Sapristic/BiiON est par ailleurs l’un des membres d’un autre consortium de recherche qui vise à fournir aux sociétés pharmaceutiques une nouvelle solution de lutte contre la contrefaçon de médicaments.
La solution Vibra4Fake, à cofinancer par des fonds Feder, devra répondre à des contraintes strictes afin de pouvoir opérer dans toutes les régions du monde, en ce compris celles où l’infrastructure et/ou les ressources humaines sont minimales.
L’objectif est double: assurer la traçabilité des médicaments tout au long de la chaîne biologistique (par vérification de leur “intégrité spectrale”) et l’authentification des médicaments.
Conçue, une fois encore, en mode SaaS (Software as a Service), elle mettra en oeuvre à la fois un nouveau système de scanning et d’identification, des traitements algorithmiques, une base de données spectrales et des transferts de données sécurisés.
Les nouveaux dispositifs de scanning (spectroscopie vibrationnelle) généreront une “signature” électromagnétique de l’échantillon-témoin de médicament, signature stockée dans une base de données spectrales qui pourra ensuite être comparée avec les lots de médicaments transportés et transitant par les douanes. “En quelques minutes, on pourra déterminer si les médicaments sont contrefaits ou non, là où la vérification en douanes peut aujourd’hui prendre plusieurs semaines.”
Partenaires du projet: BiiON, le Laboratoire de Chimie Analytique de l’ULg, le département d’analyse instrumentale et de bioélectrochimie de l’ULB, Guardis (sécurité informatique), Arlenda (spécialisée en algorithmique et gestion statistique), Taipro Engineering (conditionnement et microassemblage de microsystèmes) et Galephar m/f (laboratoire de R&D pharmaceutique).
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