Premières actions du Plan du Numérique (suite)

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Par · 15/02/2016

Dans la première partie de cet article, nous évoquions le lancement des premiers projets relevant du Plan du Numérique. Par exemple, le dévoilement tout proche du Fonds du Numérique ou le volet équipement des écoles en matériel et, surtout, connectivité digne de ce nom.  

Elargissons la perspective pour reparler de ce sujet, essentiel, de la connectivité haut (à très haut) débit du territoire wallon.

En la matière, il y a, d’une part, la priorité de déploiement qui a clairement été mise sur les zonings industriels, les EPN et les écoles. De l’autre, la grande question de la mise en oeuvre, des moyens à y allouer, de l’identité des acteurs qui y pourvoiront et de la couverture à terme de l’ensemble du territoire – zones “blanches” (défavorisées) comprises.

Objectif 4 du Plan du Numérique: “Mettre en œuvre une véritable politique d’aménagement numérique de la Wallonie par la qualité de ses infrastructures, garantissant un accès très haut

débit sur l’ensemble du territoire et l‘ultra-haut débit pour certaines zones prioritaires, afin de développer l’intensité numérique des entreprises et des citoyens et faire de la Wallonie une véritable Giga-Région à l’échelle internationale.”

Le dossier est évidemment essentiel et devra être débloqué. Car, pour l’instant, toutes les conditions pour avancer sont loin d’être au rendez-vous.

Petit exemple du côté infrastructure fixe. Si la Région a balisé ce qu’elle considère comme prioritaire, le lancement d’actions et de projets dépendra, pour partie, de la disponibilité d’une cartographie précise de la couverture du territoire par les divers opérateurs. Et, en la matière, on dit attendre que l’IBPT la fournisse. Et comme les opérateurs se font tirer l’oreille pour fournir leurs données…

Si on connaît déjà, de manière empirique, les zones moins bien desservies, un état des lieux clairement documenté serait utile pour argumenter les négociations.

Or, ces dernières sont déjà mouvementées, côté mobile. Où en sont les contacts avec les opérateurs mobiles? Pas de réponse claire ou d’émission de fumée blanche de la part du Cabinet Marcourt, si ce n’est pour dire – primo – que les contacts n’ont jamais été rompus et qu’en dépit (ou en arrière-cour) de l’exercice de musculation qui s’est affiché, fin d’année dernière, sur la scène médiatique, opérateurs et gouvernants se parlent et – deuzio – que chaque partie est parfaitement consciente des enjeux. Et que, au bout du compte, le réalisme prévaudra. Quant à dire quelle forme il prendra, nul ne peut sans doute en augurer.

La couverture en 4G est clairement déficiente en Wallonie. On attend la carte de la couverture hat débit fixe… (source de l’illustration: IBPT)

On en est resté sur la fin de non recevoir opposée par les opérateurs à la proposition des Cabinets Marcourt et Furlan. Il y était question de réinvestir les fruits de la “taxe pylône” dans le financement d’un infrastructure partagée. Lisez: une infrastructure dont certains éléments seraient mutualisés entre opérateurs (partage des pylônes dans les zones blanches, desserte des pylônes en fibre optique…).

Refus donc des opérateurs. “On a sous-estimé l’asymétrie du poids économique des opérateurs”, déclarait Jean-Claude Marcourt en décembre. En promettant de rétablir le contact en début d’année. Le dialogue, dit-on, reste engagé et les discussions se poursuivront, sans que la longueur du calendrier et/ou qu’une date-butoir soient précisés. Reste par ailleurs à résoudre le sujet hyper-sensible de la “taxe due” (exercices antérieurs pour lesquels la Région avait budgété la taxe)…

EPN, rempart contre la fracture numérique

L’annonce en a été faite en décembre dernier (relire notre article): 100 nouveaux EPN devraient voir le jour en l’espace de trois ans.

 

Ces Espaces Publics Numériques sont confirmés dans leur rôle de “garants de la participation citoyenne à la société de l’information” et ce, à destination de tous les publics potentiellement en rupture avec le phénomène de numérisation de la société. Ils devront donc, plus que jamais, être des opérateurs de proximité pour lutter contre la fracture numérique, aux contours sans cesse changeants.

Reste à déterminer précisément le contenu de leurs actions. L’animation des EPN a en tout cas été confiée à Technofutur TIC.

La convention, en cours de définition, précisera son rôle précis, son cadre d’action, les modalités de fonctionnement, le type d’animation et d’accompagnement qui sera proposé, la forme que prendront les futurs appels à projets ainsi que les critères d’éligibilité, mais aussi la manière dont les actions seront évaluées.

“Smart Cities” cherchent thématique(s) porteuse(s)

Le terme, pour ne pas dire le slogan, “ville intelligente / smart city” a largement été mis ç toutes les sauces.

Cet axe du Plan du Numérique concerne l’équipement du territoire et a été doté d’une enveloppe de 26 millions, fonds largement venus du Feder. Avant de lancer des initiatives et bien avant que le Plan du Numérique ne voie le jour, un groupe de travail a été constitué, piloté par l’ADN, qui fait intervenir plusieurs “référents” – lisez des acteurs et structures opérant déjà dans cette thématique. Parmi eux, FuturoCité, e-campus, Agoria ou encore le Smart City Institute (ULg).

“Ces référents doivent dégager une vision cohérente pour la Wallonie.”

La réflexion porte à la fois sur le volet infrastructure (sur base de l’équipement WiFi public gratuit déployé dans quelques villes – Liège, Mons, Namur, Charleroi…) et sur le volet valeur ajoutée (applications, services à créer et déployer).

Elle devrait déboucher sur la définition d’un “tronc commun”, sorte de répertoire des principaux enjeux auxquels sont confrontés toutes les villes, grandes ou moins grandes, et “sur lequel chaque ville pourrait s’appuyer pour développer ses propres projets.”

Objectif majeur: cerner les enjeux à la fois prioritaires, communs (le plus possible), réalisables et éviter la dispersion des efforts. “Il est important d’être plus cohérent et structurant”, souligne par exemple Sébastien Legat,  conseiller numérique du ministre Marcourt. “Les thématiques des “smart cities” sont en effet multiples. Il faut un fil conducteur cohérent. Qui sera d’ailleurs appliqué pour sélectionner les dossiers rentrés dans le cadre de l’appel à projets (Feder) lancé en décembre et portant sur la réalisation de démonstrateurs.

Il faut une vision globale. Les projets qui émergeront pourront se greffer sur ce tronc commun. Le but est de minimiser les coûts [de création et de déploiement] et de favoriser la réutilisation des solutions.” Qu’il s’agisse de mobilité, d’environnement, de gestion de parkings… “A défaut de solutions communes, il faut à tout le moins des briques communes…”

Outre les projets de type “démonstrateurs” qui seront financés par des fonds Feder, un ou plusieurs appels à projets seront également organisés, avec du financement venant directement du Plan du Numérique, mais selon une méthodologie et une ligne stratégique qui doivent encore être définies.