Comme le relèvent plusieurs de nos interlocuteurs, l’heure, les discours, le storytelling sont aujourd’hui braqués sur le phénomène “start-up”.
Le fil rouge, aujourd’hui, en ce compris du compris dans le chef du ministre d’Alexander De Croo, semble être de favoriser la naissance d’un maximum de start-ups en se disant qu’il en sortira quelque chose. Est-ce une bonne méthode de miser sur le volume?
“C’est une logique de fonds”, déclare Jean-Pol Boone. “Un fonds investit dans 10 projets en espérant qu’il y en ait un qui cartonne. C’est une règle d’investissement.
Après, on peut paramétrer, imaginer des fonds spécialisés dans le high-tech, dans le B2C, dans la santé, etc. A-t-on vocation à être un fonds généraliste? En a-t-on les moyens? Je ne le pense pas…
Susciter la naissance de start-ups créant peu de valeur, avec une faible barrière à l’entrée, est-ce quelque chose sur lequel on veut jouer, sachant que nous sommes sur un petit marché local, qu’on a accès à très peu de financement? Doit-on rentrer dans cette guerre-là? Je n’en suis pas certain…
Par contre, grâce à nos universités, ne serait-ce pas plus intelligent d’aller vers des choses beaucoup plus pointues? Je suis plutôt de cet avis-là.”
Olivier de Wasseige, d’Internet Attitude, estime pour sa part que jouer le volume n’est pas la bonne approche et qu’il vaudrait mieux “identifier plus tôt les start-ups ayant un réel potentiel de croissance et les accompagner. C’est nécessaire si on veut un effet bénéfique sur l’emploi. “Ce qui est valable dans l’économie traditionnelle l’est aussi pour les start-ups. Il est prouvé, économiquement, qu’il y a plus de potentiel pour une société de 10 personnes de se développer à l’international que du côté de deux sociétés de 5 personnes.”
Selon lui, la situation budgétaire étriquée que l’on connaît actuellement plaide aussi pour une approche plus sélective. “Quand les budgets sont limités, il vaut mieux affecter une plus grande partie de moyens à l’identification des sociétés qu’on fera croître sur le terreau local. Pour cela, il faut de bons incubateurs et, plus encore, des accélérateurs ayant des liens à l’international.”
Ce qui ne veut pas dire qu’il faille tirer la prise sur les incubateurs qui génèrent de jeunes pousses: “tant mieux si on peut continuer à leur donner les mêmes moyens que maintenant. A condition toutefois que l’efficience soit au rendez-vous. Mais il faut mieux répartir les moyens, donner davantage du côté de l’accélération.”
Benoît Lips (Lean Fund), lui, estime que jouer le volume [en termes de start-ups à initier] peut s’avérer utile. C’est d’ailleurs, à ses yeux, dans cette optique qu’a été conçu le programme Tax Shelter PME. ”Compte tenu des limites prévues (Ndlr: maximum 100.000 euros par personne et par an avec une déductibilité de 30 ou 45%), “la mesure n’ouvrira pas la voie à des tours d’investissement se chiffrant en millions d’euros. Le principe est plutôt de stimuler un grand nombre de petites structures, avec de petits ou moyens investissements.
C’est, à mes yeux, la seule règle possible si l’on veut avoir quelques start-ups à l’arrivée… Il faut maximiser les opportunités en jouant la masse et le volume.”
Pas question, dès lors, pour lui, de préconiser une sélection plus en amont. “Dans le registre des start-ups, seul le marché saura si l’idée est bonne ou mauvaise. Il faut donc augmenter les probabilités d’en trouver quelques-unes de valables.
La chose est différente du côté des sociétés existantes, dont le potentiel est sous-exploité. Là, la démarche est plutôt celle du petit nombre, la démarche par exemple des clusters qui est d’identifier, de structurer, de développer des pépites.”
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