Cette semaine, Nest’Up Namur a lieu à… Mont-Saint-Guibert. Comme mercredi de la semaine précédente et quelques autres jours depuis le démarrage le 2 novembre du programme d’accélération de huit semaines. Autant dire que la délocalisation vers la capitale wallonne semble se faire à reculons.
Officiellement, Olivier Verbeke, cofondateur de Nest’Up, parle d’un malheureux concours de circonstances: la salle trouvée à Namur (nous y reviendrons) était déjà louée quelques jours (par un club de Tai Chi), une grève, les problèmes personnels d’un coach qui auraient forcé à regrouper les équipes de Nest’In (programme de pré-accélération actuellement en cours à Charleroi) et de Nest’Up dans son camp de base du Brabant wallon. “Dès lundi prochain, nous serons définitivement à Namur.” Dont acte.
Officieusement, certains coaches – la plupart habitent Bruxelles ou le Brabant wallon – rechigneraient à faire la route vers la ville mosane pour seulement 1 ou 2 heures de formation. Soit. L’argument paraît peu défendable pour quelqu’un qui veut vraiment défendre l’entrepreneuriat, mais il avait déjà été à l’origine de quelques problèmes organisationnels lors d’une autre délocalisation de Nest’Up, à Liège, fin 2013.
Précipitation
Ce qui est certain, par contre, c’est que le déménagement vers Namur s’est fait dans la précipitation. Il nous revient à bonne source qu’une salle a dû être trouvée en une semaine. Avec pour conséquence que la salle du Chat à 7 pattes (sic), qui a été dénichée à la hâte, est peut-être une belle petite salle de mariage. Mais, difficilement accessible dans une petite rue à sens unique de Saint-Servais et à peine renseignée dans un quartier résidentiel, elle est à mille lieues de ce qui pourrait ressembler à un écosystème innovant. On nous dit qu’elle n’est pas très loin de la gare. Euh… comptez quand même un bon quart d’heure à pied, vers la périphérie.
Vu de l’extérieur, le “Chat à 7 Pattes” à Saint-Servais…
… les locaux de Mont-Saint-Guibert, à l’AxisParc. Mais comparaison n’est pas raison.
Le contraste, en termes d’image, entre le modeste Chat à 7 pattes namurois et le fief branché de Nest’Up à Mont-Saint-Guibert, prête à sourire. Mais finalement, le décor est secondaire. “Les participants sont contents”, affirme Olivier Verbeke. Mais l’épisode est toutefois révélateur de cette éternelle difficulté wallonne à dépasser les clivages politiques et régionaux, au bénéfice de la noble cause de l’entrepreneuriat en l’occurrence.
Plus spécifiquement, c’est une première (petite) occasion manquée pour Creative Wallonia Engine, l’asbl derrière Nest’Up (ex-Fostering Ideas) de prouver qu’elle peut “fédérer les forces vives”.
Pour rappel, ce véhicule de la politique du Ministre Marcourt pour stimuler la créativité en Wallonie – et, notamment, jeter des ponts vers et entre les hubs créatifs qui voient le jour – a été doté de plus de 5 millions d’euros de fonds européens Feder en mai dernier. Lire le portrait que nous en faisons et qui précise, plus en détails, les buts visés et la manière dont CWE est financé et structuré.
Constituée au 1er juillet dernier, l’asbl publique s’est dotée d’un nouveau pilote en la personne de David Valentiny (ex-conseiller du Ministre Marcourt puis directeur d’IDcampus). Les “anciens” Olivier Verbeke, Alexandre Simon et Damien Van Achter restent fidèles au poste. Creative Wallonia Engine a publié récemment des annonces pour quatre postes à pourvoir (notamment pour l’appui aux hubs créatifs, la sensibilisation du grand public aux concepts et pratiques de créativité, et la “diffusion des principes de la créativité dans l’apprentissage”).
Une collaboration de façade
Pour en revenir à l’épisode namurois, la belle collaboration de façade affichée il y a encore deux mois par Creative Wallonie Engine, le BEP (Bureau économique de la province de Namur) et le TRAKK (le ‘hub créatif’ namurois en construction) manque encore pour le moins de ciment. Certaines sources évoquent même un profond désaccord entre le BEP et Creative Wallonie Engine.
Contacté par nos soins, le BEP réfute cette « rumeur » et affirme avoir voulu aider Nest’Up à trouver une salle appropriée. “Simplement, en une semaine, tout ce que nous pouvions proposer était déjà réservé”, nous explique Ingrid Bertrand, porte-parole du BEP.
Les Abattoirs de Bomel, nouveau complexe de salles a priori idéal pour ce genre de programmes et tout près du centre-ville, seraient ainsi passés sous le nez de Nest’Up. L’espace actuellement occupé par le TRAKK était lui aussi apparemment trop petit pour accueillir un petit peloton d’une quinzaine de personnes qui nécessite des locaux distincts pour des travaux de groupe.
On apprend par la même occasion que le TRAKK n’a jusqu’ici pas été impliqué dans Nest’Up. Mais cela ne saurait tarder: “nous allons mettre notre fablab à disposition de ceux qui veulent faire du prototypage dans les prochaines semaines.”
En creusant un peu du côté du BEP, on se rend compte que le « partenariat » n’est que de pacotille. Suite à une vraie divergence de vue cette fois. “Nest’Up nous avait demandé de mettre à disposition un collaborateur à temps plein pour une fonction de support. Or, nous avons estimé que nos compétences dans l’accompagnement nous invitaient plutôt à mettre à disposition un coach d’entreprise. Nous souhaitions être associé à une vision stratégique qui va au-delà du programme d’accélération”, explique Ingrid Bertrand. Finalement, le BEP n’a mis personne à disposition. “Mais une réunion est prévue prochainement avec Creative Wallonie Engine pour poursuivre la collaboration.” Comprenez: entamer une collaboration…
On ose espérer que ces accords-désaccords ne porteront pas préjudice à la qualité des projets développés par les entrepreneurs et à la motivation des coaches.
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