Teal IT: gérer ses factures via un code QR

Article
Par · 28/09/2015

Teal IT, jeune société basée à Enghien, dévoile une solution en deux volets dédiée à la facturation électronique et au paiement mobile de factures. Public visé, côté utilisateurs: le citoyen lambda, les indépendants, voire les petites entreprises.

Le premier de ces deux produits est un portail, baptisé DigiTeal, un portail de facturation électronique qui recueille les factures des émetteurs et sert dès lors d’instrument de gestion, de suivi et d’archivage des factures (durée de conservation: 10 ans). Avec aussi quelques fonctions désormais classiques pour ce genre de solution, telles qu’un historique des opérations ou un mécanisme de rappel de délais de paiement.

Là où Teal IT veut clairement se différencier de la concurrence – cette dernière s’appelant essentiellement Zoomit ou Doccle en Belgique -, c’est via son deuxième produit.

Scan2Pay, actuellement disponible en version open bêta, se donne pour ambition de simplifier la gestion des paiements de factures… en mode mobile.

L’idée n’est pas ici une sorte de Zoomit mobile mais plutôt d’utiliser une autre technologie pour saisir automatiquement les données nécessaires au paiement d’une facture, sans réencodage. Cette technologie n’est autre que le code QR apposé sur la facture et destiné à être lu via un smartphone ou une tablette.

Ce code, conforme à la norme européenne EPC069, reprend tous les éléments nécessaires au paiement d’une facture via virement: code BIC, code IBAN, nom du bénéficiaire, montant, communication (structurée ou non). Il suffit donc à l’utilisateur de se connecter à l’application mobile de sa banque, de scanner le code QR avec son mobile et les données sont automatiquement insérées dans le formulaire ou le mécanisme de virement.

Une Belgique récalcitrante

Petit problème, dans l’état actuel des choses: le marché belge (mais il n’est pas le seul – d’autres pays en sont au même stade) est encore victime du syndrome de l’oeuf et de la poule pour ce qui est de l’utilisation de ce genre de code QR à des fins de virement, regrette Cédric Neve, l’un des deux fondateurs de Teal IT.

“Les banques attendent que les émetteurs de factures (petits ou grands, privés ou publics) se mettent à cette pratique tandis que les émetteurs pointent le fait que les banques n’ont pas encore doté leurs applications (mobiles dans ce cas) du potentiel de lecture dudit code QR.”

Seules deux banques belges, dans l’état actuel des choses, semblent vouloir évoluer dans ce sens, à savoir Keytrade et KBC, mais sans vouloir ouvertement dévoiler leurs plans ou agendas précis.

A l’étranger, par contre, l’Autriche et la Finlande ont pris de l’avance. L’Allemagne, notamment via la Deutsche Bank, devrait suivre “incessamment sous peu” (trois banques autrichiennes, présentes sur le marché allemand, ont sans doute mis le feu aux poudres).

L’espoir de Teal IT, via sa solution DigiTeal, est donc de forcer le déclic en Belgique. En jouant notamment sur des arguments de coûts (service gratuit pour le client et tarifs applicables aux émetteurs – 10 cents par facture, avec tarif dégressif – présentés par exemple comme trois fois moins onéreux que la solution Zoomit).

“Zoomit est surtout utilisé par les grandes entreprises et exige un exercice d’intégration assez complexe”, raisonne Cédric Nève. “Les documents, par ailleurs, demeurent hébergés auprès des organismes émetteurs des factures ou auprès d’intermédiaires. Ce sont là, avec le facteur coût, deux éléments sur lesquels nous nous différencions. Sans oublier l’argument d’une solution qui est potentiellement internationale puisque nous nous alignons sur une norme européenne).”

Autre manière pour Teal IT de tenter de forcer la main aux banques? Une invitation lancée à l’utilisateur lambda de participer à une pétition ouverte sur son site… En espérant que la pression de la “foule” fasse son oeuvre.

Mais les banques bougeront-elles?, se demandent les responsables de Teal IT. Intégrer le support du code QR dans leurs plates-formes serait, selon eux, un jeu d’enfant mais les 4 banques qui sont partie prenante dans Zoomit pourraient par exemple préférer protéger leur solution – à moins qu’elles ne choisissent de la faire évoluer et de “tuer” ainsi un concurrent…

Premières cibles

Tant que les banques belges n’auront pas adopté et implémenté le mode de paiement par lecture de code QR (une solution via Bancontact existe mais le code ne demeure valable que… 15 minutes), les grands émetteurs de factures ne sont pas une cible pour Teal IT (on en revient au problème de l’oeuf et de la poule).

Dans l’immédiat, la jeune start-up espère décrocher de premiers clients… du côté de l’enseignement et, en particulier, des fédérations d’établissements scolaires (Segec et consorts).

“Notre coeur de cible”, explique Cédric Nève, “est en effet des émetteurs de factures qui sont envoyées de manière récurrente, aux mêmes personnes, et pour des montants chaque fois différents. Sinon, un ordre permanent est encore la meilleure façon de procéder.”

Ce ciblage permet aussi à Teal IT d’intéresser potentiellement quelques éditeurs de logiciels, liés au monde scolaire. Exemple cité par Cédric Nève: Infodidac et sa solution ProEco. Convaincre des éditeurs de logiciels de s’intégrer avec la solution DigiTeal/Scan2Pay (voir plus bas “Le principe”) est évidemment vital pour la start-up…

Le public visé – celui des parents – a par ailleurs été choisi pour une autre raison: ils sont censés être les représentants d’une génération qui a largement adopté le smartphone!

Côté “gros émetteurs de factures”, deux administrations wallonnes ont déjà indiqué qu’elles seraient prêtes à avoir recours à Teal IT – à savoir la SWDE (société wallonne des eaux) et la DG Fiscalité (redevances TV et taxes de mise en circulation). Mais… elles attendent que les banques supportent la norme QR concernée.

L’agenda de Teal IT

DigiTeal est actuellement proposée en version “open bêta” (utilisable). Teal IT se donne encore deux mois pour collecter les réactions des utilisateurs et des premiers émetteurs de factures partenaires afin de faire éventuellement évoluer les fonctions ou l’interface. L’espoir de Cédric Nève est de lancer la première version commerciale au début décembre. Et, dès mars 2016, une deuxième version qui viserait l’international, via le support d’autres langues.

Le principe

(1) Dans l’état actuel des développements, la solution de Teal IT peut être intégrée avec quelques premiers logiciels tiers – à savoir, Odoo, SAP, Microsoft Office et Google Docs. La société compte sur les demandes des utilisateurs pour identifier d’autres éditeurs de logiciels (comptables, notamment) à qui proposer une intégration.

L’émetteur de la facture la crée avec la solution de son choix – un logiciel comptable ou un simple tableur, traditionnel ou hébergé dans le cloud (1) – et prévoit un espace dédié où le code QR sera apposé.

La facture est alors envoyée à la plate-forme DigiTeal qui génère le code QR et l’intègre au document. Dans le même temps, la plate-forme signale à l’émetteur si le destinataire désire recevoir la facture via DigiTeal ou sous format papier classique.

La solution Scan2Pay n’implique pas de télécharger une appli. Tout se passe sur le site DigiTeal, conçut en “responsive” de telle sorte à être compatible avec tout type de terminal.

Le destinataire de la facture pourra utiliser le code QR soit en le sélectionnant s’il choisit la voie totalement dématérialisée, soit le saisir dans son application mobile via scanning, s’il préfère recevoir ses factures sous forme papier.

Il peut accéder à ses documents dans l’espace privatif qui lui est réservé sur le portail DigiTeal, en s’identifiant au moyen de son adresse mail et d’un mot de passe. Aucune autre mesure de sécurité n’a été instaurée. “Les informations [factures] sont évidemment confidentielles”, explique Cédric Nève, “mais elles ne sont pas à proprement parler sensibles et il n’y a pas de possibilité, par exemple, de détourner de l’argent. Quant au processus de validation des paiements, il intervient au niveau de l’application bancaire proprement dite. Ce n’est pas de notre ressort.”