Le temps d’un week-end (fin juillet), une quarantaine de développeurs, designers et autres accros de l’IT ont planché sur des idées de projets émanant de simples particuliers, et non plus d’entreprises ou d’associations comme cela avait été le cas en 2014. Condition sine qua non pour que les projets soumis soient sélectionnés par le jury en vue du développement d’un prototype: “répondre à un problème dont la solution peut bénéficier au plus grand nombre”.
C’est ainsi que sept projets — certains plus originaux et novateurs que d’autres — ont finalement fait l’objet d’un “speed proto” dans des domaines touchant à la santé, à la gestion IT, à l’éducation, ou encore à l’Internet des Objets.
Comme le suppose ce genre de formule “fast coding”, les projets tels qu’imaginés au départ ont souvent dû être reformulés. Par ailleurs, le temps imparti ne permet que très rarement d’aboutir à un prototype digne de ce nom mais cela permet en tout cas de défricher le terrain et, parfois, de donner l’envie de poursuivre l’exercice.
Les fruits des travaux (codes et protos) étant mis librement à disposition, via GitHub, les “commanditaires” mais aussi d’autres intervenants ont désormais la possibilité de tester les prototypes et de pousser plus loin les développements s’ils le désirent.
A l’issue du Summer Camp 2015, seuls deux des sept porteurs de projets ont accepté de témoigner de l’expérience. A découvrir dès lors ci-dessous: le projet Mordatality (visualisation d’open data) et Nurse Report (outil de communication pour crèches).
Les autres porteurs de projet préfèrent ne pas s’exprimer ou se dévoiler, souvent, expliquent-ils, pour des raisons professionnelles. En effet, s’il s’agit de “particuliers”, nombre d’entre eux sont évidemment des personnes actives qui, pour diverses raisons, préfèrent garder leur initiative ou idée à l’abri des regards.
Nous listons toutefois, dans l’encadré ci-dessous, les 7 projets qui ont fait l’objet de premiers développements pendant le Summer Camp.
Mordatality
Si l’idée, telle que soumise au départ, était de permettre une meilleure compréhension — et réutilisation — des données ouvertes (open data) répertoriées sur le portail national Data.Gov.be, elle a malheureusement débouché sur un constat aussi rapide que décevant: la grande diversité de formats dans lesquels sont générés et stockés ces fichiers et jeux de données rend tout exercice de “visualisation universelle” impossible — un constat déjà posé à maintes reprises, à l’occasion notamment d’autres hackathons.
“Jeux de données hétéroclites, non cohérents, variant d’année en année, avec des structures manquant parfois de précision, sources de données inaccessibles (multiples messages “erreur 404”), données mal documentées, sources manquantes… Difficile, dans ces conditions, de mettre quelque chose sur pied, d’automatiser le mixage de données. Il faudrait passer un temps énorme à développer des outils”, explique Michaël Hoste, l’un des 4 développeurs qui avait choisi de plancher sur le projet (dans la vie, il est l’un des collaborateurs de la société de développement Web montoise Creative Monkeys).
Michaël Hoste: “On dispose de grands volumes d’open data mais il est très difficile d’en tirer de la valeur ou de la signification. Par manque de cohérence.”
Les ambitions de départ du projet ont donc été sérieusement rabotées. L’équipe s’est contentée de développer un outil de simulation visuelle de l’espérance de vie, basée sur les statistiques disponibles: population, immigration, âge moyen d’enfantement chez les femmes, codes postaux… Un outil de simulation qui permet de simuler sa propre date statistique de décès.
Vous pouvez faire l’exercice vous-même en vous rendant sur le site et en introduisant vos données personnelles (date de naissance, sexe, lieu de résidence). Sur base de ces données, l’appli passe les statistiques à la moulinette et vous donne votre espérance de vie. La réponse est évidemment théorique. Compte tenu du nombre restreint de paramètres (pas de points de référence sur les antécédents, l’état de santé etc.), on n’obtient qu’une indication mais c’est un début…
On peut d’ailleurs s’amuser à changer certains paramètres et voir si on aurait plus de chances de vivre plus vieux si on était né plus tard, si on était de l’autre sexe ou si on habitait dans telle ou telle région du pays.
Mais cela ne s’arrête pas là. Outre le site, l’équipe (Michaël Hoste, Aurélien Malisart, François Stéphany et Didier Toussaint) a développé une appli (pour iOS, Android, Windows, Symbian, Blackberry) de même qu’un outil de simulation visuelle.
Chaque point figuré à l’écran représente une “cohorte” de 11.000 belges (bleu pour les hommes, rose pour les femmes). Avec une densité de points variant selon les tranches d’âge. Ici, une simulation de la population belge en 2077.
La simulation fait apparaître l’évolution de la population belge, dans son ensemble, à mesure que les années défilent (jusqu’en 2080, 2225 ou plus si vous laissez jouer le moteur). La population belge globale y est figurée par des points (un point représentant 11.000 personnes, avec codage couleurs par sexe) qui défilent à l’écran, sur une ligne de temps représentant leur âge. On voit ainsi non seulement la population augmenter, de décennie en décennie, mais aussi l’espérance de vie gagner du terrain. A mesure que l’on se situe plus avant dans l’avenir, on voit par exemple le nombre de points se multiplier dans la tranche d’âge au-delà de 100 ans…
L’équipe de développement a voulu rendre la simulation la plus réaliste possible en intégrant un certain degré de stochastique. Ce n’est évidemment pas parce qu’on a une espérance de vie théorique de 85 ans, par exemple, qu’on arrivera à cet âge… Un algorithme intervient dès lors, pour chaque point figuré à l’écran, chaque fois qu’il franchit le cap d’une année supplémentaire. Michaël Hoste compare cet exercice de simulation aléatoire à un “jet de dés”: telle personne risque de mourir à 12 ans, à 35 ans, à 50 ans, telle femme risque d’enfanter à 18 ans, à 36, etc. “Si le dé tombe sur la probabilité de décès, un point peut très bien disparaître prématurément… Chaque point est géré de manière aléatoire.”
Outre la visualisation du phénomène de vieillissement de la population qu’on peut obtenir grâce à cet outil, l’équipe du projet Mordatality a aussi pu vérifier, visuellement, l’effet qu’aurait l’arrêt de toute immigration sur la population belge. C’est la disparition programmée. Du moins si le taux de fécondité/natalité reste bloqué à 1,79…
Jeux de données utilisés pour alimenter l’outil de simulation: les statistiques de mortalité en Belgique (selon l’âge, le sexe et la province), les stats des naissances, des migrations ainsi que des jeux de données géographiques (provinces, villes, communes, codes postaux).
Nurse Report
A l’origine de l’idée: un papa, par ailleurs développeur de métier (il travaille chez Trasys), qui désirait pouvoir être mieux informé de la manière dont son petit bout de 2 ans et demi vivait son séjour quotidien en crèche.
Yves Cotton — le papa en question — a soumis sa petite idée pour validation à la directrice de la crèche (à Waterloo) qui a décidé de jouer le jeu du MIC Summer Camp. Le prototype n’ayant pas pu franchir des étapes majeures, le projet est pour l’instant en suspens mais Yves Cotton n’abandonne pas l’idée, compte éventuellement renouer le contact avec les autres membres de son équipe d’un week-end, et invite d’ailleurs toute personne intéressée à signaler son intérêt pour le projet. Car des ressources et du financement seront nécessaires s’il faut le faire aboutir…
Mais voyons plutôt à quoi pourrait ressembler Nurse Report.
L’idée est de remplacer les petits rapports et comptes-rendus papier par un outil plus moderne. Désormais, le “suivi” des bambins pourrait être assuré par les puéricultrices à l’aide d’une tablette ou de tout autre équipement connecté à Internet, sur lesquels seraient notés les faits du quotidien, anodins ou plus significatifs (alimentation, périodes de repos, jeu, bobos, socialisation…).
L’idée est aussi de permettre une communication plus efficace entre parents et responsables des crèches, par exemple pour avertir d’une absence ou demander qu’un régime alimentaire spécifique soit appliqué. “La procédure actuelle est lourde et contraignante”, explique Yves Cotton. “Il faut par exemple rentrer une feuille d’absence pour le mois suivant, avant la fin du mois, pour prévenir d’absences prévues. Mais que faire en cas d’imprévu, d’enfant malade? La facturation, elle, se fait sur base des documents rentrés…
La crèche, par ailleurs, ne fournit un rapport sur les activités de l’enfant dans la journée que pour les tout-petits. Dès qu’ils prennent de l’âge et deviennent plus actifs, la charge du suivi est trop importante pour que les puéricultrices puissent encore consigner, sur papier, chaque fait: temps de sieste, repas bien ou mal pris, etc…”
L’idée est donc de concevoir une application conviviale, à l’interface graphique simplifiée, qui permette aux puéricultrice, aussi occupées soient-elles, d’encoder rapidement les informations au fil de l’eau. Et aux parents d’obtenir un suivi circonstancié de tout ce qui touche à leur progéniture.
Les 7 projets, par ordre alphabétique
Carte interactive: application mobile permettant aux visiteurs d’un parc d’attraction ou zoologique de trouver leur chemin dans le parc ou de rechercher une attraction
Hike Tracker (Internet des objets): localisation des photos prises durant une randonnée et permettant de reconstituer un parcours sur base des photos
Mordatality: interface permettant à tout citoyen de visualiser les données disponibles data.gov.be
Nurse Report: site Internet pour une meilleure communication entre les crèches et les parents et pour un meilleur suivi des enfants
Portail captif (Internet des objets, RFID): portail Web visant une gestion centralisée des objets connectés à domicile
Waterstock: gestion et suivi en temps réel des consommations des fontaines à eau
Wikiteach: solution d’e-learning pour les écoles, en mode “classe inversée” [ Retour au texte ]
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