L’histoire est pour le moins inhabituelle. En 2013, un Belge – Guillaume de Dorlodot – lançait le Startup Basecamp, une initiative d’hébergement pour expats belges (et étrangers) dans la Silicon Valley. Histoire de procurer, à tous les (néo-)entrepreneurs qui rêvent de se faire un nom, une place, une carrière outre-Atlantique, un hébergement temporaire adapté, avec un éventail de services d’accompagnement- mise en relations avec des entrepreneurs, investisseurs, “influenceurs”, starters, aide dans les procédures d’émigration… Ce profil pousse d’ailleurs le Basecamp à se définir comme un “facilitateur pour entrepreneurs nomades” — ou bourlingueurs professionnels.
Aujourd’hui, après avoir ouvert deux “résidences” du côté de San Francisco (proposant un total de 14 chambres) et en attendant de pouvoir doper le processus dans le Golden State, ce même “petit Belge” expatrié ambitionne désormais de franchiser l’idée et le concept et de faire naître une chaîne de Startup Basecamps à travers le monde. Pour tous les expats et entrepreneurs globe-trotters, d’où qu’ils viennent et où qu’ils rêvent de semer leurs idées.
L’Asie est inscrite sur le radar. De même que d’autres destinations très demandées, telles que New York, Londres, Paris ou – qui sait? – Berlin. Mais c’est à Montréal et à… Bruxelles que les deux premiers Startup Basecamps extra-US ont vu le jour.
Celui de Montréal, lancé par d’anciens résidents du Basecamp californien originel, a ouvert ses portes au début juillet. Celui de Bruxelles accueillera ses premiers hôtes dès le 17 août, avec une ouverture réellement effective et opérationnelle au début septembre.
Les premiers “coloc” qui étrenneront la structure seront des participants de la nouvelle session du Wagon (programme de formation active à la programmation pour entrepreneurs). C’est en effet sur base d’une sollicitation d’Anne Collet, co-animatrice du Wagon, que Bruxelles brûle ainsi la politesse à des “cibles” plus prioritaires qu’avait imaginées Guillaume de Dorlodot (Paris, surtout, où l’initiative devrait se concrétiser d’ici quelques mois).
Ces nouveaux Basecamps ne seront pas des structures éparpillées. L’idée est en effet d’en faire un véritable réseau favorisant les interactions et échanges. Une plate-forme est en cours de développement qui permettra de les interconnecter, notamment via l’organisation d’événements virtuels, en streaming. De quoi permettre à des experts, mentors ou orateurs invités de s’adresser à tous les hôtes, où qu’ils soient, mais aussi aux hébergés de dialoguer, d’organiser des séances de pitching libérées de toute contrainte géographique.
Un hébergement encadré
Dorian de Broqueville: ““Les occupants auront le statut de membres d’une communauté, dans un esprit d’échanges.”
Le Startup Basecamp, c’est – littéralement – un “camp de base”, un “pied-à-terre” où des porteurs de projets ou entrepreneurs peuvent poser leurs valises l’espace de quelques mois (ou quelques jours), bénéficier d’un environnement propice aux échanges avec la communauté des starters, développeurs, entrepreneurs invétérés, ainsi que de services de mises en relation et d’animation… Sans devoir se coltiner les soucis de recherche d’un aménagement, de dépôt de garanties…
“Nous nous positionnons entre l’hôtel et le kot”, explique Dorian de Broqueville, le relais local du Basecamp (voir son portrait-minute en fin d’article – partie réservée à nos abonnés Select et Premium),
Si la sélection des profils des candidats ne sera pas trop stricte au départ (“le temps de nous faire connaître”), elle sera toutefois d’application afin de voir se constituer une communauté de jeunes professionnels high tech aux profils cohérents, complémentaires et/ou compatibles. Des personnes prêtes à jouer le jeu de l’échange, de l’émulation, du feedback.
“Les occupants ne seront pas de simples hôtes mais auront en fait le statut de membres d’une communauté. Postuler exige d’en passer par un petit questionnaire mis en ligne sur le système d’adhésion. Le postulant doit motiver sa demande en expliquant par exemple le projet qu’il porte ou désire lancer. Cela nous permet déjà de vérifier s’il correspond à l’esprit du Basecamp. Dans le cas contraire, nous le réorientons vers d’autres structures d’accueil plus traditionnelles…”
Basecamp Bruxelles
L’adresse? 17, boulevard Barthélémy, dans le quartier Dansaert à proximité du canal.
Nombre de chambres disponibles: 10 individuelles.
Espaces communs: espace de travail (20 places), auditoire pour l’organisation d’événements.
Services proposés: équipements professionnels (espace bureau, imprimante, WiFi haut débit), organisation d’événements, de rencontres (MeetUp…), réductions pour participation à des événements organisés par des partenaires (le premier étant Co.Station), espace cuisine, service de courrier, de nettoyage et blanchisserie.
La gestion et l’animation, celles de la maison mais aussi de la communauté, devraient en principe être assurés par un étudiant “intéressé par l’entrepreneuriat, qui puisse y consacrer une ou deux heures par jour et qui bénéficierait, en retour, d’un logement à l’année.” Les événements organisés par le Basecamp, eux, seront pris en charge par Dorian de Broqueville.
Si l’initiative prend de l’ampleur, il faudra chercher une nouvelle structure d’accueil, idéalement du côté du secteur de l’immobilier professionnel (et non plus particulier) afin de garantir une stabilité (et éventuelle extensibilité).
Le tarif (dégressif selon le nombre de jours d’occupation- 36 euros par jour pour une semaine, 21 euros à partir de 2 mois) est légèrement plus élevé que celui d’un kot bruxellois traditionnel “mais il couvre tous les services, toutes les charges, avec l’avantage d’un espace meublé, de services communautaires, d’animations professionnelles. Sans garantie locative à la clé.”
A Bruxelles, les premiers occupants, dès la mi-août, seront donc des participants du Wagon. Dorian de Broqueville espère qu’ils seront ensuite rejoints par d’autres hôtes temporaires tels que des professionnels étrangers effectuant des stages en entreprise (high tech), des expatriés travaillant pour la Commission européenne ou encore des étudiants étrangers qui s’inscriraient à l’Advanced Master en Innovation lancé par Solvay Entrepreneur (des contacts en ce sens ont été initiés avec l’ULB)…
Un phénomène en extension
Le principe du pied-à-terre ou port d’attache pour professionnel porteur de projet semble devoir connaître un regain d’intérêt – et d’investissement – ces derniers temps. Ce qui fait dire aux responsables du Startup Basecamp que le temps est idéal pour étendre leur propre formule à travers le monde et pour rechercher les financements qui le permettront. “L’idée d’une levée de fonds est étudiée”, conforme Dorian de Broqueville. “Cela nous permettrait de bâtir de réseau, en ce compris en Asie où l’on compte de nombreux gros accélérateurs, intéressés à jeter des ponts vers San Francisco et la Silicon Valley.”
Dans la suite de cet article, réservée à nos abonnés Select et Premium, plus de détails sur les intentions d’expansion de Startup Basecamp et le contexte qui semble être favorable au concept de colocation encadrée pour starters high-tech.
Startup Basecamp San Francisco: un endroit où se poser l’espace de quelques mois pour réussir son ancrage en Californie.
Un projet plus ambitieux de nouvelle résidence comptant 25 ou 30 chambres est aussi dans les cartons à San Francisco même. “Pour cela, nous devrons trouver des partenaires immobiliers pour ne plus devoir en passer par des particuliers qui nous louent un immeuble et pour garantir davantage de stabilité à l’initiative.”
En Californie, dans la Silicon Valley, diverses initiatives avaient déjà vu le jour à destination des starters IT. Nous avions abordé le sujet dans un précédent article à relire ici.
Startup Basecamp espère donc pouvoir profiter de l’engouement d’investisseurs pour des initiatives de colocation à destination de jeunes pros désireux de se consacrer à plein temps à leur idée et projet – “worry about launch … not lunch!”, comme le dit le slogan du Startup Basecamp.
Dorian de Broqueville signale quelques initiatives ou réalisations récentes. Telles la start-up américaine Common qui a récemment levé plus de 7 millions de dollars pour lancer des immeubles-résidence. Elle a notamment été créée par Brad Hargreaves qui avait précédemment été à l’origine de la société General Assembly, organisme de formation qui propose des formations pratiques dans une série de domaines (initiation à la programmation, aux développements Internet, à la conception UX (user experience), bases de l’entrepreneuriat, analytique, marketing digital…).
Autres initiatives de coloc business? Des auberges pour hackers ou encore la société WeWork/WeLive qui loue des espaces à des start-ups. Comme à San Francisco dans le quartier high tech Mid Market – Mission Street pour ceux qui connaissent – où on côtoie les Uber, Twitter et autres Pinterest. Elle y propose des micro-appartements combinant espace privé et espace bureaux, dans un esprit de coworking, avec des services aussi variés que de l’accompagnement aux starters ou la publication d’un magazine communautaire dédié à la création. “Un quasi-incubateur”. Le concept s’exporte à travers les Etats-Unis, jusqu’à la côte Est.
Dorian de Broqueville est un exemple-type de cette nouvelle génération qui a la bougeotte, qui se pose ci et là, accumule les expériences, joue la carte de l’échange entre pairs.
Détenteur d’un master en entrepreneuriat social décroché à la Hult International Business School de San Francisco, il est rentré au pays, voici 3 mois, après avoir travaillé à Haïti pour le fonds d’“impact investing” (octroi de crédits à des PME à vision sociale) créé par Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix.
Contacté par Guillaume de Dorlodot pour gérer le lancement du Startup Basecamp à Bruxelles, il a saisi cette occasion, y voyant une opportunité de rester fidèle à ses motivations et ambitions de “business social”. “Par son esprit d’échange et de communauté, le Startup Basecamp est assez proche de la philosophie qui est de remettre l’homme au centre du jeu. En ce qui me concerne, c’est un projet entrepreneurial, l’occasion de tisser un réseau qui me permettra peut-être, par la suite, d’initier quelques projets sur lesquels j’aimerais travailler, dans le contexte ou des thèmes tels que l’intergénérationnel ou la récidive…”
Si le Basecamp prend de l’ampleur, avec entrée en jeu d’un partenaire immobilier qui décuplerait l’espace d’accueil, il se voit y consacrer plus de temps. Sinon, il imagine poursuivre un temps comme indépendant, en proposant des services en entrepreneuriat à mi-temps. [ Retour au texte ]
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