KeyProcess: le virtuel pour tester les compétences

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Par · 02/07/2015

Dans le secteur de l’industrie alimentaire, l’e-learning, ou en tout cas le “blended learning”, vient d’être choisi comme élément de modernisation des processus et activités de 3 acteurs de la formation. A savoir: les Centres de Compétences FormAlim et Technifutur et du Forem Formation.

Le projet “KeyProcess” vise à vérifier, évaluer et faire évoluer les compétences des travailleurs de ce secteur à la fois en termes purement techniques et dans le domaine des ‘soft skills’ afin de garantir leur adéquation face à un environnement de production en forte évolution (automatisation croissante, processus interconnectés, croissance du flux continu, contrôle et pilotage à distance).

Deux registres de compétences sont en fait visés: la conduite à distance de lignes de production automatisées et leur maintenance. “Les formations concernent aussi bien les conducteurs de ligne, qui doivent s’approprier des connaissances relativement génériques, et les techniciens de maintenance, qui doivent acquérir des compétences plus approfondies”, déclare Pascal Cools, conseiller formation à l’IFP (Initiatives de Formation Professionnelle, centre de formation de l’industrie alimentaire).

Le projet KeyProcess s’étendra sur 4 ans et vise à “développer les compétences de plus de 700 travailleurs en Wallonie”. Objectif apparemment modeste mais qui doit servir, en fait, de démonstrateur et qui semble être aisément atteignable puisque quelque 300 personnes ont déjà été formées en 2014. Du moins, dans les axes ne s’appuyant pas sur le recours aux outils numériques qui viennent d’entrer en action cette année.

KeyProcess vient compléter un éventail d’outils de formation qui visent quatre axes de compétences distincts. A savoir: les compétences techniques, les compétences de supervision (contrôle à distance et maintenance), les connaissances produits et les compétences “soft” de base (esprit logique, gestion du stress, attitude assertive…).

Il vise spécifiquement le développement de compétences en termes de raisonnement logique et de communications, de conduite et supervision de lignes automatisées, de pose de diagnostic et de résolution de pannes à distance,de  connaissance des procédures de transformation des produits et de la sécurité alimentaire.

Outils mis en oeuvre?

Les traditionnelles formations via manuels et mises en situation sur lignes de production seront désormais complétées notamment par le logiciel d’e-learning Media-Eval, qui permet de piloter une usine virtuelle. Cette plate-forme de formation à distance d’origine française a été enrichi d’un nouveau module orienté industrie alimentaire (processus d’embouteillage et d’ensachage alimentaire), ajouté à la demande du Pôle de compétences WalAgrim en partenariat avec Technifutur (Liège).

Media-Eval à trois objectifs majeurs: l’évaluation des compétences (via QCM), leur transfert (acquisition), via immersion dans un environnement de travail simulé dont les paramètres peuvent être modifiés à la volée, et la validation des compétences.

Le module d’apprentissage développé par Technifutur permet aux apprenants d’améliorer ou d’acquérir des connaissances dans des domaines tels que les moteurs, les régulations, les variateurs de vitesse…

L’environnement simulé inclut aussi bien les lignes de production et processus qu’un espace virtuel reproduisant une salle de contrôle (pilotage à distance des lignes), des ateliers simulés (diagnostic et paramétrage d’éléments), un magasin (où sont figurés tous les composants et pièces intervenant sur la ligne de production). S’y ajoute encore une salle de formation virtuelle, sorte de répertoire de documents (textes et illustrations).

Selon son rôle et ses qualifications, chaque apprenant sera amené à remplir diverses missions, plus ou moins complexes, guidé et évalué au gré d’un parcours “afin de vérifier s’il maîtrise bien toutes les compétences requises.”

Outre les formations proprement dites, “Media-Eval sert aussi pour l’évaluation à distance des compétences”, ajoute Pascal Cools. C’est d’ailleurs là son mode majeur d’utilisation jusqu’ici (l’outil a été officiellement lancé en avril). “Les entreprises peuvent ainsi déterminer dans quelle mesure et pour quelles compétences leurs travailleurs ont besoin de formation. Media-Eval sert donc à “positionner” les compétences en vue de définir un plan de formation idéal. Cela permet d’identifier la bonne formation pour chaque personne – en entreprise, en centre de formation… La formation proprement dite, elle, ne sera jamais totalement virtuelle. Le scénario restera celui du “blended” – en partie via simulations et virtuel, en partie via formation sur ligne physique.”

Distance relative

La formation à distance a été jugée utile – et nécessaire – pour diverses raisons. Notamment pour mutualiser les ressources et permettre à des centres de formation installés en divers points de la Wallonie (FormAlim à Verviers, le centre du Forem à Mouscron) d’exploiter les mêmes réserves d’outils.

Pour l’instant, le concept de formation “à distance” est encore tout relatif. Quatre lignes-pilotes automatisées ont été mises en oeuvre (nettoyage industriel, pasteurisation, atomisation ultra-filtration) dans les locaux verviétois de FormAlim. Elles peuvent être pilotées au départ d’une salle de contrôle installée… à 50 mètres.

Mais à terme (d’ici un an?), la “distance” prendra réellement toute sa signification permettant à des sociétés d’accéder aux modules de formation au départ de leur propre site. “Différents dispositifs doivent encore être mis en oeuvre. Il nous faut encore, auparavant, définir des scénarios, avec spécification des compétences et des objectifs”, explique Pascal Cools.

Avantages recherchés? “Pouvoir simuler, prévoir les comportements de la ligne de production en injectant divers problèmes et scénarios, et réduire les temps de formation. Actuellement, pour se former au pilotage d’une installation complexe, il faut compter environ deux ans. Grâce à l’apprentissage en pilotage à distance, gagner ne serait-ce que quelques mois serait important pour les entreprises. Surtout si l’on considère que cela leur permettrait de libérer plus tôt la deuxième personne, chargée de la supervision de la formation…”

La formation à distance, par contre, est déjà au rendez-vous pour ce qui concerne Media-Eval. L’“usine virtuelle” simulée par le logiciel est accessible via code d’accès.