A l’occasion du Smart City Summit (début juin 2015), Hervé Feuillien, directeur du CIRB, a tenu a faire passer un message d’urgence. Urgence de la nécessité qu’il y a de prendre conscience des enjeux que représente la transition numérique pour la Région de Bruxelles-Capitale – ou toute autre région d’ailleurs.
Fil rouge de ce message? La transition numérique est une problématique globale – ou, en tout cas, transversale.
“L’une des grandes problématiques que pose la transition numérique est d’être en capacité de la traiter de manière globale. On commet souvent l’erreur de ne pas la traiter dans sa globalité, sous l’angle d’un réel changement de paradigme. On est passé de l’automatisation, de l’augmentation de la productivité au travail, à la dématérialisation, avec la diminution des coûts de production, de transactions… Désormais, le modèle est celui de la désintermédiation. C’est l’une des choses qui a été mise en exergue lors du Smart City Summit. Les intermédiaires classiques perdent du terrain tandis que les utilisateurs, les citoyens deviennent acteurs de la transition [Ndlr: sans oublier, ajouterions-nous, l’apparition de nouveaux types d’intermédiaires, plus “light” et “disrupteurs” de règles].
Autre aspect de ce nouveau modèle: l’utilisation de nouvelles ressources: les open data, les réseaux sociaux… Il y a là une lame de fond qui modifie en profondeur l’économie, notre mode de vie, le mode de fonctionnement des institutions publiques, qui a un impact transversal sur les services, les pouvoirs publics, l’industrie…”
Maintenant ou jamais
“Un message important que je m’efforce de faire passer pour conscientiser l’ensemble des acteurs économiques, politiques et administratifs de la Région est que la transformation numérique est en cours, qu’on le veuille ou non. Elle se fait et elle se fera. Elle comporte plus d’opportunités que de risques. Nier la transformation numérique, c’est se tirer une balle dans le pied. En particulier pour une ville, une Région telle la nôtre, qui se caractérise par des services essentiellement administratifs.
Si la Région de Bruxelles-Capitale ne prend pas en compte le faisceau de transformations structurelles aujourd’hui à l’oeuvre, elle risque de passer à côté de l’essentiel. Il suffit de regarder dans le monde pour comprendre que les pays à forte croissance ou les grandes métropoles internationales en développement sont ceux et celles qui ont pu saisir les opportunités de la transformation numérique, et elles ont une croissance nettement supérieure à la moyenne. Tous les analystes montrent que si nous étions capables de nous aligner sur les performances des pays les plus avancés en matière de numérique, nous connaîtrions une croissance et un développement appréciable.
Avec la transition numérique qui est en cours dans le monde, ce sont les services qui seront les plus touchés, dans les 10 prochaines années, par cette révolution. Ne pas le comprendre serait catastrophique. On n’a plus le temps. Nous devons nous adapter et revoir notre modèle. Voyez le bouleversement qui touche le secteur bancaire, celui des agences de voyages qui sont quasiment en train de disparaître au profit de services exercés sur le Web… Il faut piloter cette transformation en adaptant les structures. Cela a des conséquences au niveau fiscal. Les services qui sont rendus ne sont pas fiscalisés en Belgique. Il y a une perte de substance fiscale qui va toucher directement les Régions. Cela aura aussi une conséquence pour le financement des autres politiques.”
Hervé Feuillien (CIRB): “Le monde politique doit s’emparer du numérique et doit agir en fonction du paysage qu’il structure. Bruxelles doit avoir l’ambition d’infléchir le cours des choses, la transformation numérique présente pour notre région plus d’opportunités que de risques.” (passage du discours prononcé à l’occasion du Brussels Smart City Summit)
Le rôle du CIRB dans ce contexte? Veille, conseil, alerte? “C’est là, en effet, notre compétence. La Convention fut un moment important où tous les acteurs ont entendu, partagé, développé ces thèmes, les solutions à y apporter. La Secrétaire d’Etat [Ndlr: Bianca Debaets, en charge, à bruxelles, de l’informatique et de la transition numérique] a souhaité que nous poursuivions. Nous allons dès lors organiser, de septembre à novembre, cinq petits déjeuners, en collaboration avec Agoria, pour rassembler les milieux socio-économiques bruxellois sur un thème pendant deux heures. Suivra, en novembre, un événement ouvert au public et à la société civile pour débattre des solutions. Enfin, sur base des conclusions retirées de ces divers événements, nous retournerons vers Bianca Debaets pour lui faire une série de propositions qu’elle présentera au gouvernement.”
Afficher les progrès
Les diverses mesures prises et projets engagés auront droit, d’une part, à une vitrine et, de l’autre, à un chef d’orchestre.
C’est ainsi qu’un site Internet, baptisé SmartCity, a vu le jour. Il répertorie les projets “smart” lancés dans divers domaines (mobilité, sécurité, administration, vie économique…): depuis le nombre de places publiques équipées en WiFi jusqu’aux solutions d’administration dématérialisée en passant par l’évolution du score de jeux open data disponibles et exploitables ou encore le nombre de tableaux blancs interactifs installés dans les écoles.
Le site se veut en outre un outil participatif puisqu’il permettra aux citoyens et aux entreprises non seulement de donner leur avis par le biais de sondages lancés à propos de divers projets mais aussi de soumettre un projet ou une idée. Une fois déposé(e), l’auteur a la possibilité de voir quel accueil ses concitoyens et autres internautes l’accueillent.
Par ailleurs, autre décision prise récemment par le gouvernement bruxellois: un “manager Smart City” sera bientôt désigné. Son rôle? “Encadrer les projets numériques, en concertation avec les autres niveaux de compétence ainsi qu’avec les entreprises et les citoyens, jouer un rôle de catalyseur dans le développement numérique de la Région bruxelloise.” Priorités d’action: “création d’emplois dans l’économie numérique, de solutions durables pour la gestion des ressources et réduction de la fracture numérique.” Lire ou relire à ce propos l’article récemment publié.
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