En quelques mois, l’appli mobile MoodMe s’est quelque peu “réinventée”. Pour rappel, MoodMe vous propose d’agrémenter vos messages d’émoticones d’un genre nouveau (des avatars 3D puisés dans une galerie de portraits de personnes plus ou moins célèbres). Elle avait notamment fait le buzz (avec un petit retard désagréable) lors de la récente coupe du monde de football, permettant aux fondus de foot de s’échanger des messages en coiffant visages et accessoires de circonstance – revoir pour le fun deux ‘fans’ involontaires, aux visages “moodés” à l’insu de leur plein gré.
Ces derniers mois, la start-up a remis l’interface et le contenu sur le métier, travaillant tant la forme que le fond.
Côté fond, l’outil de développement Adobe Air au placard. Certes, cela permettait de développer à destination de plusieurs environnements (iOS, Android, équipements multiples) mais, constate aujourd’hui Chandra de Keyser, à l’origine de MoodMe, “cela se faisait au détriment de la performance et ne nous permettait pas de mettre en oeuvre les fonctionnalités dernier cri que proposent les univers iOS et Android”. Il a donc basculé vers du développement natif pour iOS (Android viendra dans un deuxième temps).
Au passage, signalons que, même s’il est un fervent défenseur d’Android (notamment en raison de la base installée que cela peut lui ouvrir), il a écouté le marché et décidé de miser d’abord sur iOS pour diverses raisons: “image de référence sur le marché, environnement plus simple, moins de configurations multi-équipements à prévoir… Dès l’instant où nous enregistrerons de bons indicateurs d’adoption pour la nouvelle version, nous lancerons le développement sous Android.”
Le principe?
Sélectionner, dans une galerie trombinoscope, le visage – en 3D – que l’on désire utiliser et “morpher” pour envoyer un message à ses amis et/ou sur ses réseaux sociaux. Y associer une émotion. Enregistrer le message. Générer une vidéo où voix et visage “émotionné” sont synchronisés. Partager sur les réseaux sociaux (Facebook, Whatsapp, Instagram) ou enregistrer dans la propre galerie MoodMe afin de la partager et mettre à disposition des autres utilisateurs de l’appli.
Envie de pasticher Marilyn Monroe pour un message d’anniversaire décalé?
De surfer sur le FIFA-bashing actuel et de prendre Sepp Blatter comme tête de turc?
De faire dire tout et n’importe quoi à Mark Zuckerberg? Soit dit en passant: nous offrons un abonnement gratuit au premier d’entre vous qui devine à qui appartient la voix derrière cette vidéo (“initiés” s’abstenir).
Des émoticones réellement dynamiques
Le principe de base des émoticones à visage humain de MoodMe n’a pas varié. Par contre, elles ont gagné en fluidité (grâce au changement de plate-forme de développement), sont devenues dynamiques (brèves vidéo de quelques secondes) et ont hérité de la voix.
La galerie de personnages dans laquelle le mobinaute peut puiser l’avatar qu’il veut utiliser pour ses messages (en en changeant s’il le désire) et auquel il veut faire dire un message amusant ou décalé, cette galerie s’enrichit chaque jour… et varie en fonction de l’actualité. Il y a évidemment toujours les incontournables et/ou intemporels (Barack Obama, Marilyn Monroe, personnages de bande dessinée, acteurs de Star Trek…), mais la galerie de joueurs de foot, par exemple, se plie aux circonstances. L’échantillon disponible, la semaine dernière, a par exemple fait la part belle aux joueurs du Barça et de la Juve.
Chandra de Keyser (MoodMe): “Les choix technologiques antérieurs grevaient les performances et “nous privaient dès lors de l’argument du modèle vivant” (star du foot, célébrité, homme/femme politique…).
Cette semaine, on pourra sans doute y trouver plus de Belges et de Gallois. A la reprise du championnat, des Anderlechtois, Gantois, Brugeois ou autres Liégeois auront sans doute droit de cité. De même que des joueurs de championnats étrangers, notamment ceux de la Lazio de Rome, un club avec qui MoodMe a développé des atomes (commerciaux) crochus depuis de nombreux mois.
Autre nouveauté, côté galerie d’avatars: des têtes d’animaux (chimpanzés, chats…), grâce à une évolution de l’algorithme qui est maintenant capable de reconnaître, morpher et… singer autre chose que des faciès humains.
Dès la prochaine version de l’appli, promet Chandra de Keyser, l’utilisateur pourra ajouter de nouveaux visages à la galerie – le sien ou celui d’ams, par exemple.
Autre nouveauté: un élargissement des canaux de partage qui incluent désormais Facebook, Whatsapp et Instagram.
En quête d’argent frais
Née au Grand-Duché, MoodMe a établi son QG recherche en Belgique (Nivelles) – l’ancrage wallon avait été exigé à l’époque où se négociait l’octroi d’un prêt convertible de la Région wallonne (via Wallimage Enterprises) au début 2014. Prêt auquel MoodMe dit finalement avoir renoncé en raison des exigences posées (en contrepartie, il était question d’un minorité de blocage, explique Chandra de Keyser).
Depuis, la société a convaincu quelques investisseurs privés – dont deux business angels locaux. Une étape intermédiaire sur laquelle elle espère bien s’appuyer pour se lancer dans une levée de fonds nettement plus ambitieuse (se chiffrant en millions d’euros) qui pourrait voir intervenir des fonds institutionnels mais aussi des fonds privés (européens et/ou américains).
Objectif: d’une part, imposer MoodMe comme une appli fun qui puise dans le réservoir de célébrités et de sportifs pour devenir un pasticheur d’émotions pour échanges sociaux, et, de l’autre, transformer la solution en instrument marketing d’un genre tout à fait nouveau. Les pistes sont nombreuses: positionnement de marques, transformation virtuelle de personnes connues en ambassadeurs ou “messagers émotionnels”, plate-forme publicitaire “sensible aux émotions des utilisateurs”…
Pour l’heure, le modèle économique de la start-up est encore au stade de l’élaboration et des contrats alimentaires. Ainsi, MoodMe vit de missions de consultance et vend des éléments de sa technologie, sous forme de licences, à des agences marketing qui les intègrent dans leur propre solution. S’y ajoutent des services de consultance. A terme, l’espoir est de pouvoir monétiser les avatars, en mode “pay per use”, abonnement à la plate-forme, placement de produits…
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