Fin de semaine dernière, le réseau de business angels francophones BeAngels fêtait officiellement ses 15 ans d’existence. Né sous le nom de Business Angels Connect, le réseau est devenu BeAngels, en 2007, via une fusion avec le réseau “concurrent” BAMS. Objectif déclaré à l’époque: “atteindre une taille critique”. Chaque réseau comptait alors une quarantaine de membres. Aujourd’hui, BeAngels en annonce 170. Voir encadré ci-dessous.
Ce souci, de même que la recherche de pérennité, demeure d’actualité. C’est notamment pour cette raison que deux nouveaux partenaires — venus du secteur public — vont entrer au capital de BeAngels (l’opération est en cours de finalisation). Il s’agit en l’occurrence de la SRIB (société régionale bruxelloise d’investissement) et de l’invest wallonne Sambrinvest.
BeAngels en quelques chiffres
170 membres
investissement dans “plus de 190 start-ups”
apport global de “plus de 30 millions d’euros”
effectué lors de quelque 240 levées de fonds
Leur arrivée dans le capital se fait via reprise de parts d’anciens actionnaires. Chacun prend 10% du capital.
Les raisons de cette arrivée? BeAngels dit vouloir ainsi “compléter les tours de financement en utilisant un levier public/privé, et étendre le réseau au bénéfice des investisseurs et des porteurs de projet”. Dixit Claire Munck, CEO de BeAngels.
Côté nouveaux venus, la SRIB explique sa décision par “la nécessité de se donner un accès à un réseau qui peut apporter plus de savoir-faire aux sociétés que nous aidons. Les expériences des quelque 170 membres de BeAngels seront utiles.”
Même écho chez Sambrinvest: “notre entrée au capital de BeAngels nous donne droit à un siège au conseil d’administration et va nous permettre de nouer des liens, d’apprendre à travailler ensemble, de manière structurée, sur des dossiers où privé et public investissent conjointement”, indique Anne Prignon, directrice de Sambrinvest. “Ce sera l’occasion tant pour nous que pour BeAngels de mieux connaître nos approches respectives des dossiers. Elles sont assez similaires mais avec des spécificités, de part et d’autre. Une invest place son investissement dans une perspective à plus long terme – jusqu’à 10 ans au lieu de 3 à 5 pour un business angel. Nous privilégions donc peut-être une vision plus approfondie sur le potentiel de développement d’une start-up.
Par ailleurs, nous apportons aux membres de BeAngels et aux porteurs de projet un certain nombre de connaissances plus spécifiques, par exemple sur les aides régionales disponibles, tandis que nous bénéficierons de connaissances plus pointues des business angels sur certains points, tels que les aspects commerciaux ou les produits…”
A noter que ce n’est pas la première fois que Sambrinvest s’allie ainsi à un organe d’investissement privé. L’invest avait déjà pris une participation dans le fonds d’investissement privé Internet Attitude (aux côtés de NivelInvest) “afin de développer nos connaissances dans le domaine des start-ups Web”. Sambrinvest est également partenaire du fonds d’investissement Theodorus (ULB) depuis 2007 et a pris une participation dans l’Innovation Fund d’Essenscia (secteur de la chimie et des sciences du vivant) en 2014.
Nouvelles activités
Ces derniers mois, le réseau BeAngels a quelque peu rafraîchi son mode de fonctionnement ou sa structuration. Nous avions déjà eu l’occasion de vous parler de la création d’un “cluster IT/Digital”, destiné à renforcer l’analyse de dossiers à caractère informatique ou numérique. Relire notre article ainsi que l’interview que nous avait accordée à ce sujet, celui qui a été engagé pour le piloter, à savoir Jean-Pol Boone.
D’autres “clusters” thématiques ont été créés à la même époque, se concentrant sur le secteur de la santé et celui de la mode.
Le réseau a par ailleurs ouvert les portes aux grandes entreprises, via un “corporate membership”? “Nous avons lancé cette initiative en début d’année 2015”, explique Claire Munck. “Son objectif est de rapprocher le monde des grandes entreprises de celui des start-ups, et de faciliter la liquidité des investissements de nos membres, sachant que les M&A sont la principale voie de sortie pour leurs investissements à l’heure actuelle.”
Claire Munck: “Un corporate membership pour faciliter la liquidité des investissements de nos membres.” Lisez: les “exists”.
De quel genre de “corporate member” parle-t-on? BeAngel est ouvert à “tout type, tous secteurs confondus.” Il suffit que la société soit “intéressée par une démarche de contact privilégié avec des entreprises en phase scale-up.”
Mais les nouveautés ne s’arrêtent pas là. Une “académie” a vu le jour. Mission: procurer des formations, essentiellement aux porteurs de projet mais sans exclure les business angels eux-mêmes. Parmi les thématiques traitées: la formation au capital-risque, comment ouvrir son capital aux business angels, comment protéger son rôle de fondateur dans un pacte d’actionnaire, comment concilier propriété intellectuelle et patrimoine de l’entreprise, quelle rémunération prévoir pour les dirigeants de start-up, business models…
Les formations sont données par des partenaires ou membres du réseau. Parmi eux, EY, Innovity, Pecher De Groote, CMS de Backer, Hoet&Hoet…
Par ailleurs, la manière dont les business angels investissent dans des projets peut s’effectuer, depuis quelques mois, selon une modalité nouvelle. Précédemment, un business angel pouvait investir en direct, à titre personnel, ou en groupe (dans ce dernier cas, avec intervention dans 3 dossiers).
Autre nouveauté récente: la création d’une société d’investissement de business angel (SIBA), au début du mois de mai. “Ce faisant, nous nous sommes alignés sur une bonne pratique européenne et mondiale”, déclare Claire Munck. “Il s’agit du regroupement d’investisseurs qui ont un profil plutôt passif [Ndlr: ils viennent alors “s’adonner” aux investisseurs principaux d’un dossier] et/ou qui désirent diversifier leur portefeuille. La SIBA s’appuie sur les compétences et les expertises du réseau BeAngels. Elle n’est activée que si des membres du réseau ont l’intention d’investir dans un dossier, s’il y a au moins une personne apportant une valeur ajoutée certaine au dossier qui sera présente sur le conseil d’administration et si le projet peut bénéficier de financements supplémentaires.”
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