Visite de prestige ce mardi chez Odoo, éditeur belge de solutions de gestion open source (ERP CRM, e-commerce, sites internet, e-marketing.)… D’un seul coup d’un seul, cette “pépite” belge de l’open source a en effet reçu la visite de Jyrki Tapani Katainen, commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires, responsable à ce titre du Plan d’investissement pour l’Europe, de Marianne Thyssen, commissaire européenne à l’emploi, aux affaires sociales, aux compétences et à la mobilité des travailleurs, et du Ministre-Président wallon, Paul Magnette.
Les deux commissaires européens étaient venu chez Odoo, avant de se rendre – équilibre linguistique oblige – chez Materialize, pour saluer une société qui – pour reprendre les termes de Jyrki Katainen— donne un exemple stimulant de ce qu’est l’esprit d’entreprendre, combiné à de la prise de risques et à de la créativité”. Très encourageant, ajoutait-il, pour le dynamisme de l’économie européenne (et locale) et pour la création d’emplois.
Il est vrai qu’Odoo est à la fois atypique et réunit quelques-uns des paramètres du succès: croissance rapide, effectifs en augmentation régulière (hormis un trou d’air voici deux ans), extension internationale, stratégie qui s’adapte rapidement pour contourner les obstacles, levée importante de capitaux… La société n’a pas par contre pas accumulé les aides publiques à l’excès. Même si on en trouve tout au long de son parcours. Voir plus bas.
Pourquoi Odoo?
C’est du côté des autorités publiques wallonnes qu’il faut trouver l’origine du choix d’Odoo comme destination pour la visite des deux commissaires européens, la Commission européenne étant à la recherche de sociétés emblématiques, en termes de succès, de croissance et d’emploi, qui soient actives dans quelques-uns des axes industriels prometteurs et potentiellement créateurs d’emplois. Et le numérique en est un.
Paul Magnette: “Odoo est un bel exemple de ces petites sociétés wallonnes à gros potentiel qui en atteignant une certaine masse critique peuvent devenir structurantes pour le tissu économique local.”
Marianne Thyssen expliquait comme suit le choix d’Odoo: “C’est une société qui est en première ligne en matière d’innovation. Or, l’Europe a besoin d’innovation et de compétitivité pour créer de l’emploi. Odoo fait preuve d’un bel esprit d’entreprendre. C’est un bel exemple pour les jeunes qui sortent de l’école qui ne doivent pas uniquement se demander quelle entreprise peut leur procurer un emploi mais qui doivent être prêts à s’en créer un.”
Paul Magnette, pour sa part, ajoutait l’argument de la croissance internationale rapide. L’idée comme quoi ce genre de croissance n’est pas possible en Wallonie est une idée fausse, déclarait-il en substance. Odoo en est la preuve. “Une société dynamique, venue d’un petit village, qui a su se créer des marchés partout dans le monde. C’est un espoir pour demain.”
Et à ses yeux, Odoo n’est pas une exception. “Il y a d’autres petites entreprises avec un gros potentiel. Il s’agit désormais de les faire croître, de leur faire atteindre une taille critique, un peu comme Odoo l’a fait. C’est en atteignant un effectif de 100 ou 200 personnes que ce genre de société peut devenir structurante pour le tissu économique local. Odoo est un bon exemple pour d’autres sociétés.”
Un petit tour promotionnel
Jyrki Katainen a indiqué que le Plan d’investissement pour l’Europe pourrait créer 1,3 million de nouveaux emplois au cours des trois prochaines années.
Pour les deux commissaires européens, c’était avant tout l’occasion de faire un brin de marketing autour du Plan de financement pour l’Europe (315 milliards d’euros) et de l’efficacité des investissements publics.
Jyrki Katainen avait commencé son tour d’Europe en décembre dernier, se donnant pour objectif de visiter les 28 pays de l’Union et, dans chacun d’eux, un exemple de société emblématique, d’ici octobre 2015.
Objectif: délivrer le message selon lequel “l’Europe a très peu de temps pour relancer les investissements en faveur des entreprises en manque de liquidités, des jeunes pousses et des infrastructures. […] Le but de cette tournée est d’affermir les soutiens politiques forts que nous avons déjà obtenus et d’expliquer aux secteurs public et privé le rôle qu’ils peuvent jouer.”
Argent public et privé
Pour rappel, Odoo a bénéficié, ces dernières années, de quelques beaux apports de fonds venus des deux bords – privé et public.
Côté public, elle a bénéficié d’une injection de fonds de la SRIW et de l’octroi d’une avance récupérable de la DGO6 (d’un montant de 1,4 million d’euros) dont la société a pu bénéficier entre 2011 et fin 2013.
Ces dernières années, Odoo a en fait procédé à deux levées de fonds successives. En 2010, elle récoltait 3 millions d’euros auprès de Sofinnova Partners (capital-risqueur), de Xavier Niel et d’Olivier Rosenfeld.
Quatre ans plus tard, elle levait à nouveau 10 millions de dollars (7,3 millions d’euros) apportés notamment par Sofinnova Partners, encore lui, mais aussi par la SRIW et XAnge, un fonds de capital à risque français.
Côté pouvoirs publics locaux, la société a su tirer parti de divers programmes destinés à supporter la R&D ou l’embauche. Pour ses recrutements, la société n’hésite pas à exploiter les “ficelles” mises en oeuvre par les instances publiques. C’est ainsi que le programme PFI (Plan Formation Insertion) du Forem lui a permis de réaliser une économie de 25% sur la charge salariale annuelle. Pour rappel, le principe du PFI prévoit en effet que l’ex-demandeur d’emploi continue de percevoir ses allocations sociales en phase de formation en entreprise. La société ne paie dès lors que la différence entre le salaire et les allocations…
Odoo renforce par ailleurs son équipe R&D en s’appuyant sur une dispense partielle du précompte professionnel qui s’applique à ce genre de profil (à condition qu’il soit de niveau universitaire). “Cette aide nous permet de recruter 2 personnes par an”, estime Fabien Pinckaers, fondateur et patron d’Odoo.
S’y ajoute encore l’aide obtenue auprès de la DGO6.
Ces fonds et aides ont été mis à profit, notamment, pour financer le développement des équipes. Le pool R&D est ainsi passé 20 à 44 ETP (équivalents temps plein), tandis que l’équipe vente et marketing a, quant à elle, doublé de volume, passant de 20 personnes à 40. Aujourd’hui, Odoo emploie en Belgique 116 ETP et quasiment le même nombre à l’étranger (plus de 80 en Inde où elle a établit un site de services et de R&D), aux Etats-Unis (40 à San Francisco, 10 à New-York).
Outre son QG brabançon de Grand-Rosière, la société possède en effet des bureaux à New-York, à San Francisco, à Hong Kong et en Inde, et compte bientôt y ajouter un pied à terre à Londres. [ Retour au texte ]
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