En quelques mois, la société Oscars (Oracle Spatial Consulting and Resourcing Services) dont nous vous présentions les activités en novembre dernier a réussi à franchir quelques étapes importantes pour un véritable décollage. Il reste évidemment à engranger les premiers succès commerciaux, dont dépendront d’ailleurs en partie les prochains apports de financement, mais quelques points essentiels sont chose acquise.
Les capitaux, tout d’abord. Au printemps, la société a procédé à une augmentation de capital grâce à l’apport de fonds venus, à parts égales, de Namur Invest, via sa filiale Préface spécialisée dans le financement de start-ups et de l’innovation, et d’Erik Maes, fondateur de Père Olive – rien à voir avec l’aéronautique ou l’IT mais une conviction de business angel. Sans oublier deux autres investisseurs plus modestes (dont le nom n’a pas été révélé).
Par la même occasion, Oscars s’est transformée en s.a.
Un plan de financement sur trois ans a par ailleurs été défini, avec des apports de fonds conditionnés par les résultats. Les deux principaux actionnaires procéderont chacun à un prêt de 25.000 euros supplémentaires cette année. Idem en 2016, à condition que la solution logicielle GIP (Geographical Intelligent Platform) de la société trouve preneur auprès de deux premiers aéroports. D’autres apports sont également envisageables en 2017 “en fonction des besoins”.
Oscars a par ailleurs embauché trois personnes, dont deux gradués en informatique et un CTO-chief technology officer. Un développeur IT spécialisé en GIS (systèmes d’informations géographiques) devrait les rejoindre d’ici la fin de l’année.
Le directeur technologique, lui, a pu être engagé grâce au programme CxO piloté par l’incubateur WSL (ce dernier ayant par ailleurs pris Oscars sous son aile, via son antenne WSLlux). Il s’agit en l’occurrence de Renato Primavera, un ingénieur logiciel et consultant spécialisé dans les solutions GIS et géomatiques (ces spécialités forment également le socle de sa société Quadratic, créée à Liège en 2013). “Le fait pour moi de pouvoir bénéficier d’un financement [dégressif] de la Région pour rémunérer un profil technique expérimenté est essentiel”, déclare Olivier Dubois, fondateur et patron d’Oscars. “Outre ses compétences techniques, il participe à l’élaboration du plan d’affaires et au dossier de financement. Sans parler que l’aide de la Région permet de réduire d’autant les besoins en financement à court terme…”
Convaincre les aéroports européens
Si la consultance, qui fut son métier premier, demeure une activité nécessaire (tant pour alimenter les caisses que pour “entrer” chez de futurs clients potentiels), Oscars se concentre désormais essentiellement sur le développement et la commercialisation de sa solution GIP.
Pour rappel, GIP (Geographical Intelligent Platform) est une solution de gestion logistique d’environnements complexes. Cible identifiée: les aéroports. GIP se base sur des données de géolocalisation (de tous les équipements et acteurs qui évoluent au sein d’un aéroport) pour optimiser les processus en agrégeant, en temps réel, les multiples flux de données que génèrent les multiples systèmes aéroportuaires.
Parmi ses caractéristiques différenciatrices: configuration de règles en fonction des rôles des différents équipements et véhicules, acquisition de données et de positions via divers protocoles, alertes sur événements…
Les premiers aéroports qu’Olivier Dubois espère convaincre d’installer sa solution sont – très logiquement – les aéroports régionaux de Liège et Charleroi. De premiers contacts “embryonnaires” ont eu lieu mais il s’agit désormais de passer à la vitesse supérieure.
Zaventem sera, lui aussi, approché. Tout comme les Aéroports de Paris, où Olivier Dubois a déjà effectué plusieurs missions de consultance ou de gestion de projet. Oscars a d’ailleurs répondu à un récent cahier des charges. Se voir accepté comme fournisseur pourrait lui mettre le pied à l’étrier.
Olivier Dubois espère par ailleurs que les bons contacts qu’il a, outre-Quiévrain, avec un partenaire d’Oracle (GIP est basé sur les solutions de cet éditeur – base de données, Oracle Spatial, Oracle Complex Events), lui serviront de levier.
Outre les marchés belge et français, les prochaines destinations pour un démarchage aéroportuaire pourraient être le Grand-Duché, les Pays-Bas et l’Allemagne. Pour du démarchage extra-européen, il s’agira de faire jouer les relations au sein du réseau de partenaires Oracle, voire de bénéficier d’un coup de pouce marketing de ce dernier.
L’heure est par ailleurs venue pour Olivier Dubois de réactiver les relations avec Oracle afin de signer une possible nouvelle convention. Il espère pouvoir convaincre l’éditeur américain de revoir ses conditions de licence afin de lier les tarifs GIP à l’utilisation qui en est faite sur le terrain (facturation à la rotation d’avions). “GIP permet en effet potentiellement aux aéroports d’améliorer leurs performances logistiques, d’augmenter le taux de rotations. Il s’agirait donc de lier la facturation à la performance générée.”
Condition sine qua non: un hébergement de la solution GIP dans le cloud (de type public) ou sur des clouds privés (hébergés chez des tiers de confiance ou gérés en interne par les exploitants d’aéroports). Autre condition: qu’Oracle accepte le scénario “mais ils semblent être ouverts, a priori, à ce modèle.”
Futurs développements
La solution GIP en est actuellement à sa version bêta “0.7”, “version validée en termes d’architecture, de fonctionnalités et de montée en charge.” La version 1.0 fera ses débuts d’ici la fin de l’année et visera en priorité à résoudre deux problématiques majeures des aéroports.
D’une part, l’optimisation de la logistique et des processus de déneigement des pistes et de dégivrage des avions: suivi des véhicules sur la piste (nombre de passages, surveillance et analyse des quantités de produits utilisés…), analyse des tronçons, gestion des séances de dégivrage en fonctions de règles (taille d’avion, pratiques de chaque compagnie, créneaux horaires et rotations…).
D’autre part, mais c’est une moindre priorité dans un premier temps: un module qui permettrait de gérer de manière plus riche et plus précise les informations dont dispose un aéroport pour retenir autant que possible les passagers dans la zone commerciale. “Du fait qu’il agrège les flux d’informations venant de tous les systèmes aéroportuaires, GIP peut donner une vue temps réel plus exacte des temps de décollage, retards de vols…”
Il s’agirait de combiner les informations opérationnelles analysées par GIP avec celles dont disposent les aéroports sur l’endroit où se trouvent les passagers. Du moins, certains aéroports se sont-ils engagés dans cette voie par le biais d’applis qui géolocalisent un passager dans l’espace de l’aéroport. Moyennant une indispensable dose de protection de la vie privée, il devient possible de prévenir chaque passager du déroulement temps réel de son scénario d’embarquement. De quoi l’avertir qu’il a encore le temps de faire quelques emplettes. Histoire de rentabiliser les infrastructures et services aéroportuaires…
Au rayon purement fonctionnel, la solution GIP devrait progressivement hériter de nouveaux connecteurs, afin de pouvoir effectuer un suivi efficace de tout type de véhicule, pour “se greffer” et venir enrichir les informations que génèrent divers systèmes. Il s’agit ici non seulement des systèmes de gestion et équipements utilisés par les grands aéroports mais aussi des dispositifs dont les plus petits sites aéroportuaires pourraient s’équiper. Dans ce registre, Oscars devra donc prendre langue avec des fournisseurs de capteurs, avec d’autres acteurs qui visent le marché de l’aéronautique…
Autre évolution envisagée: un module pouvant gérer les informations de suivi d’avions par satellite.
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