En 2013, Visupedia, jeune société bruxelloise créée par Thomas Dusart et Julien Daveloose, donnait naissance au format Visu, “un format qui permet de catégoriser, de décrire et d’expliquer tout type de sujets via des visuels tagués”. Un objet, un concept, un processus… tout peut être représenté en images, dont la succession ou la décomposition permet de comprendre un mécanisme, de retrouver un élément dont on ignore le nom ou la finalité exacte. Selon le principe qu’une image vaut mieux qu’un long discours.
“How to”
Le but est de permettre à tout un chacun de trouver, comprendre voire apprendre des concepts, des processus, des recettes, de se documenter, de découvrir de nouvelles choses… Par l’image, avec un minimum de mots. Cela permet aussi de visualiser l’évolution d’un concept, la progression d’un processus (explosion, éruption volcanique, raz-de-marée, invasion armée…), le changement d’apparence d’une personne dans le temps (telle celle de David Bowie dans l’illustration ci-contre).
Le principe de la navigation par analogie ou décomposition d’un objet en ses éléments constitutifs permet, argumente la société, de retrouver n’importe quel objet, même lorsque l’on en ignore le nom ou la référence, voire l’apparence. La navigation se fait en effet par images contextualisées, par “catégories d’images”, chaque image, chaque objet représenté étant tagué.
Autre détail important: chaque “visu”, chaque image, est associé à “un puissant potentiel SEO qui est scrollé par les moteurs de recherche d’image, ce qui intensifie le trafic vers les sites qui utilisent la solution”, souligne Thomas Dusart, co-fondateur de la société.
La définition du format “visu” n’était que la première étape pour Visupedia.
Aujourd’hui, la société franchit un cap supplémentaire en lançant un éditeur de Visus, dont tout utilisateur pourra s’emparer (l’éditeur est disponible via ce lien) pour créer lui-même des visuels tagués et contribuer ainsi à la concrétisation du grand objectif que s’est donné la société (et qui lui vaut son nom de baptême). A savoir, la création d’une “encyclopédie visuelle et collaborative de portée mondiale”. Une encyclopédie à laquelle tout le monde pourrait contribuer (gratuitement) en l’alimentant en “visus” tagués. A la manière de Wikipedia. Outre la possibilité de créer et d’inclure des visus dans l’encyclopédie, la communauté aura aussi l’occasion de commenter, d’adapter d’autres visus, voire d’assurer la traduction des tags et descriptifs dans d’autres langues (voir plus bas).
Les visus téléchargés seront classés automatiquement sur base de taxonomies, avec génération de liens entre ces objets visuels.
Thomas Dusart: “L’idée est de constituer une sorte de réseaux d’objets [visuels]. avec possibilité de naviguer librement d’un objet à l’autre. De commencer sa recherche par une explication ou un descriptif pour arriver à l’objet, ou inversement.”
Autrement dit, l’encyclopédie Visupedia ambitionne de représenter le monde, chacune de ses zillions de facettes, par l’image. Et pouvoir retrouver tout et n’importe quoi avec un minimum de mots.
Appel au financement participatif
Pour réussir cette étape et lancer une première version publique de la nouvelle encyclopédie, Visupedia a besoin de fonds. Elle dit avoir suscité un certain intérêt du côté de business angels, voire de fonds d’investissement, et espère bien pouvoir annoncer un apport de capitaux à court terme. Dans le même temps, Visupedia initie une campagne de crowdfunding (sur la plate-forme Indiegogo), notamment pour prouver que le public, le marché s’intéresse à la technologie et adhère à cet objectif d’encyclopédie visuelle et que le projet peut donc s’avérer payant pour quiconque est prêt à y investir.
“Nous sollicitons en parallèle diverses sources de financement: subsides publics — belges et européens, investissements privés, crowdfunding. Ce dernier n’est pas à proprement parler nécessaire pour convaincre le milieu des investisseurs professionnels. Par contre, prouver l’intérêt d’une première communauté d’utilisateurs pour notre solution, démontrer la “traction” que suscite l’encyclopédie, est nécessaire pour la prochaine étape de financement que nous envisageons et qui vise des venture capitalists américains avec lesquels des discussions ont déjà été entamées”, explique Thomas Dusart.
Thomas Dusart: “Les investisseurs [en particulier les venture capitalists] souhaitent que nous leur prouvions au préalable l’intérêt d’une première communauté d’utilisateurs pour notre solution”
Via son opération de crowdfunding, Visupedia espère réunir 50.000 euros qui serviront notamment à poursuivre les développements, à améliorer le moteur de recherche, à ajouter de nouvelles fonctionnalités (telles que le tagging d’objets 3D), à enrichir le stock de visuels et à donner le coup d’envoi à la première mouture — “Visupedia Alpha” — de la nouvelle encyclopédie.
Une goutte dans l’océan
A ce jour, Visupedia a créé quelque 12.000 visuels tagués. Dans une multitude de domaines: sports, objets du quotidien, bricolage, cuisine et préparations culinaires… Mais tous ne sont pas publics. Beaucoup ont été développés à titre d’exemples ou pour les besoins des premiers clients, “pour tester l’universalité du modèle.”
L’ensemble des visus existants seront publiés “dès que nous aurons trouvé du financement”, souligne Thomas Dusart.
“Aujourd’hui, les visus créés sont déjà utilisés dans une multitude de contextes. Pour décrire un objet, pour utilisation par des marques ou des agences, par des éditeurs ou bloggers. Nous avons par exemple rendez-vous avec Elle Belgique qui pourrait utiliser nos visuels tagués comme outil d’inspiration pour la mode ou la décoration. En e-commerce, la start-up Louis Le Sec les intègre à sa plate-forme pour expliquer et illustrer certains produits textiles. Delhaize s’y intéresse pour présenter autrement les recettes de cuisine qu’il publie. Nous sommes partis de leurs vidéos existantes, qui ont été découpées, taguées et intégrées à notre format.”
L’arrivée d’un éditeur de visus, utilisable par tout le monde, ouvre le processus de création à la “foule”. Indispensable pour quiconque rêve de donner naissance à une encyclopédie.
Notons ici au passage que les tags actuels existent uniquement en anglais mais que rien n’empêche leur traduction en d’autres langues. “L’encyclopédie Visupedia sera disponible dans 4 langues vérifiées [par un bureau de traduction] mais proposera également des traductions automatiques dans une multitude de langues qui pourront être validées/invalidées par la communauté”, précise Thomas Dusart.
Les 4 langues proposées seront le français, l’anglais, l’allemand et une 4ème dont le choix doit encore être fait (néerlandais ou espagnol). Pour les autres, la traduction reposera sur des mécanismes de traduction automatique – “c’est faisable dans la mesure où les textes sont succincts”. Visupedia compte en outre sur les contributions et validations de la communauté pour produire du contenu adéquat.
Certaines langues pourraient toutefois faire l’objet d’une validation professionnelle, si du moins Visupedia réussit, à terme, à mobiliser des moyens financiers suffisants.
Le modèle économique que la société imagine pour son encyclopédie? Plusieurs pistes sont envisagées. En mode B2B, les Visus pourront s’intégrer à tout type de média en-ligne (blog, publication, publicité, tutoriel…). Côté B2C, la société émet le scénario du placement de produits, via association de bases de données de produits commerciaux — “scrupuleusement sélectionnés” — au contenu de l’encyclopédie.
Certaines fonctionnalités de l’éditeur de visus pourraient être proposées en mode Premium. Par exemple, le potentiel SEO, la possibilité de personnaliser les capsules visuelles produites (couleurs, typographie…).
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