digitalwallonia.be: la Wallonie se dote d’une “marque” numérique

Article
Par · 01/04/2015

Une “marque” unique est née pour chapeauter et unifier (si possible) le paysage et les ambitions du numérique wallon. Un peu à la mode French Tech, pour qui veut saliver devant l’exemple venu d’outre-Quiévrain.

Cette marque, ce sera… digitalwallonia.be. Non, ce n’est pas un poisson d’avril. Au-delà du nom, cet étendard virtuel se matérialisera également – d’ici la fin mai si le calendrier est respecté – sous la forme d’une plate-forme, d’un site Internet qui sera le wallo-guide du routard numérique. A la manoeuvre: l’Agence du Numérique qui veut en faire le référentiel unique, cohérent, “de tout ce qui vit et se fait” en matière d’ICT et de numérique en Wallonie: acteurs du secteur IT, utilisateurs numériques, organes d’encadrement…

Une vitrine – interactive – des acteurs et des usages numériques wallons. Un thermo-baromètre des progrès et avancées vers l’objectif – pas uniquement politique – de faire de la Wallonie une “terre d’excellence numérique”.

Au-delà d’une certaine grandiloquence, les enjeux, eux, sont bien concrets, urgents, parfois douloureux. La “transformation” numérique – ou favorisée par les technologies numériques – de l’économie et des acteurs locaux est un chantier au long cours. Le Plan numérique qui se prépare (au niveau du Cabinet Marcourt, du Conseil du Numérique, des travaux de groupes d’experts etc. (voir notre encadré, ci-dessous, pour une explication du mécanisme mis en oeuvre) devrait en principe être comme une nouvelle infusion d’idées, de projets et – ? – de moyens.

Dans les discours en tout cas – que ce soit ceux du ministre de l’Economie et du Numérique ou ceux du Ministre-Président -, le numérique occupe désormais une place de choix.

Exemples récents? Ces quelques phrases de Paul Magnette lors de son discours sur l’état de la Wallonie (Parlement wallon, 25 mars). “La révolution numérique doit concerner tous les secteurs – de la fonction publique à la santé, en passant par le commerce de détail.” “Il faut que les Wallons comprennent que le numérique est une innovation comparable à l’apparition de l’écriture.”

Autres signes?

Notamment, ce fameux Plan numérique, attendu au début de l’automne, qui sera une décoction – un “affinement”, en termes davantage stratégiquement corrects – du Master Plan TIC, imaginé voici plus de 3 ans, qui n’a jamais été déployé dans sa totalité. Par manque de moyens budgétaires et de focalisation pragmatique.

Mais aussi le rôle que jouera le numérique dans le programme “Industrie 4.0” de la Région.

Ou encore, la place de choix qu’occupera, dit-on, le secteur ICT dans le programme de promotion à l’exportation de l’AWEX en 2016.

Who is Who and How

Le futur site digitalwallonia.be – sous sa forme actuelle, il n’est que la liste des matières – permettra de découvrir l’ensemble des acteurs ICT et numériques locaux sous un angle “profils et rôles”. Le profil inclura par exemple les activités spécifiques de chaque acteur, le storyline de ses participations à des événements ou missions économiques, son activité sur les réseaux sociaux…

“La plate-forme sera l’incarnation de cet objectif de terre d’excellence numérique. Le but est d’oeuvrer à l’intensification numérique pour le développement économique et social. En transversal puisque tous les pôles de compétitivité, notamment, ont besoin du numérique”, explique André Blavier, porte-parole de l’Agence du Numérique (AdN; ex-AWT). “Ce sera le point d’unification des données et de concentration des actions, un centre de ressources – informations, bonnes pratiques, indicateurs, open data, API…”

Benoît Hucq, directeur de l’AdN: “L’Agence du Numérique conserve et poursuit les trois missions essentielles de l’AWT. A savoir: veille, conseils aux partenaires et acteurs de l’IT, vision prospective, décryptage et promotion des usages [numériques].”

Si l’AdN est le gestionnaire et l’animateur de cette plate-forme, elle espère aussi et surtout pouvoir opérer en chef d’orchestre, avec collaboration active (et synchronisée) des autres acteurs du secteur ICT wallon: cluster Infopole, CETIC, Technofutur TIC… Chaque “partenaire” demeurera responsable de ses données et informations mais selon le principe d’une “single version of the truth” – pour reprendre une expression bien connue du monde de la business intelligence et de l’analytique. En se déchargeant pour partie de “basses besognes” (constitution de bases de données, tenue à jour d’agendas d’activités…), chaque acteur devrait en principe pouvoir mieux se concentrer sur sa mission première. Par exemple, formation chez Technofutur TIC, l’animation et la promotion des acteurs ICT locaux du côté de l’Infopole…

Collecter, décanter, décider

Mécanisme complexe que celui imaginé pour préparer le Plan numérique, puisqu’il fait intervenir un bureau-conseil indépendant, un Conseil du Numérique (avec quelques grosses pointures locales), des Assises, des groupes d’experts, un site participatif ouvert aux contributions de tous…

Petit décryptage du fonctionnement de ce meccano (réservé à nos abonnés Select et Premium).

Le futur Plan numérique pour la Wallonie s’organisera en 4 axes majeurs, (pré-)définis comme tels par le Ministre Marcourt et servant de cadre et ossature de réflexion et de travail pour les divers experts, conseillers et simples cogitateurs qui le préparent. Voir ces 4 axes dans l’encadré ci-dessous.

Au-delà de ces lignes de force, la préparation en a été confiée à une série d’intervenants, dans un esprit de participation concrète des acteurs, utilisateurs et observateurs. Avec des “inputs” qu’il faudra malgré tout réconcilier, au bout du compte, avec les grandes orientations du précédent Master Plan TIC et avec le cadre budgétaire.

Ce principe d’“entonnoir” – pour une récolte la plus vaste possible d’idées et propositions, avec décantations et amendements successifs jusqu’à la décision ministérielle – fonctionnera, jusqu’à la fin juin, selon une structure qui tient plus de la pièce montée à plusieurs étages, avec relais d’informations.

Meccano participatif

4 axes thématiques de travail

L’économie du numérique. C’est-à-dire la promotion et le support du développement du secteur ICT et numérique wallon.

L’économie par le numérique, autrement dit l’ICT comme levier de développement de l’économie et des entreprises

Les talents. Lisez: enseignement et formation mais aussi inclusion numérique et lutte contre les fractures.

Le territoire. Déploiement d’une infrastructure de communications, développement de villes et espaces ruraux connectés, promotion d’outils et solutions favorisant l’e-administration ou encore l’e-santé.

Deux grands dispositifs sont à l’oeuvre. D’une part, un Conseil du Numérique, constitué de quelques grands noms venus du privé ou du public. De l’autre, des “Assises”, opérant à un niveau plus granulaire.

Ces “Assises” sont elles-mêmes un mécanisme à deux leviers: d’une part, les groupes de travail réunissant des experts, qui planchent sur les 4 thèmes; de l’autre, le site Internet Printemps du Numérique – ouvert aux contributions de tous (entrepreneurs, acteurs de l’associatif, simples citoyens…)

L’ensemble de l’échafaudage est destiné à recueillir un maximum d’idées, de propositions, de commentaires. De les trier, amalgamer, filtrer. D’en extraire “la substantifique moelle” – avec des axes d’actions prioritaires et des “propositions disruptives”, pouvant faire réellement avancer le schmilblick – c’est en tout cas le mot d’ordre.

Les contributions “de la foule” via le site Printemps du Numérique, modérées avant publication (relire notre article), seront triées et priorétisées par l’Agence du Numérique afin d’alimenter les groupes de travail et ainsi d’“élargir leur réflexion”, pour reprendre les termes de Benoît Hucq, nouveau directeur général de l’Agence du Numérique.

Les flux venant du site et des groupes de travail sont eux-mêmes destinés au Conseil du Numérique, qui se réunira une fois par mois jusqu’à la fin juin. Vous retrouverez la composition de ce Conseil du numérique dans cet article publié précédemment. 

Ce même Conseil recevra (fin avril et fin mai, en principe) les recommandations du cabinet Roland Berger qui se penche, pour sa part, sur deux des 4 axes. A savoir: l’économie du numérique et l’économie par le numérique.

Tous les rapports et propositions seront remis au plus tard fin juin au Conseil du Numérique.

Dernière “couche”: les travaux de ce dernier déboucheront sur des avis – motivés, illustrés et chiffrés – qui seront transmis au Cabinet Marcourt pour analyse et décision par le gouvernement wallon. A noter au passage que les avis touchent à des sujets et secteurs dépassant parfois les compétences qui lui sont attribuées. Exemple d’avis à destination “trans-cabinets”: les travaux émanant du groupe de travail Talents concernent aussi bien l’enseignement (cabinets Marcourt et Milquet) que l’intégration (cabinet d’Eliane Tillieux, en charge de l’emploi et de la formation).

En finale, le gouvernement doit en principe dégainer son Plan numérique en septembre.