Open Belgium 2015: des open data sets encore aux abonnés absents

Pratique
Par · 25/02/2015

Ils étaient environ 180 à s’être inscrits à la conférence Open Belgium 2015 qui se tenait, ce lundi, à Namur. Le thème: les open data, sous toutes leurs formes, formats et destinations. Culture, tourisme, transports, gestion municipale, recherche scientifique…

Dans leur majorité, les participants étaient néerlandophones, sans pour autant que l’autre communauté soit pour autant aux abonnés absents – heureusement. Il y avait même un mieux sensible par rapport à la précédente édition qui s’était tenue à Gand, où les francophones étaient monnaie rare.

Cette année, selon les organisateurs, une bonne quarantaine de francophones s’étaient inscrits (hors invités et orateurs).

Bien entendu, c’est encore loin d’être suffisant voire simplement satisfaisant. D’autant plus que le secteur public n’était pas venu en passe – loin s’en faut. Tout au plus dénombrait-on  une quinzaine de collaborateurs d’OIP wallons et du SPW (DG tourisme, transport, mobilité, recherche, aménagement du territoire).

Pâle figure

Au-delà des participants, côté assistance, on regrettera aussi qu’il ait été si difficile de trouver des orateurs et des acteurs de l’open data pour venir exposer l’une ou l’autre réalisation. Là aussi, on attend des renforts, pour venir prendre la parole, comme l’a fait, par exemple, la start-up NextRide ou son “partenaire objectif” que sont devenus les TEC. Lire notre article sur la récente initiative de cet opérateur.

Le concept et les habitudes open data ont donc encore bien du chemin à faire au sud du pays avant d’avoir réellement droit de cité.

A cet égard, quelques chiffres cités d’emblée par Michiel Mentens, conseiller auprès du cabinet de Theo Francken, secrétaire d’Etat chargé de la Simplification administrative, étaient éloquents, sans appel.

Nombre de jeux de données ouverts:

– Flandre: 1.539

– Bruxelles: 348

– Wallonie: 88 !

L’OKFN (Open Knowledge Foundation), d’origine britannique, se donne pour raison d’être de défendre et promouvoir tout ce qui est “open culture”, en ce compris donc les contenus libres et les open data.

Ce qui donne donc, au total pour la Belgique, quelque 1.725 jeux de données “libres”. Une goutte dans l’océan des possibles. Mais aussi un classement médiocre dans le hit-parade de l’OKFN (voir ci-contre).

En 2013, la Belgique pointait en 53ème position. Depuis, d’autres pays ayant été répertoriés (et/ou ayant progressé), elle se retrouve 56ème sur 90, coincée entre l’Arabie saoudite et Hong Kong.

Toutefois, ce classement n’est pas forcément très “fair play” pour notre pays dans la mesure où la Fondation ne tient compte que des scores nationaux, sans comptabiliser les initiatives locales (communales, municipales). Or, en Belgique, le calcul est décentralisé et – surtout – une bonne dose d’initiatives de “libération” de données émanent des pouvoirs locaux. C’est le cas, de manière flagrante, à Bruxelles, où la ville est plus en pointe que la Région, mais aussi à Anvers ou Gand. Et la chose, dans une certaine mesure, se vérifie aussi du côté wallon puisque sur les 88 jeux de données répertoriés sur le portail hébergé à l’Agence du Numérique, 16 jeux viennent par exemple de la seule ville de Namur…

Autre chiffre qui augure d’une autre difficulté qu’il faudra vaincre et résoudre: la multiplicité (lisez: la disparité) des licences appliquées pour l’utilisation/réutilisation des open data. Ici – superbe ironie! – c’est le sud du pays qui empoche le plus beau (et donc le plus mauvais) score: pas moins de 6 licences différentes sont utilisées.

La Flandre, elle, est un rien plus sobre, n’en utilisant que 4. Bruxelles, elle, a réussi l’exercice de l’harmonisation… une seule licence a droit de cité. La Belgique, en tant qu’entité, s’appuierait quant à elle au minimum sur deux types de licences.

Pas – ou plus – le choix

Si nombre de services publics, tous niveaux de pouvoir confondus, traînent encore les pieds, l’heure n’est plus à la tergiversation. En effet, dès ce mois de juin, la directive européenne PSI (Public Sector Information) devra avoir été transposée dans les législations locales. Gare aux retardataires et autres réfractaires qui se verront imposer de solides pénalités.

A l’unisson, les Régions – flamande, bruxelloise et wallonne – disent “être prêtes” – même si les textes doivent toutefois encore être approuvés. Le fédéral, lui, a un train de retard… Mais le discours, faisaient remarquer plusieurs observateurs, a changé depuis l’année dernière. Tous, sans exceptions, parlent de processus en marche. Comme le faisait remarquer Toon Vanagt, directeur de data.be et “passionné” d’open data, cette perspective est le meilleur des incitants. Comme quoi un bâton marche toujours mieux que la plus juteuse des carottes…

Michiel Mentens: l’échange de bons procédés vaut dans les deux sens. Si le secteur privé a intérêt à utiliser les données du secteur public (“libérées”), ce dernier peut aussi tirer parti de l’exploitation intelligente des données du privé. Par exemple: s’inspirer des données générées par… Uber pour identifier les points de friction majeurs en termes de trajets les plus sollicités pour ce service de transport. “Peut-être y a-t-il des conclusions à tirer pour l’aménagement de lignes de transport public…”.

Dans le même registre, Thomas Herminne, de la start-up NextRide, avait une autre proposition: pourquoi les compagnies de taxi ne tireraient-elles pas (mieux) parti des open data pour relever les défis que Uber leur balance dans les jantes?

Simplifions

L’un des buts – superbe lapalissade – des données libres est de pouvoir être… utilisées. Encore faut-il pouvoir dénicher ces jeux de données. Et, en la matière, le minium minimum est d’en offrir un répertoire unique (si possible), aisément accessible et identifiable.

L’idéal serait évidemment d’harmoniser – ou d’aligner / intégrer? – les diverses portes d’entrée vers les jeux de données que compte notre pays, fanatique de la fragmentation. Si le moindre quidam belge a lui-même toutes les difficultés du monde à savoir quels jeux de données sont disponibles et à qui “appartient” tel ou tel data set (niveau communal, provincial, régional, communautaire, fédéral? un peu de tout?), quid d’un tourisme, artiste, développeur, chercheur… étranger!

La Flandre a son portail OpenDataForum. La Wallonie a un début de référentiel – http://opendata.awt.be -, hébergé et géré par l’Agence du Numérique (ex-AWT). Le fédéral, lui, a… deux répertoires (http://psi.belgium.be et http://data.gov.be) qui, par ailleurs, ne sont pas tenus à jour. A quand, dès lors, un seul portail open data au niveau fédéral? “Nous allons y travailler”, promettait Michiel Mentens lors de la conférence Open Belgium. Ouf!

Terminons par cette autre “simplification”: l’OKFN Belgium (Open Knowledge Foundation) sacrifie son acronyme pour donner naissance à Open Knowledge Belgium…