WeLL: nouvelle ruche à projets e-santé

Article
Par · 13/02/2015

Opérationnel en fait depuis le début de l’année, le deuxième living lab wallon, baptisé WeLL, acronyme de Wallonia e-health Living Lab, a officiellement été inauguré cette semaine. Son champ d’action spécifique: l’exploitation de solutions numériques (ou novatrices) au service de l’e-santé. Et ce, dans le vaste panel de contextes et besoins que cela peut supposer: diagnostic, suivi médical, thérapeutique, prévention, télémédecine, surveillance sanitaire, partage de données, autonomie des seniors…

Le Living Lab WeLL a établi ses quartiers dans l’espace The Labs de l’incubateur liégeois WSL.

Pour rappel, ces WSLLabs sont actifs dans trois domaines: les technologies et sciences de l’ingénieur, la micro-électronique et l’économie créative. Le Living Lab s’installe donc aux côtés des deux autres espaces “labo” que sont l’espace de rencontre et de travail collaboratif “Open Lab” et l’espace technologique WSLlab où l’on trouve notamment des salles blanches.

A lire ou relire, l’article que nous avons consacré au premier living lab wallon et, plus précisément, à l’utilisation qu’il fera de nouvelles technologies. “Smart Gastronomy Lab: quand l’IT met son grain de sel en cuisine” 

Innovation “bottom-up”

Comme le veut le concept-même de living lab, c’est l’usager, le destinataire de nouvelles solutions, qui dicte, oriente les travaux de recherche et d’innovation. Dans le cas d’un lab dédié à la santé, cela implique la participation active – depuis l’idée de départ jusqu’à son prototypage, test et déploiement – d’acteurs tels que des patients, professionnels de la santé, associations, organes d’encadrement, chercheurs, mutuelles…

L’écrin du WeLL: les WSLlabs sur les hauteurs de Liège

Dès le départ, le WeLL dit avoir constituer un “réseau fort” d’une soixantaine de partenaires “prêts à collaborer.” Encore faudra-t-il, pour certains, concrétiser les (bonnes) intentions.

Toujours est-il que, parmi les membres de cette communauté de partenaires, on peut déjà pointer divers hôpitaux, tels que le CHU de Liège et Epicura du côté d’Ath et du Borinage.

MSF, elle aussi, a marqué son intérêt pour des projets pouvant bénéficier ou faire évoluer ses métiers. Voir plus loin notre chapitre dédié aux activités futures.

Partenaires du “premier cercle” – outre le WSL -, citons le CETIC, centre d’excellence chargé de l’accompagnement et de la méthodologie (voir aussi notre article dédié à la méthode” qui sera appliquée aux living lab wallons), le CRIDS (centre de recherche namurois spécialisé en droit des technologies), le centre Spiral ou encore le Réseau Santé Wallon.

Par ailleurs, les pôles de compétitivité MecaTech (génie mécanique) et BioWin (biotechnologies) solliciteront leurs membres respectifs afin d’identifier des technologies qui pourraient être appliquées au secteur de la santé.

Et la phase d’amorçage d’intérêt semble avoir bien fonctionner vers les mutuelles, associations de patients, clubs de seniors, maisons de repos ou vers le grand public en général puisque qu’une bonne centaine de personnes, émanant de ces divers publics, étaient venues participer aux ateliers organisés à l’occasion de la journée inaugurale.

Déjà quatre projets

De premiers acteurs de terrains et porteurs de projets se sont d’ores et déjà été manifestés. Certains projets sont encore en phase d’évaluation pour éventuelle adoption mais quatre projets ont déjà été identifiés et approuvés. A découvrir dans cet article.

Ruche à projets

Compte tenu du budget alloué par la Région et de la structure qui se met aujourd’hui en place, quelle envergure d’action aura le WeLL en termes de “portefeuille” de projets?

“Il faudra faire naître suffisamment de projets pour ne pas frustrer les participants et les porteurs d’idées”, indique Lara Vigneron, responsable du WeLL. “Le nombre de projets, quant à lui, dépendra d’une série de facteurs. Il n’y a a priori pas de limite prédéfinie puisque nous pourrons nous appuyer sur une communauté active. Chaque projet aura un porteur de projet désigné. Idéalement un usager, tel que l’initiateur de l’idée. Mais tous n’en auront pas les capacités ou le temps. Dans ce cas, la structure pilotée par le WSL prendra le relais. Point positif: nous disposons d’un réservoir d’animateurs en créativité suffisant pour couvrir cette étape préliminaire essentielle. Il devrait d’ailleurs encore s’étoffer au cours des prochaines semaines.”

La phase de créativité et d’idéation ne poserait donc pas un problème en soi [à noter ici qu’une cinquantaine de techniques de créativité ont été répertoriées et pourront être utilisées].

D’ailleurs, cette phase de pure créativité pourra parfois être courte. “L’exercice peut se résumer, dans certains cas, à un travail d’un jour, en panel.” Les choses sérieuses commencent ensuite.

A lire: notre dossier consacré aux Living Labs. Vous y trouverez notamment des explications sur les expériences flamande et bruxelloise, la méthodologie que le CETIC prépare pour les living labs wallons, et les principes exposés dans un récent Livre blanc consacré aux living labs (règles de bonne gouvernance, conditions de pérennité, problématique de la propriété intellectuelle.

Un “comité des sages”, composé d’usagers, d’industriels, d’experts technologiques et de représentants de la DGO6 (pour identifier les aides financières potentielles futures), décidera de l’intérêt qu’il y a à investir dans la phase suivante du prototypage. Ensuite, sur base de tests, une décision interviendra pour la réalisation ou l’industrialisation.

Quels sont les facteurs de réussite? “Il faut laisser beaucoup de place à la créativité et au rebond créatif [autrement dit, aux idées qui en font naître d’autres]”, déclare Lara Vigneron. “Un autre principe fondamental est de placer l’usager au coeur de la cocréation. Enfin, il ne faut pas hésiter à “boucler”: une idée débouche sur un prototype qui est testé en situation réelle mais impose de revenir en arrière pour trouver un meilleur chemin…”

Prochaines activités

A la fois pour “recruter” des participants à la communauté et aux ateliers d’idéation, pour animer la communauté et identifier des thèmes de projets, une série d’activités a été inscrite au programme de ces prochains mois:

  • dès le 21 février, les étudiants de l’UCL sont invités à participer à un concours d’innovation – le BEST UCL – qui, cette année, a pris pour thème l’hôpital du futur
  • les mois de mars et d’avril verront se dérouler les ateliers des projets Idéematon et Accès aux images médicales – voir notre article sur les 4 premiers projets
  • le panel pour les ateliers du projet Post Partum est lui d’ores et déjà en cours de constitution
  • en mars et avril devraient également se dérouler les ateliers créatifs initiés par MSF (Médecins sans Frontières), sur des sujets que l’organisation n’a pas encore désiré dévoiler
  • en octobre, un hackathon sera consacré à l’e-santé, avec participation indispensable des usagers.

Recrutements

Constituer et pérenniser une communauté de contributeurs, idéateurs, testeurs, utilisateurs lambda… sera, bien entendu, l’un des leviers essentiels du WeLL.

Le recrutement s’effectuera notamment par le biais de séances d’informations, de sollicitation de groupes socio-économiques par des relais de terrains (tels que des clubs de seniors, les Universités du 3ème Âge, des associations de patients, de maisons médicales…). Des événements de “réseautage” ou des sessions d’informations ou encore des ateliers pratiques serviront aussi à susciter l’intérêt et à impliquer des usagers. Sans parler des relations suivies que le WeLL entend tisser avec sa communauté via l’envoi d’une lettre d’informations et via les réseaux sociaux (page Facebook – WeLL Wallonia e-health Living Lab – et compte Twitter @thewellvoice)

La journée d’inauguration du WeLL a, à cet égard, donné l’exemple. Cinq ateliers, organisés en mode échange d’expérience et réflexion, avaient en effet été organisés autour de cinq thèmes:

  • l’hôpital du futur
  • la place des robots dans le paysage santé de demain, notamment au service des seniors
  • le patient connecté et la place du médecin en 2035
  • la santé, au quotidien, au bout du smartphone
  • la route de l’immortalité ou comment prolonger l’existence du corps humain grâce à la technologie

L’idée n’était pas de plancher sur les problématiques elles-mêmes mais plutôt de découvrir diverses techniques de créativité, permettant de les aborder pour mieux cerner problèmes et solutions. “Ces ateliers avaient pour but de démontrer comment marche la créativité collective, de créer un début de relation dans le groupe, de jeter les premières bases d’une communauté opérationnelle.” Un début de dynamique qui a séduit nombre de participants.

Viser l’auto-financement

Pour les deux premières années du living lab, les financements viendront de la Région (budget alloué: 800.000 euros). Mais pour pérenniser l’initiative, il faut penser dès à présent à générer d’autres sources financières. Parmi les pistes qui seront explorées: les projets de recherche, du sponsoring, mais aussi de la génération de valeur – au travers de réalisations monétisées sur le marché afin de financer d’autres projets.

“Outre l’innovation sociale, l’innovation économique est l’un des axes du living lab. Il s’agit donc aussi de développer de nouveaux produits et services répondant aux besoins de sociétés existantes ou nouvelles”, commente David Della Vecchia, directeur des WSLlabs. “Cela permettra d’alimenter le WeLL en revenus. On peut également imaginer du financement venant de sociétés qui voudraient venir y tester leurs produits auprès des usagers. Ce sont là tous des axes sur lesquels nous devons travailler.”