MIC Mons: prototypage logiciel rapide pour PME, clubs de programmation pour les écoles

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Par · 24/09/2014

L’annonce en avait été faite dès avant le départ de Ben Piquard de la direction du Microsoft Innovation Center (MIC) de Mons: un programme “SoftLab”, dédié au prototypage de projets orientés IT, sera la grande nouveauté du Centre au cours de ces prochaines années. L’intention sous-jacente étant de renouveler le type de services que propose le MIC, maintenant que d’autres structures ont embrayé sur le principe de “boostcamps”, de concours d’idées et d’incubation (courte) de projets technologiques.

Pour continuer à se démarquer – et justifier l’apport de fonds publics régionaux -, il lui fallait trouver un nouveau fil conducteur pour ses actions. “Il y a cinq ans, quand est né le MIC de Mons”, rappelle Bruno Schröder, National Technology Officer de Microsoft Belux, “nous étions partis du constat que le secteur IT wallon n’était pas suffisamment développé par rapport au potentiel économique local. L’objectif fut dès lors de susciter une communauté IT, de favoriser l’entrepreneuriat en faisant se rencontrer des gens venus de divers horizons, de conscientiser les porteurs de projets aux modèles d’affaires… Aujourd’hui que le but fixé a été atteint [en termes de projets portés, d’emplois créés, de certifications délivrées], il s’agit d’aller plus loin et de lancer une nouvelle vague d’innovation, de promouvoir l’aptitude des sociétés à grandir et de susciter des activités, basées sur l’IT, dans d’autres secteurs que le pur IT”.

La piste choisie est celle de l’accélération de prototypage logiciel. Nom de baptême: SoftLab.

Davantage de pratique

On en sait désormais un peu plus sur la forme que prendront ces activités.

Un stage passé (au minimum) à mi-temps au MIC, histoire d’être encadré…

Tout d’abord, la poursuite du principe de stages pour étudiants de fin du secondaire. Durée de ces stages: 15 semaines, de janvier à juin. Les étudiants planchent sur un projet proposé par une société, travaillant à mi-temps au MIC (encadrement par des conseillers, révision des codes développés…), à mi-temps dans l’entreprise commanditaire.

A noter qu’un appel à projets est actuellement en cours afin de décider des stages qui se dérouleront au premier semestre 2015. Nombre de stagiaires pouvant être accompagnés: 13.

Un appel est lancé à des PME et start-ups wallonnes ayant un stage (développement IT) à proposer… Date-butoir pour se manifester: mi-octobre.

Pour l’instant, le quota de stages n’est pas encore atteint. Il reste des stagiaires qui cherchent encore un projet sur lequel se faire les dents. Le MIC lance donc un appel aux start-ups, PME, sociétés ou organismes qui désireraient bénéficier de la formule. Date-butoir pour la remise des projets: la mi-octobre. Plus d’informations et candidatures via le site www.stage-it.be.

Deuxième forme d’activités – et c’est une des nouveautés qu’inaugure le MIC: des sessions de prototypage logiciel (réalisation en quelques jours d’un prototype devant démontrer la faisabilité ou le potentiel d’un projet). Ces sessions auraient pu porter elles-mêmes le nom de “soft labs”. Elles sont finalement baptisées PoC@3K.

PoC, comme dans “proof of concept”, pour bien montrer que l’objectif n’est pas d’obtenir, au bout de quelques jours de prototypage, un projet ficelé et opérationnel. “3K” parce que le budget que le porteur de projet, qui en demande le prototypage, devra débourser est de 3.000 euros, “pour 5 ou 6 jours de développement”.

Ces PoC@3K seront résolument pensés et réalisés dans un esprit “lean”: rapidité, résolution des points bloquants majeurs, itération, validation de “minimum viable products”. “Un projet d’innovation”, rappelle Xavier Bastin, nouveau patron du MIC de Mons (entré en fonction en août), “se caractérise surtout par une grande incertitude. Il s’agit donc de bien le baliser, de ne pas se tromper ou de le savoir rapidement, de définir un cahier de charges qui tienne la route. Le PoC@3K permettra de définir les hypothèses et les indicateurs, de les valider, de développer un proto et d’aider les sociétés à formuler les décisions adéquates pour les étapes suivantes.”

Temps total du PoC@3K – depuis la formulation du besoin jusqu’à la délivrance du proto: “maximum 2 semaines”.

Pour collecter les besoins et idées de projets et leur affecter des ressources de développement, le MIC a notamment recours au site Web du SoftLab, proposant un dépôt de projets et d’idées via un questionnaire en-ligne. Idem pour le signalement des compétences que les développeurs et partenaires proposent. En quelque sorte, une “marketplace” offre-demande.

Pour l’heure, le MIC en est encore au stade de l’évangélisation du concept PoC@3K et “recrute” des développeurs et des partenaires qui serviront de relais locaux. Ses regards se portent par exemple vers un incubateur tel que LeanSquare (Liège). Mais d’autres “profils” pourraient aussi faire l’affaire.

Le MIC cherche également, bien entendu, des sociétés prêtes à rentrer dans ce schéma inhabituel.

“Notre volonté est de travailler avec des incubateurs parce qu’ils sont impliqués dans des activités de suivi de projets. Ils peuvent donc détecter les besoins des porteurs de projets”, déclare Xavier Bastin.

Voilà qui semble restreindre le champ d’action aux start-ups… Quid des PME? “Nous devons en effet être là aussi pour les PME. Voilà pourquoi nous voulons aussi trouver d’autres types de partenaires. Notre priorité, en termes de porteurs de projet qui cherchent à en valider la faisabilité, va aux PME et aux start-ups. Mais nous ne sommes fermés à personne. Si une commune, par exemple, a un projet qu’elle ne parvient pas à lancer par ses propres moyens, on peut aussi l’aider…” Et la porte n’est pas non plus fermée à de possibles sollicitations venant de sociétés de plus grande envergure. Après tout, Belgacom avait proposé un projet (“photoTrak”) lors du récent MIC Summer (Dev)Camp

Comment le MIC compte-t-il sélectionner les projets-candidats et vérifier par exemple la véracité des compétences que les développeurs annonceraient sur sa marketplace? “Il sera important de rencontrer les personnes pour procéder à une évaluation. Par ailleurs, nombre de projets viendront sans doute par le biais de partenaires qui auront eux-mêmes procédé à une évaluation.”

Clubs de programmation

Une autre activité nouvelle est en cours de lancement. Elle concerne les jeunes et leur rapport à l’informatique. Pour les réconcilier avec l’IT, ses usages et son utilité, le MIC a décidé d’initier, avec des écoles, des “clubs de programmation” qui auront la particularité d’être animés par… des adolescents. L’objectif, d’ici la fin de l’année, est d’avoir “formé” des adolescents (15-16 ans), de leur avoir donné les outils et compétences pédagogiques nécessaires pour aller eux-mêmes créer ces clubs de programmation au sein de leur école et transmettre le virus (si on peut dire).

Le projet en est encore au stade de la préparation. Le module de formation de ces jeunes-relais a été défini (la formation sera de 12 demi-journées). Leur “recrutement” et la désignation d’écoles-pilotes devraient intervenir à court terme. “Nous allons solliciter les écoles pour qu’elles lancent elles-mêmes un appel à candidature afin que des étudiants intéressés par la création de tels clubs se manifestent. L’espoir est d’avoir constituer un premier groupe d’élèves-relais d’ici la fin de l’année.”

A terme, l’ambition est de convaincre un maximum d’écoles à travers tout le territoire wallon. Quant aux activités de programmation qui seront déployées dans les écoles, cela pourrait concerner le développement d’applis mais aussi, autre possibilité pour laquelle aucune décision n’a encore été prise, initiation à l’impression 3D. La piste de l’enseignement de la robotique, par ailleurs, se poursuit, notamment au travers de stages pendant l’été. Elle pourrait – qui sait ? – trouver un prolongement au coeur-même des écoles.

Essaimage

Pour toucher le public le plus large possible, en ce compris en dehors de sa portée géographique immédiate qui est celle de la région montoise, le MIC compte en outre poursuivre dans la voie de la délocalisation. Ces deux dernières années, les “boostcamps” s’étaient déjà installés dans d’autres régions de la Wallonie (Liège, Namur…). Par ailleurs, Ben Piquard avait été à la manoeuvre pour faire participer le MIC, en tant que partenaire, aux Startup Weekends (un à Mons, trois à Liège) et pour faire naître leurs “cousins”, les CoEntrepreneurs Weekend, organisés en divers points de la Wallonie.

Aujourd’hui, c’est au tour de l’open space du MIC de se chercher de nouveaux horizons. Initié depuis quelques mois, l’“open space” réunit, chaque vendredi, de manière informelle, des développeurs qui évoluent dans l’entourage du MIC. Objectif: échanges, “brainstorming”, confrontation d’idées, réflexion collective.

Demain, l’open space pourrait se trouver de nouveaux points de chute. Des contacts ont ainsi été établis avec l’espace de coworking Switch de Charleroi (en raison de la présence d’une cellule du Betagroup) et avec l’incubateur liégeois LeanSquare (où l’on retrouve désormais Ben Piquard).

Jean-Claude Marcourt, ministre wallon en charge du numérique: “L’intégration des technologies de pointe dans les PME wallonnes et l’accompagnement des nouveaux projets d’entreprise restent au coeur du projet du MIC. Il participe ainsi pleinement à l’éclosion d’un écosystème IT en Wallonie. Nous continuons de compter sur le MIC pour développer un certain nombre de technologies et répondre au besoin d’une incubation forte.”

Autre “délocalisation” d’ores et déjà planifiée – ou, en tout cas, espérée: celle des PoC@3K qui, on l’a vu, devraient être relayés et co-organisés par des partenaires (incubateurs…). “Nous ne saurons pas tout faire nous-mêmes”, souligne Xavier Bastin. En ce compris en termes de personnes mobilisées pour encadrer les PoC.

Pour rappel, le budget octroyé par la Région wallonne n’a pas été revu à la hausse (500.000 euros par an) et l’apport équivalent des partenaires privés (Microsoft, HP, Voo) se fait “en nature” (moyens humains, équipements…).

Volonté affichée du MIC via l’essaimage des open spaces et des PoC@3K: “faire se développer des communautés locales, ce qui constitue le premier pas dans le processus de transmission et de viralité de l’innovation. Il faut jouer la carte de la proximité pour générer des dynamiques IT plus locales.”

L’essaimage a bien entendu aussi un autre but: faire profiter le MIC, par ricochet, des réseaux de ces partenaires et étendre la pénétration des solutions Microsoft.