Le hub créatif namurois TRAKK organisait ses premières activités fin de semaine dernière. Une petite mise en bouche avant l’inauguration réelle de l’espace physique, prévue pour le 1er novembre (avenue Reine Astrid).
Cet espace de “co-création multidisciplinaire” accueillera un “incubateur numérique” prenant tout à la fois la forme d’un fab lab (encadré par un développeur, des ingénieurs électroniciens, designers industriels…), d’un creative lab (doté d’outils d’idéation, de brainstorming…), d’espaces de travail pour PME actives des mondes culturels et créatifs, et d’espaces pour ateliers, réunions et conférences. Il se donne pour ambition de favoriser un rapprochement et des synergies plus dynamiques et spontanées entre des pondes qui trop souvent ignorent leurs ressources réciproques. A savoir: entrepreneurs, monde académique, chercheurs, porteurs de projets, créatifs et citoyens. Le tout dans une quête bien dans l’air du temps, à savoir la “ville intelligente”, qui se réinvente à la fois “via l’innovation technologique et sociale”.
Une série d’actions communes verront le jour, impliquant notamment le BEP (bureau économique de la Province de Namur), l’Université de Namur, les entreprises membres de l’Infopole Cluster TIC et l’asbl KIKK (qui s’intéresse plus particulièrement aux apports de la technologie dans les arts et la vie sociétale contemporaine).
Une université plus participative
Plus participative dans la vie de la communauté et dans la vie économique. “L’université ne peut être un silo clos. Elle doit jouer le jeu de la collaboration, s’ouvrir aux entreprises et aux citoyens”, déclare Annick Castiaux, directrice académique des affaires internationales à l’UNamur. Comment? “Nous travaillons sur divers modules de support à la créativité. L’un des projets porte sur la création d’une école de la créativité. Elle sera ouverte à tous: citoyens, étudiants, entrepreneurs mais aussi chercheurs et personnel académique, ces derniers devant apprendre aussi la créativité.”
L’ouverture passera aussi par une démarche plus “proactive” afin de “faire connaître aux entreprises les recherches effectuées au sein de l’université. La formule doit encore être décidée mais elle pourrait prendre la forme de cycles de déjeuners-rencontres où les chercheurs viendraient faire des présentations, soigneusement vulgarisées.”
Autre intention de l’UNamur: s’ouvrir davantage à l’expérimentation, “à découvrir et apprendre comment naissent et s’organiser les interactions entre citoyens, artistes…” Dans un autre registre, l’“expérimentation” devrait par ailleurs prendre une forme tout-à-fait tangible dans le cadre de certains cours qui pourront solliciter le fab lab: “l’université y disposera d’un banc pratique de prototypage, potentiellement utile pour certains cours.”
S’ajouteront également des cours d’entrepreneuriat pour étudiants et citoyens. Cours qui seront donnés, au cours de 10 ou 12 séances, conjointement par un académique et un professionnel ou consultant. “A moyen terme, c’est le principe de formation continuée qui se profile. En ce compris dans la dimension d’apprentissage de la créativité”, ajoute encore Annick Castiaux. Pour ce faire, des collaborations seront initiées avec le BEP afin d’imaginer de nouvelles formules de formation.
Le numérique en filigrane
Les technologies numériques et ICT s’inscriront en filigrane de nombreux projets et activités du hub créatif namurois. Ce fut déjà le cas lors des premiers ateliers pratiques, ouverts à un public multi-profils (étudiants, professionnels, chercheurs…), organisés la semaine dernière sur les thèmes de l’écoconstruction, du tourisme et de l’agro-alimentaire.
Découvrir, s’essayer, inventer g^race aux nouvelles technologies numériques…
L’atelier Eco-construction a par exemple permis de découvrir comment les technologies et notamment le 3D permettent de bâtir des “wiki-houses”. Wikihouses est un projet open source de conception et construction collaborative de maisons. Chacun peut concevoir des éléments de maison et les imprimer en 3D, “sans connaissance technique préalable”, avant de participer à leur assemblage.
L’atelier Tourisme, pour sa part, a consacré un chapitre à l’utilisation des nouvelles technologies, en ce compris le recours à des techniques de prototypage rapide.
A court et moyen terme, le KIKK Festival (qui en est à sa 4ème édition) et le salon RECUPère feront aussi une large place aux nouvelles technologies. L’occasion par exemple, lors du salon RECUPère (28-30 novembre), de découvrir le nouveau fab lab et des projets de prototypage rapide. “Le numérique et le fab lab sont deux instruments essentiels pour faire un important pas en avant en termes de nouveaux modèles de production, démocratisés. le prototypage rapide, basé sur le numérique, permet d’accélérer créativité et mise sur le marché d’objets qui, hier, prenaient parfois des années avant d’aboutir”, souligne Marc Detraux, directeur de la Ressourcerie namuroise, partenaire du TRAKK.
C’est notamment le BEP qui entrera en piste pour sensibiliser davantage les entreprises aux nouveautés technologiques, mais aussi, souligne Laurence Gourgue, directrice Développement économique au BEP, “de manière plus large, les ouvrir aux changements qui se produisent par rapport à l’environnement économique traditionnel. Les entreprises doivent être conscientes de l’existence de fab labs, de creative labs, des potentiels du 3D. Il faut les aider et les amener à revoir leurs business models. C’est indispensable. Le choc du 3D [impression 3D] est indéniable. Cela a encore été illustré tout récemment, avec un impact puissant, par la fabrication d’une voiture par impression 3D…” [Ndlr: il s’agit en l’occurrence de la “Strati”, fabriquée par Local Motors (Etats-Unis) en 2 jours avec 500 moins de pièces qu’une voiture classique. Certes, le moteur et les roues n’ont pas été produits en 3D… Une autre voiture, l’Urbee, avait déjà vu le jour de la même manière en 2013].
Le citoyen acteur
Le TRAKK s’installera avenue Reine Astrid à Namur.
“L’un des gros enjeux est d’impliquer le citoyen, en tant qu’auteur potentiel de projets novateurs. Une évolution rendue d’autant plus réaliste dans la mesure où le phénomène open data gagnera en importance à court terme, tout comme le principe de l’économie circulaire”, déclare Annick Castiaux de l’UNamur.
Pour inciter le citoyen à s’impliquer dans l’aventure du TRAKK et de la renaissance créative de la ville, quoi de plus efficace que de jouer sur la fibre “conso-acteur”? “Il est évident que, dans la société actuelle, un feedback rapide du consommateur devient essentiel pour accélérer la mise en production des projets imaginés par les entreprises.”
Le citoyen sera aussi, individuellement et collectivement, une planche de résonance pour le programme d’activités que le hub créatif namurois déploiera au fil du temps. “Le TRAKK tel qu’on l’a conçu jusqu’ici est un TRAKK temporaire. Pendant 12 ou 18 mois, nous allons faire des essais, tester les attentes afin que ce que nous mettons en oeuvre soit réellement aligné sur ce que veut le public.”
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