MIC Summer Camp: “proto-tester” des projets tangibles

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Par · 29/08/2014

Trois jours de “remue-méninges” estival pour développeurs et designers. Voilà le programme que proposait le premier MIC Summer Camp qui s’est déroulé fin juillet/début août dans les Hautes-Fagnes. Sorte de préambule aux futurs “SoftLabs” que mijote le MIC de Mons afin de permettre à des PME et start-ups de tester de manière concrète la faisabilité d’une idée à l’occasion d’une session de prototypage technique rapide (première version, proof of concept, démo fonctionnelle).

Le Summer Camp se proposait d’être comme une première expérience en la matière, dans un cadre plus détendu. Deux appels à projets avaient été lancés par le MIC de Mons qui a ainsi récolté une quinzaine de propositions de projets.

Au final, 8 projets ont été retenus, sur base de critères tels que “la faisabilité technique et le caractère généralisable de l’idée”, explique Renaud Dumont, responsable de l’événement au MIC. “Il fallait en effet, d’une part, que le projet puisse se concrétiser sous forme de prototype en l’espace de 3 jours, et, de l’autre, que l’idée puisse potentiellement être appliquée à d’autres besoins que celui qui avait inspiré le porteur de projet.” Les projets initiés lors de ce “camp” de 3 jours seront en effet publiés sous licence open source sur github. 

Les projets retenus pour ce premier Summer Camp étaient proposés tant par des entreprises que par des institutions publiques ou des particuliers. Parmi eux, l’AWEX, Belgacom ou encore Swan Insights.

Côté environnements de développement choisis, il y en a eu pour tous les goûts: Java, JavaScript, PHP, C++, CSS.

Projets cherchent développeurs

Le principe du “summer camp” était donc de faire plancher des développeurs (par équipe de 4), pendant trois jours, sur un projet ayant déjà été défini et (peu ou prou) balisé par un “donneur d’ordre” (association, entreprise, service public…).

Comme on vient de le voir, à la différence des habituels StartUp Weekends ou hackathons, ce ne sont pas les participants qui proposent des idées ou des projets. Ils reçoivent avant l’événement une liste de projets, proposés par des sociétés ou organismes déjà existants, projets qui sont en outre présélectionnés par le MIC. Parmi ces projets, ils choisissent celui qui les tente ou intéresse le plus. Ce qui explique d’ailleurs que, lors de cette première édition, pas moins de trois équipes aient jeté leur dévolu sur le même projet (PhotoTrak; voir ci-dessous) et, a contrario, qu’un des 8 projets (une idée de crowdfunding finançant un portail où des artisans pourraient vendre certaines de leur création) n’ait pas trouvé preneur.

Simon Rorive (meaWeb): “les  spécifications (fiches) techniques décrivant le projet, rédigées au préalable par l’équipe du MIC, permettent de se focaliser immédiatement sur les fonctions importantes, de commencer d’emblée le travail d’architecture, puis d’implémentation.”

Autre différence notoire: les équipes ne se constituent pas au début de l’événement, comme c’est souvent le cas dans d’autres formules où l’on privilégie Dame Au-Petit-Bonheur-la-Chance. Ici, les équipes de 4 personnes arrivaient déjà formées et avaient pour obligation d’être “homogènes et équilibrées”. A savoir, obligatoirement, 3 développeurs et un désigner, se connaissant de préférence déjà – les participants se croisent notamment (plus ou moins régulièrement) au gré de leurs activités professionnelles ou de leur participation aux événements du MIC.

Des motivations variées

Pour Simon Rorive, fondateur et gérant de l’agence Internet meaWeb, ce week-end était l’occasion de côtoyer, de se mesurer et/ou de collaborer “avec d’autres passionnés de haut niveau de notre domaine”.

Par ailleurs, la perspective de fournir du code en open source et de réaliser un prototype de solution qui puisse être réutilisée par d’autres “cibles” que celle scénarisée au préalable a séduit certains des participants. Dans un esprit contributif fort dans l’air du temps.

Pour l’équipe de meaWeb, ce week-end pour développeurs avait aussi été imaginé comme une sorte d’exercice-récompense, “un petit incentive, pour se retrouver en dehors du cadre des bureaux, profiter des quelques infrastructures, se « mesurer » à d’autres équipes du milieu.” Week-end qui, au final, aura plutôt ressemblé à un exercice de “travail forcé », constate Simon Rorive dans un sourire, reconnaissant qu’en fait de week-end “repos/détente”, il lui faudrait en réorganiser un autre, un vrai…

Michaël Hoste (80Limit): “consolider l’écosystème qui est un bon terreau pour l’innovation.”

Pour Michaël Hoste, de 80Limit, société de développement d’applications Web (il a planché sur le projet CreativeCity), le Summer Camp a contribué à “souder la communauté créative de Mons” [Ndlr: déjà réunie sous la bannière #CreativeMons]. Selon lui, l’expérience mais aussi les MIC SoftLabs pourraient permettre de consolider “l’écosystème qui se met en place et qui est un bon terreau pour l’innovation. Nous avons tous nos spécialités mais la concurrence entre sociétés n’empêche pas de faire appel à une autre société pour de l’aide, voire pour une petite formation informelle rapide…”

3 jours, c’est court!

Le but n’était pas de boucler l’exercice avec un produit parfaitement ficelé mais plutôt, comme le formule Sébastien Jodogne, initiateur du projet Orthanc (dont nous vous avons récemment parlé), de “jeter les bases d’un produit technologique qui répond à un besoin d’un marché particulier”.

Simon Rorive: “En 72 heures, la formule ne permet bien entendu pas du tout d’avoir un projet complètement abouti. Elle permet uniquement de produire très rapidement un petit prototype, autour d’une demande qui, elle aussi, est exprimée de manière succincte. Ce n’est qu’ensuite que le “client” pourra approfondir ses demandes et réfléchir à l’étendue de son projet, avant de le poursuivre dans un cadre plus “normal”, non soumis à des contraintes de temps.” Et assurant par ailleurs la rémunération des développeurs…

Renaud Dumont confirme: “l’objectif est que le porteur de projet reste en contact avec l’équipe. A l’issue du Camp, sur base du prototype réalisé, il a une vue globale de ce qu’il est possible d’obtenir. Il peut dès lors par exemple présenter le prototype à sa hiérarchie et espérer ainsi décrocher un budget pour rétribuer une équipe de développement.”

Quelle suite sera donnée aux efforts consentis?

Pour savoir quelle suite les participants imaginent pour les projets prototypés, lire notre article – Article réservé à nos abonnés Select et Premium.

Neuf projets. Sept thèmes

Parmi les projets sur lesquels les équipes ont développé un prototype, citons:

  • une application de planification de mission économique à l’étranger (en ce compris la gestion de la participation et du suivi) – projet porté par l’AWEX
  • un site d’informations et de suivi sur les chantiers ouverts sur la voie publique – projet proposé par Belgacom
  • un site de crowdfunding pour le financement d’oeuvres d’art exposées dans divers lieux privés ou publics – projet imagina par Dié de Caritat.

Vous pouvez découvrir les différents projets dans la suite de cet article – suite réservée à nos abonnés Select ou Premium. [ Pour vous abonner, utilisez ce lien ]

“Couteau Suisse”

Une équipe de l’agence Internet montoise Meaweb a planché sur une idée d’une application Web, proposée par l’AWEX. Elle vise à permettre aux participants de missions économiques de préparer leur voyage et d’en assurer le suivi. Une sorte de gestion de projet à périmètre spécifique. L’ensemble des démarches et étapes y sont décrites et formalisées, pour chaque participant, “depuis la demande de visa jusqu’au suivi de l’évolution de chacun, une fois le voyage terminé, en passant par l’interaction avec l’attaché économique sur place”. Des checklists balisent le parcours et évitent les oublis.

Source: Awex

L’application a été développée en mode full responsive (pour tout type de terminal et d’écran), multi-plates-formes (Android, iOS, Microsoft…) et multi-utilisateurs. “Les collaborateurs de l’AWEX peuvent prévoir les tâches à partir de leur desktop habituel, mais l’ensemble des participants remplissent les tâches à partir de leur smartphone ou tablette.”

Le développement de l’application “Couteau suisse” a sans doute des chances de poursuivre son petit bonhomme de chemin. Suite à la démo effectuée à l’issue du camp de développement, l’équipe de meaWeb a eu de nouveaux contacts avec l’AWEX en vue de venir présenter l’application à l’ensemble des délégués internationaux qui se réuniront, début septembre. meaWeb croise les doigts…

Le code, lui, n’a pas encore été publié sur Github, meaWeb voulant tout d’abord l’améliorer. “Afin de nous challenger nous-même encore un peu plus, du côté programmation, nous avons en effet utilisé des frameworks que nous ne connaissions pas encore.” Il faudra donc revérifier et “fignoler”.

CreativeCity

CreativeCity est un projet de site communautaire présentant un agenda partagé des diverses événements et initiatives d’associations, communautés d’intérêts ou simples citoyens engagés dans des activités liées à la créativité, sur le territoire d’une ville ou d’une commune.

Pour éviter le “tout venant”, le mécanisme imaginé vise à “labelliser” les initiatives. Le moyen? Un système collaboratif de publication d’articles, avec validation par un comité central. Pour être publiée, une information doit recueillir au moins 30% de votes favorables auprès du comité et moins de 15% de votes contre. “L’enjeu de l’outil était de faire un système de votes extrêmement souple avec argumentation”, explique Michaël Hoste, l’un des développeurs ayant travaillé sur le prototype. “Un autre enjeu était de créer un système du genre Doodle, sans log in mais avec un mécanisme d’envoi de mails aux membres de la communauté, mails qui contiendraient un lien spécial.”

L’objectif est d’en faire un outil que les villes mais aussi d’autres types de “communautés” pourraient s’approprier pour leurs propres besoins.  “Tout rassemblement de personnes voulant créer une sorte de label pour des initiatives pourrait bénéficier d’un tel projet. Cela pourrait être un club de joggeurs qui veulent rassembler des courses “de qualité” dans la région, des amateurs d’art contemporains voulant mettre en avant les expos intéressantes en Europe de l’Ouest, etc.”

BeneFund

Ce projet, proposé par Dié de Caritat, actif dans le monde artistique, BeneFund est une idée de site de crowdfunding dédié à l’acquisition d’œuvres d’art. Le financement par la “foule” permettrait d’en faire bénéficier un musée ou une quelconque institution, de préférence non commerciale.

Autre particularité: ce sont les crowdfunders, en votant pour les oeuvres, qui déterminent et choisissent leur “destination”. En guise de “rétribution” pour leurs dons, les crowdfunders pourraient décrocher certains avantages, échelonnés en fonction de l’importance de leur contribution (“invitation à un vernissage, à un concert…”).

OpenDataMap

Proposé par la start-up bruxelloise Swan Insights, ce projet vise à donner naissance à un site qui permettrait de visualiser les “gisements” big data et autres open data. On assiste en effet à une augmentation (certes lente et progressive, chez nous) du nombre d’organismes, publics ou commerciaux, qui mettent certains jeux de données à disposition de quiconque est intéressé. L’idée est de permettre de les “repérer” en les visualisant sur une carte de Belgique, par le biais d’une série de “calques” (catégorisés par thème, par exemple). “Cela permettrait notamment à une entreprise de voir quelles sont les caractéristiques des endroits où se situent ses clients.”

PhotoTrak

Pas moins de trois équipes se sont attelées, en parallèle, à la réalisation d’une même idée (proposée par Belgacom). A savoir: un site Internet doublé d’une application mobile qui permettrait à tout impétrant amené à effectuer des travaux sur la voie publique de gérer, publier et rendre accessibles au grand public – et aux autres organismes – toutes les informations sur les travaux planifiés ou en cours et sur leur état d’avancement. Un peu à la manière de ce que permet désormais de faire la solution Osiris à Bruxelles. 

Les trois équipes (venues de chez Orthanc, myShopy/Agilys et Trasys) ont travaillé en parallèle. Le temps imparti était de toute façon trop court pour croiser les idées. Ce que regrette Sébastien Jodogne, initiateur de la solution Orthanc : “Avec un peu plus de temps devant nous, il aurait clairement été intéressant de combiner toutes les forces des 3 différentes approches. Notre équipe a travaillé sur base de ses propres points forts: approche académique, contrôle-qualité et habitude de l’open-source. Trasys a adopté une vision plus corporate tandis que MyShopi a plutôt abordé le sujet sous un angle très design et dans l’esprit start-up”.

Ou encore…

MyCoach est un projet qui vise à permettre à des personnes détentrices d’une certaine expertise professionnelle (“depuis le juriste jusqu’au prof d’anglais, en passant par la diététicienne”) de procurer ses conseils et services à distance, via VoIP ou visioconférence. Un thème maintes fois exploré lors des habituels concours de projets…

Acadewy est un site d’aide à la formation, où l’on trouverait des ressources (vidéos, documents références, MOOC…) classées par thématique qu’il serait possible de recombiner “pour former de nouveaux parcours cohérents d’apprentissage”. Les parcours de formation de quiconque “piocherait” dans ce site seraient mis en ligne, “servant d’émulation [par exemple, entre personnes ayant choisi le même thème ou sujet] et permettant aux utilisateurs de mettre à jour leur progression.”