Vigo Universal (Namur) inaugure ce 27 juin un centre de réplication 3D au centre de la capitale wallonne. Pas une simple boutique où l’on pourrait venir faire reproduire l’un ou l’autre “objet” via impression 3D mais plutôt, affirme Christophe Hermanns, fondateur et directeur de Vigo, un centre qui assumera toute la chaîne de création, depuis la numérisation (scanning 3D) jusqu’à l’impression, sur une variété de scanners et d’imprimantes 3D, en passant par la retouche de fichiers, le prototypage rapide et de la production en série.
“Les autres magasins qui voient le jour sont monomarque, sponsorisés par un fabricant. Nous voulons la variété afin de répondre à toutes les sollicitations.” L’impression 3D pourra ainsi s’adresser à un public très varié, tant privé que professionnel ou culturel, et produire des objets dans de multiples matières: plastique, nylon, poudre de résine, plâtre… en de multiples couleurs.
A découvrir donc dès la fin du mois.
Mais Vigo n’a pas attendu l’inauguration de ce centre ouvert au public pour s’aventurer dans l’impression 3D. Elle lui sert en effet aussi pour ses autres axes d’activités (voir encadré ci-dessous). De quoi rentabiliser, en partie, l’investissement.
Vigo Universal
La société de Christophe Hermanns opère selon un modèle un peu particulier. Au fil du temps, il a en effet développé six activités apparemment hétéroclites mais qui se croisent au gré des projets. Cette complémentarité, pas forcément planifiée au départ, permet à la petite équipe (6 personnes et des freelances embrigadés au fil des projets) de répondre à des demandes variées – et de traverser les périodes de vaches maigres que peuvent subir l’un ou l’autre secteur.
Quelles sont ces six axes d’activités? Développements IT; agence de communication et de design; numérisation et réplication 3D; robotique; événementiel; reportages photos et multimédias.
Les imprimantes 3D ont ainsi déjà servi et continueront de servir pour ses projets robotiques. La société a par exemple conçu pour un client un robot utilisé à des fins de marketing. Hauteur: 50 centimètres.
“Nous avions besoin de pièces pour ce robot. Nous avons par exemple refait les bras 5 ou 6 fois. Nous l’avons conçu et produit par raffinements successifs. Rien de tel qu’un modèle réel pour obtenir ce qu’on désire. Le client, de toute façon, n’est pas capable d’apprécier et de comprendre des plans d’ingénieur.
L’impression 3D de pièces permet de prototyper plus rapidement, en cycles courts et rapides, avec un degré de qualité supérieur puisque nous procédons aux adaptations au fur et à mesure. Nous pouvons ainsi proposer ce dont le client a réellement besoin sans passer par des sous-traitants.”
Premier client… Vigo elle-même
Autre exemple de synergie entre les activités de Vigo: la production 3D lui est aussi utile pour ses productions pyrotechniques. C’est là la passion première de Christophe Hermanns, dont il a fait une activité professionnelle pour l’animation d’événements. Sa troupe Les Orryflammes peut ainsi désormais compter sur le département 3D pour la conception de coques spéciales de fixation, pour la découpe laser de plates-formes, et même pour la simulation 3D, sur ordinateur, de la scène où les artistes évolueront entre les canons à feu.
Maquette produite en impression 3D. Document : Vigo Universal
“Nos propres compétences en informatique et en électronique nous permettent par ailleurs de modifier les matériels existants. Nous achetons les pièces et nous adaptons le matériel afin de pouvoir donner naissance à une imprimante 3D au prix plus abordable. Nous parvenons ainsi à réduire de moitié le prix d’une imprimante 3D, avec une qualité supérieure à ce que donne classiquement une MakerBot pour les besoins de Monsieur Tout-le-Monde. Et nous y ajoutons une panoplie de services: scanning, design, service de reproduction…”
Vigo ne mise pas uniquement sur la fabrication “additive” (impression 3D) mais procurera aussi des services de fabrication plus classique, de type “soustractif” (découpe laser, fabrication par marchines outils à commande numérique).
“Nous appliquons le principe des vases communicants. C’est assez atypique. Les investisseurs, d’ailleurs, n’ont pas cru dans notre modèle au départ.” Résultat: Vigo a dû progresser sur ses propres deniers. “Mais nous avons prouvé qu’il était possible d’avoir un panel d’activités varié. Peut-être certains investisseurs se rendront-ils compte, aujourd’hui, qu’une société polyvalente peut marcher…” Et ces investissements nouveaux pourraient être les bienvenus au cas où Vigo voudrait accroître son parc de machines 3D.
Une demande multi-forme
Parmi les clients qui ont déjà demandé des (re)productions 3D à Vigo, citons des musées (qui envisagent d’utiliser cette technique pour la production de souvenirs à vendre dans leurs boutiques), des architectes (production de modèles), des maquettistes… Sans oublier le citoyen lambda pour la production d’objets en tous genres (bibelots, bijoux en plastique…).
“Depuis le début de l’année, 250 personnes se sont fait scanner pour obtenir leur buste en miniature. Nous allons développer notre propre système permettant de scanner une personne, en pied, en moins d’une seconde.” Non seulement pour la production éventuelle d’une figurine 3D mais aussi pour réutilisation de la forme scannée sous forme de personnage virtuel à inclure dans des productions vidéos avec effets spéciaux.
Et l’entreprise? “J’imaginais en effet que la demande viendrait aussi, initialement, du monde des entreprises. Pour du prototypage rapide. Nous n’avons pas encore activement démarché ce marché. Nous le ferons sans doute à terme par le biais de conférences ou autres activités d’évangélisation.”
Reproduction 3D, ludique, d’une mâchoire pour aider les enfants à comprendre certains concepts. Document: Vigo Universal
Vigo va par ailleurs organiser des cours, en semaine, à l’attention de ses clients et des séances d’information en soirée.
Des contacts sont également en cours avec le monde de l’enseignement. L’ambition de Christophe Hermanns? “Trouver un accord avec les écoles et centres de recherche afin de mettre l’impression 3D à la portée des étudiants. Mais pour cela les prix doivent se démocratiser. J’imagine d’ouvrir un espace où les élèves et étudiants pourraient venir imprimer à moindre coût, par exemple dans le cadre de leurs travaux de fin d’études. Et ce afin de les motiver davantage à se lancer dans des études, des réalisations, de la recherche…”
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