La section locale du réseau international Health 2.0 organisait, ce 10 juin, sa première conférence belge, mettant en scène sept start-ups positionnées sur le terrain de l’e-santé qui développent par exemple des solutions de télémédecine, de médecine “participative” ou d’applications visant la gestion automatisée des données et processus médicaux.
Toutes les start-ups participantes sont, à des degrés divers, “suivies” et épaulées par Impulse (ex-Agence Bruxelloise pour l’Entreprise) au travers de son cluster Lifetech.brussels, un réseau d’entreprises actives dans les sciences du vivant et qui compte de plus en plus de “jeunes pousses” orientées IT et numériques (15 nouvelles adhésions venues de ce secteur au cours des six derniers mois).
Health 2.0 made in Belgium
Health 2.0, initiative née en Californie en 2007, ouvre progressivement des antennes dans le monde entier. Son but, au travers de concours de développements, de conférences et d’un portail Internet, est de faire la promotion et de faire naître une communauté internationale afin de favoriser le développement de projets et start-ups spécialisées dans les technologies innovantes dédiées aux soins de santé “2.0”.
Azèle Mathieu (Impulse/Lifetech.brussels): “Si nous n’apportons pas aux entreprises positionnées dans le “digital health”, une vitrine pour qu’elles puissent confronter leurs idées et tester leurs innovations, elles ne pourront pas suffisamment tirer parti, rapidement, de leur avancée technologique.”
Les conférences, locales ou internationales, servent de tribunes aux projets et start-ups en quête de visibilité, de partenariats, d’idées complémentaires, sans oublier les très utiles financements.
Chaque section locale Health 2.0 a pour mission de promouvoir les technologies e-santé, de service de tribune pour les acteurs locaux et de favoriser le développement d’un éco-système orienté e-santé.
La section bruxelloise a été créée par Mitchell Silva, par ailleurs co-fondateur de la start-up Esperity et initiateur du projet MiMedication, solution de suivi en-ligne de patients souffrant de maladies chroniques.
Health 2.0 Bruxelles s’appuie sur 4 partenaires: Impulse (via le cluster Lifetech.brussels), HealthStartup.eu (lui aussi organisateur d’événements et animateur de réseau orienté e-santé, et les MIC Bruxelles et Vlaanderen. L’espoir est d’essaimer dans d’autres villes belges et d’organiser 4 conférences par an (le prochain rendez-vous est fixé à Bruxelles le 14 octobre).
“Le but”, explique Azèle Mathieu, directrice du cluster Lifetech.brussels, “est de consolider l’écosystème local, de faire émerger de nouvelles solutions, de promouvoir les acteurs locaux et de leur procurer un tremplin de visibilité et de développement à l’étranger.”
Les participants aux éditions locales ont en outre l’opportunité d’aller présenter leurs projets à la grand-messe mondiale annuelle, qui se déroulera cette année à Santa Clara du 21 au 24 septembre.
Les conférences, mais aussi les “code-athons”, servent de relais, de vitrine vers l’international grâce au maillage instauré par Health 2.0: quelque 70 sections locales, des conférences organisées dans 70 villes et 4 continents, 15.000 participants – cumulés – à ce jour, une communauté où se croisent entrepreneurs, financiers, professionnels de la santé, ingénieurs, acteurs publics.
Via les “code-athons” et le programme Developer Challenge, le réseau Health 2.0 a déjà permis à des dizaines de sociétés de lever plus de 6,6 millions de dollars depuis sa création.
7 start-up en piste
A l’exception d’une société venue du Limbourg (Cubigo), les 7 start-ups qui étaient venues présenter leur projet à la conférence bruxelloise Health 2.0 sont toutes implantées (ou ont basé au moins une partie de leurs activités) à Bruxelles. Condition sine qua non pour pouvoir bénéficier de l’accompagnement d’Impulse, en l’occurrence via son cluster Lifetech.brussels.
Voici, classés par ordre alphabétique, un bref descriptif de leurs projets. Vous y retrouverez plusieurs projets et start-ups dont nous avons déjà eu l’occasion de vous parler.
Esperity, un projet de réseau social visant à apporter soutien, entraide et conseils aux patients souffrants de cancer. Relire l’article que nous avons publié à son sujet.
FeasyMotion. C’est le nom opérationnel que s’est choisi le projet ICT4Rehab, dont nous avons déjà eu l’occasion de vous parler. Ce projet de recherche conjoint de l’ULB et de la VUB (Advanced ICR Platform for Rehabilitation) propose une plate-forme de développement de mini-jeux sérieux dont les paramètres peuvent être adaptés à diverses pathologies. Le projet, en phase de constitution de spin-off, a entamé de nouveaux développements afin de permettre une utilisation à distance de la plate-forme et des jeux, pour des soins et exercices de revalidation à domicile.
Imagilys: solution logicielle de neuroimagerie (BrainMagix). Basée notamment sur des algorithmes développés par des institutions médicales et hospitalières partenaires (dont la Harvard Medical School ou John Hopkins Medicine), la solution concerne l’analyse des images du cerveau. Sa spécificité: permettre une superposition et l’alignement rapides, automatiques et précis de divers types d’images (radiographies, tomographies, IRM…). Cela permet par exemple de combiner les images de tumeurs avec celles des zones critiques du cerveau (concentration de vaisseaux sanguins, zones de la parole ou de la vue…) et de guider ainsi le chirurgien ou le médecin dans les soins ou interventions. La solution sert à la fois à des fins de diagnostic, de traitement et de recherche pour le développement et l’utilisation de biomarqueurs. Des modules supplémentaires, dédiés à des maladies telles que la sclérose en plaques ou Alzheimer, sont en cours de développement.
Intuitim est une solution d’annotation standardisée et structurée de mammographies numériques. Initiée par une équipe de l’UCL (voir notre article) qui s’est constituée en spin-off en novembre 2012, elle vise à fournir aux radiologues une solution plus efficace que le traditionnel dictaphone actuel.
Le fait de pouvoir sélectionner automatiquement dans un référentiel de codes standardisés les éléments qui lui permettront d’annoter visuellement les clichés radios traditionnels et de générer automatiquement un rapport destiné au médecin permet à la fois d’accélérer et de sécuriser le processus et de “dialoguer dans un langage universel”, compréhensibles par tous les intervenants de la chaîne de diagnostic et de soins. Même s’ils opèrent à distance, potentiellement dans divers pays (télé-diagnostic et télé-conseils).
LindaCare est une solution de télésurveillance des signes vitaux de patients cardiaques chroniques. Elle prend la forme d’un tableau de bord qui collationne, centralise et hiérarchise les paramètres et alertes émis par tous types d’appareils de surveillance cardiaque, quel que soit le fournisseur (Medtronic, Boston Scientific, Biotronik…). Jusqu’ici les systèmes de télésurveillance (service d’un hôpital ou centre de soins privé) doivent jongler avec les écrans et systèmes, propriétaires, fournis par les différents fournisseurs d’équipements.
Ce tableau de bord unifié fait fi de cette disparité, rassemblant en un même écran toutes les informations utiles, triées par ordre d’urgence (la société a mis au point un mécanisme via lequel chaque hôpital ou centre de soins peut “personnaliser” les niveaux d’alerte en gommant les disparités et spécificités des solutions propriétaires des fabricants). “Jusqu’ici, le préposé à la gestion du service de télé-alerte recevait les alertes via les mails provenant des différents serveurs des fabricants qui collectent les alertes de leurs systèmes installés auprès des patients. En cliquant sur ces mails, le préposé – souvent une infirmière – accède alors à l’information sur le portail du fournisseur. Désormais, il ou elle a toutes les informations, uniformisées et centralisées, sur un seul écran et peut mieux gérer les flux et les actions à prendre”, explique Shahram Sharif, directeur de LindaCare. Outre les alertes, le tableau de bord donne en effet accès aux historiques des patients.
La solution peut être installée sur le site de l’hôpital ou du centre de télé-surveillance ou dans le cloud, en mode SaaS. Coût de la solution: 5 à 10 euros par mois et par patient.
Dans l’immédiat, LindaCare est à la recherche de 300.000 euros lui permettant de renforcer son équipement de développement.
Talos Health Solutions a mis au point un “centre de congrès virtuel” (www.healthwebevents.com), dédié à l’information médicale. La plate-forme d’informations en-ligne diffuse des conférences, des exposés, des vidéos, propose des salles de conférences et espaces d’exposition virtuels, organise des sessions de questions-réponse. Sous l’égide d’un comité scientifique, garant de la rigueur des contenus. “Cela permet des interactions directes entre leaders d’opinion, professionnels et patients, en 11 langues, sans limites géographiques.”
VR4Smile est une jeune structure, née à l’initiative de Belle Productions, société de Mon-Saint-Guibert spécialisée dans la création de jeux sérieux, et de Jérôme Laurent, infirmier au Chirec.
Le projet VR4Child vise à développer des applications mobiles de réalité augmentée pour tablettes afin de générer des environnements virtuels agissant sur la perception qu’ont les jeunes enfants malades de leurs conditions d’hospitalisation. Les applications de réalité augmentée permettent d’introduire des éléments virtuels dans l’environnement réel.
Sur les vues en temps réel de la chambre d’hôpital, de la salle d’opération ou de la salle de réveil que filme la caméra de la tablette, vient se surimposer un scénario virtuel. Ces éléments permettent à l’enfant de réduire son stress, de faire abstraction des côtés douloureux ou désagréables de sa situation. Par exemple, via la simulation d’un pompier arrosant une blessure par brûlure ou la création de nuages qui viennent masquer un équipement que l’enfant préfère ne pas voir.
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