Pendant deux jours, près de 20 développeurs ont imaginé de nouveaux jeux sérieux à finalité de rééducation physique de personnes accidentées ou relevant de maladie. Cet “Appathon” baptisé ICT4Rehab a été organisé conjointement par la VUB (département ETRO – Electronique & Informatique), l’ULB (Laboratoire d’Anatomie, de Biomécanique et d’Organogénèse de la Faculté de Médecine) et le MIC (Microsoft Innovation Center) de Bruxelles.
ICT4Rehab (Advanced ICT Platform for Rehabilitation) est un projet de recherche et développement lancé voici 3 ans par l’ULB et la VUB, dont nous avons déjà eu l’occasion de parler. Relire notre article.
Les jeux à développer devaient favoriser le réapprentissage et la réappropriation de gestes, mouvements et réflexes, en jouant sur la sollicitation des muscles mais aussi des capacités cognitives, tout en favorisant bien entendu le côté ludique, considéré comme un instrument majeur pour la motivation des patients. Telle qu’elle a été conçue par les équipes de la VUB et de l’ULB, la plate-forme de développement permettra de transposer ces jeux sur diverses plates-formes: Wii Board, smartphones, systèmes pilotés par caméras Softkinetics, Kinect…
Quatre jeux ont reçu des récompenses:
– “Falling Fruits” de Hayck Tamazian. Défi: recueillir dix fruits dans un panier. Le jeu permettra au thérapeute de moduler la vitesse, de choisir la zone de chute des fruits, leur direction et sélectionner les exercices les plus adéquats selon le cas de chaque patient.
– Daedalus d’Antoine Verbeek: jeu de labyrinthe faisant appel aux compétences cognitives et motrices du patient. Trois niveaux de difficulté sont prévus. Le niveau le plus élevé simule par exemple trous sur leur trajet du labyrinthe qu’il s’agira d’éviter pour atteindre la sortie.
– Space Game de Sébastien de Beaufort: le patient/joueur, mis dans la situation d’un astronaute, devra effectuer des mouvements, dans l’axe horizontal et vertical, pour éviter des trous noirs et se rapprocher des étoiles. Motivation supplémentaire: atteindre les étoiles est essentiel pour le jeu puisqu’elles… assurent l’alimentation énergétique de la fusée.
– Hit the moles: un jeu qui fait surgir des taupes de leur trou, selon des vitesses variables. Au joueur d’en toucher un maximum avec la main.
De l’eau au moulin
En faisant appel à des développeurs, dans le cadre d’un appathon, le but de l’équipe universitaire mixte ICT4Rehab était d’étoffer leur répertoire de jeux, jugé encore un peu léger par les investisseurs qu’ils essaient de convaincre dans la perspective du lancement d’une spin-off.
Prof. Serge Van Sint Jan (ULB): “Finaliser certains développements est l’affaire tout au plus de 3 ou 5 mois de travail. Mais il nous faudrait trouver un minimum d’investissement.”
Les jeux développés resteront la propriété de leurs auteurs mais l’équipe ICT4Rehab aura un premier droit de regard (et d’usage). “Une proposition de rétribution sera bientôt faite aux auteurs”, précise Serge Van Sint Jan, du département LABO (Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse) de l’ULB. “Trois des jeux sont quasi des produits finis. Il nous suffira de procéder à quelques petites développements supplémentaires afin de leur faire exploiter la totalité des ressources de notre plate-forme.”
Pour ce qui est de cette dernière, “la phase de recherche est désormais bouclée”, déclare-t-il. “Plusieurs centres et services hospitaliers de réhabilitation [tant en Belgique qu’à l’étranger] ont validé notre solution. Le processus de valorisation, via lancement d’une spin-off, est en cours, avec notamment des négociations en vue d’une convention de valorisation préservant les intérêts des deux universités. Il nous faut maintenant trouver des investisseurs.” Et les convaincre que la plate-forme de développement développée et les jeux sérieux qui pourront être utilisés tant par les professionnels que dans le cadre du domicile du patient sont une “valeur sûre” ou, à tout le moins, un investissement qu’ils pourront rentabiliser à l’avenir. Après tout, l’Union européenne, dans son Agenda numérique, réserve une place non négligeable aux projets et financements eHealth…
“Le temps presse désormais pour nous de trouver ces investisseurs”, souligne Serge Van Sint Jan. “Des concurrents commencent à se pointer, parfois avec des solutions moins abouties, moins scientifiquement validées que la nôtre mais qui ont l’avantage d’attirer des capitaux plus rapidement que nous.”
Une piste envisagée est dès lors de proposer aux investisseurs potentiels de procéder par étapes. “Dans l’immédiat, nous aurions besoin de 300 à 400.000 euros pour finaliser certains développements, notamment au niveau de la base de données. C’est l’affaire tout au plus de 3 ou 5 mois de travail.” Les premiers investissements permettront aussi d’ajouter quelques nouveaux jeux au catalogue qui en compte actuellement une bonne quinzaine. “L’Appathon a permis de confirmer que la plate-forme que nous avons développée permet de développer rapidement de nouveaux jeux”, souligne Philippe Mathieu, en charge du business development.
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