A l’occasion de sa grand-messe annuelle, le CIRB (Centre Informatique pour la Région bruxelloise) dévoilait hier ce qui devrait devenir l’un des axes majeurs du plan d’action informatique de la Région de Bruxelles-Capitale pour la législature 2014-2019. A condition, bien entendu, que le prochain gouvernement et les acteurs politiques qui le constitueront confirment les choix posés en cette fin de législature. Ce qui d’ailleurs n’est sans doute pas chose acquise, les “sensibilités” politiques n’étant pas alignées sur tous les points ou sur la manière de concrétiser les objectifs.
Mais venons-en aux grands “piliers” d’action tels qu’exposés hier par le CIRB et par son ministre de tutelle Brigitte Grouwels.
Message d’Hervé Feuillien, directeur général du CIRB: “Nous insistons pour qu’un chapitre informatique figure en bonne place lors de la constitution du futur gouvernement. Le projet Smart Brussels ne sera pas une réalité sans les nouvelles technologies. Il est nécessaire d’accélérer le processus de virtualisation de l’IT. Nous ne somme en effet pas assez grand et pas assez riche pour développer chacun dans notre coin. Il faut donc poursuivre dans la voie de la mutualisation pour faire des sauts qualitatifs. […] Les solutions esquissées dans notre Livre blanc smart brussels sont réalistes et nécessaires.”
Les 5 “piliers” du Livre blanc
Le projet “Smart Brussels” traduit la volonté de la Région Bruxelles-Capitale de revendiquer et de justifier ses ambitions de métropole en pointe – et attractive – sur la scène internationale en devenant une “région connectée, durable, sécurisante et ouverte”.
Pour devenir une métropole “intelligente”, cinq dossiers sont considérés comme prioritaires:
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Hervé Feuillien: “Nous insistons pour qu’un chapitre informatique figure en bonne place lors de la constitution du futur gouvernement. Le projet Smart Brussels ne sera pas une réalité sans les nouvelles technologies.”
la poursuite du renforcement du réseau IRISnet;
- la construction d’un datacenter régional;
- la mise en oeuvre d’une plate-forme mutualisée de vidéoprotection;
- l’accession du CIRB au rôle d’intégrateur de services (et de flux de données);
- et le déploiement de la fibre vers l’ensemble des écoles secondaires (“premier pas vers le FTTH- fiber to the home”).
Cinq chantiers qui ont soit été engagés, soit décrits sur papier par la présente législature. Certains de ces dossiers doivent encore être confirmés et avalisés par le gouvernement. Notamment … la plate-forme de vidéoprotection. Certains des dossiers, sinon tous, devront en outre être confirmés par les prochains vainqueurs des élections. A moins que certaines priorités ne soient remises en jeu.
A cet égard, Hervé Feuillien insistait sur la nécessité de “mettre smart.brussels en oeuvre dans une dynamique collégiale. Il faut que cela devienne une logique de tout un gouvernement et non seulement d’un ministre individuel” qui doit, à chaque fois, prendre son bâton de pèlerin pour convaincre les autres. “Il faut axer smart.brussels sur des objectifs mesurables afin de faire entrer le projet dans une dynamique. Il faut un monitoring permanent et non pas seulement les généralités classiques que l’on retrouve dans un accord de gouvernement. L’approche et la gouvernance doivent être globales. J’en appelle donc à tous pour que vous nous aidiez à faire de Bruxelles une smart city.”
Data center régional
Nous vous avons déjà parlé de la création de ce datacenter régional (DCR) qui doit en principe être opérationnel en 2016. Ses modalités de mise en oeuvre font actuellement l’objet de négociations.
A terme, il proposera une superficie brute de 3.900 m² (surface utile de l’ordre de 1.900 m²) – même si, dans un premier temps, sa surface ne sera que de 1.500 m² (surface utile: 750 m²). Lorsque la totalité de l’espace aura été construit et aménagé, le DCR pourra accueillir, réparties sur deux étages, quelque 500 armoires serveur de haute densité. De quoi accueillir non seulement les systèmes du CIRB et ceux des deux autres partenaires “bâtisseurs” du DCR (Sibelga et la STIB) mais aussi ceux d’autres organismes et administrations publiques de la Région.
Le DCR pourrait également réserver une partie de son espace pour les besoins de PME qui auraient besoin d’un site de secours en cas de souci majeur dans leur salle serveurs.
L’objectif premier est en effet de mettre fin à l’éparpillement des infrastructures (une centaine de petites salles serveurs pour tous les services régionaux concernés) et de réaliser des économies opérationnelles. Parmi les services et organismes qui pourraient donc y loger leur informatique, citons Bruxelles Environnement, le Gial (le service informatique de la Ville de Bruxelles), le réseau IRIS des hôpitaux publics de Bruxelles, ou encore le CPAS de la Ville. Des services de type IaaS/PaaS, SaaS et DaaS (infrastructure, plates-formes, logiciels et bureaux virtuels) seront proposés aux services publics régionaux, zones de police, administrations communales, institutions régionales (Société régionale de Logement, IBGE…).
Même si l’objectif est de rationaliser en réunissant en un même espace, plus performant et sécurisé, les infrastructures et parcs IT de la Région et de multiples organismes régionaux, le futur DCR ne sera pas le seul et unique site de calcul et de stockage de la Région. Deux autres sites (déjà existants et sensiblement plus modestes) seront conservés. A savoir, les 75 m² de la salle serveur hébergée sur le site de l’ULB/VUB et les 175 m² situés dans le bâtiment qu’occupe le CIRB, à proximité de la rue de la Loi.
Ces 3 sites, distants chacun d’un maximum de 4,6 kilomètres, opéreront en miroir. Tous feront en effet office de sites primaires et secondaires, simultanément, souligne Philippe Coppens, responsable du service infrastructure au CIRB. “La répartition des charges sera constante. Il sera possible d’opérer de la maintenance sur l’un des sites sans impacter les autres. En cas de dégradation temporaire, les applications critiques auront la priorité tandis que les applications moins critiques fonctionneront, un temps, en mode dégradé.”
Vidéoprotection
En avril 2013, le CIRB avait été chargé par le gouvernement bruxellois de mener une étude d’opportunité pour l’implémentation d’un projet de “mutualisation” des images de caméras de surveillance au sein d’une plate-forme centralisée. Pour étudier les scénarios possibles, une délégation régionale (instances régionales, représentants de communes, de zones de police et de services d’urgence), avait par exemple rendu visite à leurs homologues parisiens. Relire notre article.
L’objectif, en cours de prochaine législature (dès 2015?), est de permettre aux zones de police, à Bruxelles Mobilité, aux pompiers, aux communes mais aussi à la STIB et au Port de Bruxelles de s’échanger leurs images dans une optique de “protection”. Autrement dit: “mieux harmoniser la chaîne de prévention, de sécurité et de services de secours, en l’élargissant à la gestion du trafic et à la coordinations d’événements drainant un important public. La mutualisation des images vidéo [via un système central, une intégration des formats et des centres de dispatching locaux] doit permettre de les mettre au service des missions de tous les acteurs qui gagnent à avoir un regard à distance sur l’espace public, avec une importante économie d’échelle à la clé.” Economie évaluée à 13,5 millions d’euros sur six ans.
Autoriser les échanges d’images entre divers acteurs publics, afin de mieux “protéger” le public. Finalités? Ordre public, fluidité du trafic, détection de risques, aide aux services d’urgence.
Près de 2.900 caméras pourraient être concernées d’ici 2018 ou 2019.
Le dossier n’est pas encore passé au gouvernement bruxellois mais ce devrait être le cas à court ou moyen terme, avant la fin de la législature en tout cas. Toutes ses composantes politiques sont-elles favorables au dossier? “Il y a un consensus politique autour du projet”, indique Dixit Feuillien, “mais on relève encore quelques réticences et résistances, d’ordre technique, sur la manière de le mettre en oeuvre.”
Intégrateur de services
Enfin, dernier axe qui tient particulièrement à coeur du CIRB: son rôle d’intégrateur de services. Et l’on ne parle pas ici uniquement des services qu’il peut prester (réalisation de projets, offre d’infrastructures et solutions mutualisées) mais aussi et surtout de l’orchestration et encadrement des échanges de données entre institutions et acteurs publics régionaux [Ndlr: ce qu’on appelle généralement les Banques Carrefour d’Echange de Données] et de promotion du recours aux sources authentiques. “En la matière, la Région de Bruxelles-Capitale est bonne dernière. Les autres entités fédérées – Flandre et Wallonie – ont déjà bouclé ce dossier et avancé. Or, il s’agit d’un élément-clé pour la simplification administrative…”
Quelques autres chantiers encore
En matière de connectivité, la Région veut poursuivre le déploiement de réseaux haut débit (câblés ou sans-fil). C’est dans ce chapitre qu’il faut ranger:
- le déploiement de la fibre optique pour les 136 écoles secondaires de la Région (première phase: généralisation du VDSL2) avec un débit garantit de 20 Mbps contre 2 ou 3 actuellement
- la connexion de 425 sites d’institutions publiques à la large bande (160 le sont actuellement)
- l’extension de la couverture du réseau WiFi UrbiZone: 38 zones sont aujourd’hui couvertes; il s’agira de passer à 60, en ce compris les bibliothèques communales (une par commune) et les 8 principales stations de métro (des négociations ont été engagées avec la Sitb). L’extension aux bibliothèques et stations de métro doit encore être approuvée par le gouvernement.
Brigitte Grouwels: “Le CIRB se montre très ambitieux afin de faire de Bruxelles la première des smart cities européennes. Et j’espère que le prochain gouvernement le sera aussi.”
Au rayon “durabilité”, de nouveaux projets de dématérialisation des échanges entre institutions verront le jour, dans la foulée des projets BOS (Back-Office Secrétariat), NOVA (dématérialisation des permis d’urbanisme et d’environnement) et Tutelle Exchange (transmission électronique des documents de tutelle).
smart.brussels “région ouverte” s’appuiera notamment sur la généralisation des open data.
Deux “dimensions” smart city manquent encore dans le scénario esquissé: l’énergie et la mobilité. “Ces indicateurs n’apparaissent pas parmi ceux que nous avons retenus pour formuler notre plan d’action. C’est sans doute une lacune dans notre approche”, reconnaît Hervé Feuillien. “Mais elle pourrait être comblée sous la prochaine législature. De quoi nous permettre de mieux supporter la comparaison avec d’autres métropoles, dans un contexte de digital marketing.”
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