Crowd’In verra le jour fin février. Cette nouvelle plate-forme de crowdfunding, d’origine liégeoise, s’adressera essentiellement à des porteurs de projets en phase d’amorçage ou de lancement ayant des finalités économiques (start-ups), créatives (cible: les industries créatives au sens large) ou sociales. Parmi ses chevaux de bataille: le commerce de proximité et la revalorisation des quartiers.
Pour se différencier par rapport à la concurrence – tant locale que celle venue de l’étranger -, Crowd’In veut jouer sur l’argument “collaboration”. “La plate-forme sera en effet un espace collaboratif à plusieurs égards: mutualisation de fonds, mais aussi mutualisation de compétences et de connaissances, via du crowdsourcing, et mutualisation d’actions, par ce que nous appelons le crowd-acting, autrement dit d’intelligence collaborative et de co-création.”
Les porteurs de projets rencontreront la communauté des contributeurs dans la “vraie vie”. L’équipe Crowd’In désire en effet dynamiser l’échange d’expériences, de conseils et de connaissances entre la communauté qui se créera autour de la plate-forme et les porteurs de projets qui feront appel à elle. Ça, c’est pour le crowdsourcing et l’“innovation ouverte”. Au-delà, le crowd-acting veut ajouter un volet “main à la pâte”. Autrement dit, amener la communauté à agir concrètement sur le terrain pour aider les projets. dans un esprit “Makers”. “Par exemple pour réaliser une action collective de promotion, en réunissant un groupe de personnes qui mettent leurs compétences particulières au service du projet, en recrutant des figurants pour un film ou encore en proposant une main-d’œuvre collective ponctuelle souvent nécessaire aux start-up disposant de peu de moyens.”
“On ne réussira pas en solo”
Consciente que le marché belge est exigu, que le marché local du crowdfunding est encore ténu et non rentable et que la concurrence étrangère représente une vraie menace, Crowd’In doit se différencier. Non seulement par l’approche “co-création” et “proximité” mais aussi en jouant la carte de la crédibilité. Et cela se jouera à divers niveaux: évaluation et pré-sélection des projets, accompagnement des campagnes, suivi des porteurs de projets après bouclage de la campagne de crowdfunding.
Joseph D’Ippolito: amener la communauté à agir concrètement sur le terrain pour aider les projets
“Pour capter des parts de marché, nous devons nous montrer plus créatifs. Pour mieux tenir le coup face à la concurrence, nous estimons important de pouvoir nous adosser à une structure publique ou à une banque.” Un partenaire qui sera d’autant plus important pour la phase ultérieure qu’envisage déjà la plate-forme et qui impliquera l’ajout d’un volet lending-based crowdfunding. Voir plus bas.
Mais dès à présent, l’équipe liégeoise veut jouer la carte des compétences multiples. Au-delà des profils variés qui la constituent (passé bancaire pour Joseph D’Ippolito, gestion financière pour Nicolas de Angelis, création de contenu et animation de communauté pour Quentin Gaillard), l’équipe fera également appel à des réseaux d’entreprise. “Nous pourrons solliciter les chefs d’entreprise qui siègent par exemple au conseil d’administration de clusters ou de pôles de compétitivité pour nous aider à valider la valeur des projets. Il ne nous est en effet pas possible d’être spécialisé dans tous les domaines…”
Tous les projets qui voudront lever des fonds via Crowd’In devront donc au préalable réussir ce petit exercice de pré-sélection. Parmi les critères à satisfaire: proposer un dossier bien mûri, “conceptualisé de manière stratégique, avec une claire proposition de valeur, la définition du marché visé, un scénario de croissance…”
Objectif: optimiser les chances qu’a le projet de convaincre et de récolter des fonds. Maximiser le taux de succès est, bien entendu, dans l’intérêt de la plate-forme elle-même qui doit viser à une rentabilité optimale. “Les taux de réussite sur les plates-formes de crowdfunding sont généralement bas. Même KickStarter n’affiche un taux de réussite que de 43%. Ce n’est pas énorme mais ils peuvent compter, eux, sur le volume…”, raisonne Joseph D’Ippolito. “La Belgique, elle, est un petit marché. Nous devons donc attirer des projets qualitatifs le plus rapidement possible.”
Et… viser juste en termes de sommes que les porteurs de projets tenteront de réunir et de montant des contributions. “A priori, j’estime que les objectifs ne devraient pas être trop élevés. Idéalement pas plus de 10.000 euros, sans doute.”
Le rôle de Crowd’In dépassera aussi quelque peu le cadre de la simple levée de fonds de par le service de mise en relation que l’équipe compte fournir pour les projets qui auront réussi leur campagne. “L’objectif est de poursuivre leur accompagnement au travers d’accord passé avec diverses structures d’accompagnement, qu’il s’agisse de CEI, d’incubateurs, de l’UCM, d’Innovatech… L’idée est de les aiguiller vers d’autres acteurs qui puissent les aider dans les étapes suivantes.”
Premiers pas
Pour son lancement fin du mois, Crowd’In accueillera cinq premiers projets en quête de crowdfunding. Notamment un projet de serious game et une solution orientée IT (cours de rattrapage).
Pour éviter d’être assimilé à un “gestionnaire de portefeuille”, avec toutes les contraintes légales que cela suppose, Crowd’In ne sera pas la dépositaire des sommes promises par les crowdfunders. Ce sera donc au porteur de projet d’ouvrir un compte auprès d’une banque partenaire. Le compte créé sera réservé aux dons, bloqué jusqu’à ce que la limite visée soit atteinte et libéré si la campagne est un succès. En cas de but non atteint, les contributeurs seront automatiquement remboursés par la banque.
Signalons que pour la mise en place technique de la plate-forme, Crowd’In a pu bénéficier d’une subvention accordée par la Région wallonne. “Signe que, du côté public aussi, on commence à s’intéresser à ce mécanisme de crowdfunding”, estime Joseph D’Ippolito.
Phase suivante: le crowdfunding de type prêts
La première phase, en mode reward-based crowdfunding, sera en principe une première étape pour Crowd’In. “Elle nous permettra de tester le marché, de valider notre démarche, de constituer une première communauté d’ambassadeurs.”
A terme (sans qu’il y ait déjà d’agenda précis), Crowd’In compte ajouter un volet “lending-based” à son offre. A ce stade, elle espère pouvoir ajouter une nouvelle catégorie d’acteurs aux épargnants lambda (particuliers) qui investiraient dans des projets présentés sur la plate-forme. A savoir, des investisseurs professionnels, par exemple des business angels, et “pourquoi pas des institutionnels, tels des invests publiques”, imagine Joseph D’Ippolito.
Plus encore que pour les campagnes reward-based, les projets candidats seront évalués avant d’être acceptés. Un audit préalable sera effectué par l’équipe de Crowd’In, aidée si possible par un partenaire. “Nous voudrions, pour ce faire, nous adosser à un partenaire financier, qu’il s’agisse d’une institution publique ou un fonds d’investissement, afin de pouvoir analyser efficacement tous les projets qui se porteraient candidat.
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