Osiris: travaux et chantiers bruxellois aux rayons X

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Par · 15/01/2014

Dès le mois d’avril 2014, tous les chantiers – publics ou privés – qui concernent des travaux se déroulant sur ou jouxtant les voiries communales et régionales de la Région de Bruxelles-Capitale auront l’obligation d’être déclarés, autorisés et suivis via la nouvelle plate-forme OSIRIS.

Les chantiers en tous genres sont concernés: pose de canalisations, réfection de trottoirs, ravalement de façades voire même déménagements ayant un impact sur la circulation. Le rôle de la plate-forme va même plus loin puisqu’elle répertoriera également les “événements” signalés par les municipalités, les autorités de police ou encore les commerçants (marchés, brocantes, manifestations, matchs de football, courses cyclistes, …). Evénement qui, eux aussi, ont des conséquences pour la circulation et la mobilité.

Point de passage unique

Olivier Van Craenenbroek: “OSIRIS est un véritable outil d’analyse spatiale. Les communes seront en mesure de voir leurs chantiers respectifs…”

Mise en oeuvre par NSI (sur base de solutions ESRI et Geocortex), OSIRIS est plus qu’une base de données où seraient listés ces chantiers et événements. Accessible à tous (gestionnaires de voiries, communes, zones de police, impétrants, entrepreneurs ou simples citoyens), selon des degrés divers d’utilisation, OSIRIS permettra de visualiser l’étendue, la nature et les conséquences de ces chantiers.

La solution regroupe en effet une série de fonctionnalités: programmation et suivi des chantiers, coordination des divers intervenants, accès à la base de données pour tous les impétrants, introduction de demandes d’autorisation (et envoi automatique au gestionnaire responsable), identification visuelle géolocalisée de tous les chantiers en cours (classés en catégories: chantiers enregistrés, programmés, autorisés, en exécution, abandonnés).

L’électronique remplace ainsi les “bonnes vieilles” procédures de demandes et notifications via recommandés.

Le portail servira également de plate-forme de “concertation” entre impétrants: “le responsable d’un chantier pourra ainsi interroger d’autres impétrants pour déterminer s’ils veulent intervenir au même moment”, explique Olivier Van Craenenbroek, attaché-expert auprès de Bruxelles Mobilité (cellule Coordination Chantiers) et secrétaire de la Commission de Coordination des Chantiers pour la Région de Bruxelles-Capitale.

Les chantiers à la carte

Des annexes pourront être ajoutées à la demande d’autorisation: autorisation de police, avis divers…

Le volet (carto)graphique permet de définir un chantier sur une carte, en précisant ses caractéristiques (type de chantier, organisme responsable, dates de début et de fin, perturbations attendues…). Selon le type et l’importance du chantier, le demandeur peut le délimiter lui-même sur la carte. Soit par la sélection d’un axe et l’indication de dimensions (autant de mètres en longueur et largeur, par exemple, pour un petit chantier de type réparation d’un raccordement téléphonique). Soit via activation de polygones.

Le volet cartographique permettra aussi de visualiser directement l’état d’une zone. Par exemple, son caractère “figé”, “afin d’éviter qu’un même chantier n’y soit effectué deux fois en l’espace de 3 ans…” Ou encore de vérifier s’il n’y a pas à proximité d’autres chantiers qui pourraient poser problème ou des événements qui risqueraient d’en pâtir ou de compliquer la mobilité des intervenants du chantier. “OSIRIS, à cet égard, est un véritable outil d’analyse spatiale. Les communes d’Evere et de Schaerbeek, par exemple, seront en mesure de voir leurs chantiers respectifs…” Et – théoriquement – de se coordonner. D’autres organismes et niveaux de pouvoir devraient également tirer parti de l’outil. Mobiris, par exemple, qui bénéficiera d’une connexion au système ou “la Région flamande qui aura également accès aux informations des chantiers pouvant perturber la circulation sur son territoire.”

Ajoutons qu’un module assure le signalement d’infractions à destination des services de police.

Compte tenu de la configuration et des caractéristiques des chantiers, le système sera une source de tuyaux utiles pour quiconque est amené à se déplacer dans ces zones: “des déviations seront recommandées par type d’usagers: piétons, automobilistes, cyclistes. Le système préconisera aux usagers de recourir à tel ou tel moyen de transport entre tel ou tel point”, déclare Olivier Van Craenenbroek.

On nous a changé nos chantiers…

Les chantiers ne disparaîtront certes pas des rues et seront toujours autant perturbateurs d’habitudes mais l’objectif est de permettre à toutes les parties concernées (qu’ils soient acteurs du chantier ou “victimes”) d’anticiper les choses.

Signe des temps, la Région a même prévu l’apposition de codes QR sur des affiches ou panneaux de chantier. Il suffira de les “flasher” pour accéder à un site fournissant des informations ou… pour déposer une plainte. Ils serviront également aux contrôleurs pour identifier et vérifier tous les éléments ayant trait au chantier.

Une connaissance plus “fine” des conditions de déroulement de chantiers et de leur impact sur les usagers pourrait conduire à une meilleure catégorisation des plaintes et sanctions.

A terme, il est envisagé de doter la plate-forme d’un module d’information proactive. Si, dans un premier temps, les utilisateurs devront s’informer eux-mêmes via le site, une version ultérieure pourrait – c’est encore à mettre au conditionnel –  prévoir des notifications dynamiques qui alerteraient les citoyens habitant dans la zone de l’ouverture prochaine d’un nouveau chantier.

La centralisation de l’information et le recours à la voie électronique pour récolter des informations auront un effet corollaire sans doute étonnant. La Région pourrait en effet exploiter les données pour procéder à quelques analyses et conclusions disons “originales”. Exemples? Se livrer à ce qu’on appelle du “gender mainstreaming”. Ce qui, en langage clair, donne: une analyse socio-économique du dépôt de plaintes (viennent-elles, et pour quelles catégories, plutôt d’hommes ou de femmes?). Ou encore de l’analyse fine desdites plaintes: quelles sont les situations qui en suscitent le plus. Objectif flicage? Que non point! “Cela permettrait de faire évoluer la législation par rapport à la réalité de terrain.”

Quelques statistiques
  • de 150 à 300 interventions par semaine sur les voiries régionales bruxelloises, avec des pics à 400
  • environ 55 impétrants institutionnels
  • plus de 100 autres intervenants dans les diverses communes
  • de 50 à 70.000 “événements” par an sur l’ensemble du territoire de la Région
  • de 50 à 70 chantiers
  • le tout donnant lieu à la production de 150 à 200.000 documents à fournir et annexer aux demandes