De la fibre pour les écoles bruxelloises

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Par · 10/12/2013

D’ici la fin de la prochaine législature, quelque 164 écoles secondaires bruxelloises devraient hériter d’une connexion haut débit en fibre optique. Le plan d’équipement « Fiber to the School » prévoit un déploiement au rythme de 28 écoles par an. Les détails en seront précisés dans le courant de l’année prochaine.

Hauteur estimé de l’investissement fibre optique par site: 35.000 euros.

Cette annonce a été faite, fin de semaine dernière, par la Ministre bruxelloise en charge de l’informatique, Brigitte Grouwels, lors d’une mission économique à Berlin, à l’occasion de la conférence internationale Online Educa.

Pour l’heure, quelque 400 écoles de la Région bruxelloise sont connectées à Internet – majoritairement via des connexions ADSL/VDSL ou câble. Le projet fibre constitue donc une nouvelle étape dans le Plan d’équipement Multimédia financé par la Région. Au total, il a permis l’installation de quelque 11.000 PC et 550 serveurs depuis son initiation en 1998. A l’heure actuelle, 557 établissements (soit 96% du total) disposent de matériel informatique. Budget global investi depuis 1998: plus de 30 millions d’euros.

La Belgique? “Dans la moyenne”

Selon l’étude européenne “ICT in Education” (1), 30% des écoles secondaires belges sont actuellement dotées d’une connexion haut débit supérieure à 30 Mbps. C’est donc pour ‘booster’ ce score que le projet bruxellois “Fiber to the School” a été imaginé.

Si le score de 30% d’écoles secondaires connectées à de la fibre peut en effet paraître faible, on peut également signaler – mais est-ce réellement une consolation? – que la Belgique n’est pas le pire élève de la classe européenne. L’étude de European Schoolnet signalait en effet qu’en moyenne, les écoles belges figurent dans la moyenne des pays européens, voire même, pour certaines catégories d’âge, dans la frange supérieure de cette moyenne.

« Le pourcentage d’apprenants fréquentant des écoles qui disposent de connexions supérieures à 10 Mbps est généralement supérieur, toutes catégories d’âge confondues, à celui de la moyenne européenne, avec même un pourcentage nettement plus élevé pour le supérieur.”

Les écoles belges, dans la moyenne européenne en termes de connexions haut débit. Source: Etude European Schoolnet, 2011-2012.

Mais le bulletin n’est pas pour autant satisfaisant. “Toutefois”, lit-on en effet encore dans l’étude, “de 4 à 17% des élèves et étudiants, selon les catégories d’âge, fréquentent des écoles qui ne disposent pas de connexions haut débit.”

Quid en Wallonie?

Les résultats de l’étude européenne cités ci-dessus portent sur la totalité des établissements belges. Comment se présente la situation en Wallonie? Pour le savoir, il faut faire détour vers les chiffres récoltés par l’AWT lors de son traditionnel “Baromètre” annuel.

En Wallonie, selon les derniers chiffres rassemblés par l’AWT (Baromètre 2013), tous les établissements scolaires “disposent d’au moins une connexion Internet” mais ce score est trompeur dans la mesure où un même établissement peut être implanté sur plusieurs sites. Or, “au moins un quart d’entre eux ne bénéficient pas encore de raccordement au réseau Internet. […] Dans 26% des établissements, le nombre de connexions est inférieur au nombre d’implantations. Cette proportion va jusqu’à 32% dans l’enseignement fondamental.”

Source: AWT

Le débit assuré demeure en outre décevant, voire déficient: “le débit des connexions reste souvent fort limité car un tiers des lignes sont encore du type I-line, délivrant un débit généralement inférieur à celui de la connexion d’un ménage.”

Ces connexions “I-line” (initiées lors d’un programme d’équipement des écoles, bibliothèques et hôpitaux datant des années 90) ont d’abord été des lignes RNIS “upgradées” en ADSL voici une dizaine d’années. Par la suite, souligne l’AWT, “nombre d’écoles ont abandonné ce type de connexion pour obtenir des performances supérieures et se sont donc portées vers des lignes ADSL, VDSL, câble, voire exceptionnellement par fibre optique.”

Dans quelle proportion retrouve-t-on de la fibre pour les connexions des écoles? Pas de réponse chiffrée dans le rapport de l’AWT qui ne dispose pas d’une vue complète de la situation et ne se risque donc pas à avancer des chiffres qui ne seraient que partiels. L’Agence signale toutefois que, sur base de l’enquête effectuée, l’existence de la fibre “n’est pas nécessairement synonyme de (très) haut débit car la qualité de la connexion dépend de tous les maillons de la chaîne entre l’école et Internet.” Or, les renseignements rassemblés laissent parfois planer un doute sur la cohérence de cette chaîne. Paradoxalement, certaines écoles disposent en local de connexions fibre mais dépendent de liaisons WAN (Belgacom ou autres) qui sont plus lentes. L’investissement fibre a été fait en vue de se préparer pour l’avenir. Et ces soeurs Anne de l’ère Internet attendent le messager…

 

Connexions Internet Nombre de mesures Bande passante mesurée (mbps)
Médiane Moyenne Maximale
Câble coaxial Tecteo/Voo/Teledisnet 148 6,6 8,8 23,2
xDSL Belgacom avec IP fixe 98 7,2 7,2 15,9
ADSL-Go Belgacom 263 3,7 5,8 15,9
Win solutions professionnelles 41 6,2 5,8 14,8
ADSL-basique FWB 47 3,2 3,0 5,0
I-line Belgacom 242 3,6 2,9 7,2
I-line Win 189 1,6 1,7 3,9

 

L’étude de l’AWT a ainsi épinglé quelques cas étonnants – ou trompeurs. Exemple en Communauté germanophone où un marché global, passé avec Win, procure des “connexions de qualité. […] Ces lignes sont majoritairement des ADSL dans le primaire et des VDSL dans le secondaire.” Avec, toutefois un bémol de taille: “[ces connexions] sont souvent défavorisées par le contexte géographique de cette petite région principalement rurale. Cela a pour conséquence que les débits effectifs obtenus restent très en marge des débits nominaux de ces lignes et conduisent à observer un débit moyen de 2,6 Mbps, avec toutefois une valeur maximale de 10,2 Mbps. Cette situation devrait évoluer sous peu puisqu’un nouveau marché vient d’être conclu en vue de doter ces établissements de lignes VDSL simples ou couplées, de manière à relever sensiblement les débits effectifs.”

Autre situation: les provinces de Liège et de Hainaut qui “‘ont mis en place un intranet entre les établissements dont elles sont le pouvoir organisateur. La technologie utilisée pour les interconnexions est variable, même si on y trouve très régulièrement des liaisons par fibre optique. Les débits observés sont cependant du même ordre de grandeur que ceux notés pour les connexions individuelles, car ils sont limités soit par la qualité de la liaison d’interconnexion (xDSL) soit par la bande passante partagée affectée à l’ensemble du réseau. Quelques villes ont aussi adopté des solutions similaires pour leurs écoles communales, dont notamment St-Nicolas, Ans et Tournai.”

Côté WiFi (mais encore faut-il amener “un gros tuyau” vers ce WiFi), “55% des établissements déclarent disposer d’au moins un réseau WiFi, même si celui-ci n’est qu’exceptionnellement étendu à l’ensemble de l’école.”

Signalons enfin qu’un rapport évaluant “les besoins en bande passante des usages TICE dans les écoles” a été soumis au ministre de tutelle (Jean-Claude Marcourt). A suivre…

(1) L’étude européenne “Survey of Schools: ICT in Education” a été réalisée en 2011 et 2012 (publication des résultats en début d’année 2013) par European Schoolnet en collaboration avec l’ULg. Elle analyse la situation des écoles dans 31 pays, à savoir les 27 pays membres de l’Union européenne, la Croatie, l’Islande, la Norvège et la Turquie.