Lutter contre le braconnage et l’exploitation illégale d’espèces menacées en développant une solution qui puisse assurer le traçage de toute la chaîne – depuis l’abattage jusqu’à la commercialisation du produit fini (à base de peaux d’animaux, par exemple) en passant par l’étape du tannage. Tel était le défi que l’équipe de Startup Heroes for a Cause s’était fixé pendant la Semaine de la Créativité.
Un programme de l’ONU (UNEP – UN Environment Programme) avait été choisi comme bénéficiaire final du projet. A savoir, le CITES (Convention on International Trade in Endangered Species of wild faune and flora).
Cinq soirées et nuits durant, une bonne quarantaine de développeurs, graphistes, architectes ou simples passionnés (dont un “noyau dur” d’une quinzaine de personnes) se sont retrouvés au relayés à l’Axisparc de Mon-Saint-Guibert pour donner forme à ce projet. Le résultat? Une nouvelle appli baptisée Asking – nom de baptême à décortiquer comme suit: a-skin-g. “Skin”, comme dans peau…
Une solution adaptable
L’une des difficultés consistait à imaginer une solution “pragmatique” qui puisse être aisément mise en oeuvre sur le terrain. Et ce, depuis le premier maillon de la chaîne, à savoir le chasseur.
Avec toutes les contraintes que cela suppose: utilisation par des personnes pas forcément férues de technologie (c’est, dans certains cas, un understatement), coût abordable, facilité de mise en oeuvre, absence de moyens de communication sur le terrain, adaptabilité à divers types de “produits” (peau, os…) et – surtout – fiabilité et irréfutabilité des données de traçage. Sans oublier que la solution imaginée devait être “compatible” avec toutes les technologies, voire avec des mécanismes low tech, tout en étant évolutive dans le temps (la mise en oeuvre du projet CITES ne devrait intervenir, pour toute une série d’espèces menacées, que d’ici deux ans).
Pour les besoins du projet (en mode “proof of concept”), les “heroes” se sont focalisés sur la problématique du traçage des peaux de serpent (avec potentiel d’application à d’autres types de trophées et produits de chasse ou pèche).
A quoi ressemble donc “Asking”?
Il s’agit d’une appli pour smartphone. Le principe? Une simple prise de cliché du serpent tué ou capturé. Cette prise de photo est automatiquement associée à un numéro, qui servira d’identifiant unique enregistré dans une base de données centrale. Ce numéro sera apposé sur la peau, par le chasseur, éventuellement via simple inscription au crayon. Aucune obligation de recourir à des identifiants plus sophistiqués – par exemple un “tatouage” électronique (puce, étiquette RFID…) – afin de favoriser une utilisation la plus large possible. Le projet laisse toutefois la porte ouverte à l’intégration de solutions de traçage plus évoluées.
Pour une identification infalsifiable
A partir de ce premier stade d’apposition du numéro, l’information sera complétée, enrichie au fil de la chaîne par un maximum de données. Et cela commence donc dès le premier “maillon”: le chasseur, outre la prise de photo, doit rentrer des paramètres via son smartphone: poids, longueur, lieu de la prise (éventuellement via géolocalisation)… D’autres infos seront associées à cet “item” dans la base de données: nouveaux relevés et détails, nouvelles photos… Histoire de “rendre l’information sur le produit final la plus irréfutable possible par la simple masse de données.”
La peau d’origine devant servir, en principe, à confectionner plusieurs produits, il s’agira aussi d’imaginer un système permettant de “tracer” chaque segment. La piste envisagée actuellement est de “générer des sous-ID pour chaque fragment.”
Le volet validité des données/identification des utilisateurs/sécurité des transmissions a aussi fait l’objet d’une première réflexion. Le temps imparti – cinq soirées – était évidemment trop court pour intégrer cet aspect des choses au proof of concept mais quelques hypothèses ont été mises sur la table. Ainsi les communications, entre les smartphones et la base de données centrales, seraient cryptées via une connexion SSL standard. “Chaque maillon devra au préalable demander un accès à la plate-forme en envoyant une preuve de son identité (photo de carte d’identité, ou plus simplement, numéro de GSM). Chaque maillon accède ensuite à la plate-forme via l’application mobile ou via une application Web et ajoute des données à la peau telles qu’une nouvelle photo, des informations supplémentaires sur son poids, sa taille, etc.”, explique Olivier Verbeke, cornac de l’expérience. “Ceci rend les possibilités de falsifications de moins en moins plausibles. Le numéro est écrit à la main au départ mais peut être encodé dans un QR code voir un tag RFID ou NFC par la suite, simplifiant la procédure une fois que la peau prend plus de valeur…”
Il s’agit là donc encore d’hypothèses de travail pour de futurs développements. A noter à cet égard qu’un debriefing aura lieu sous peu avec les responsables de l’UNEP et de CITES afin d’envisager les suites à donner au projet. “Nous sommes tous intéressés à donner une suite à ce pilote, que ce soit au niveau de la problématique peau de serpents ou d’autres problématiques.”
5 groupes de travail
Le projet s’est organisé en 5 équipes qui, chacune, a planché sur un aspect de la problématique: aspects purement technologiques, collecte et traitement des données, commercialisation, gouvernance…
De premières réflexions ont ainsi été menées concernant l’une des conditions sine qua non de la viabilité du projet: l’implication des différents acteurs tout au long de la chaîne. Pour que les données soient collectées et enrichies, les chasseurs, transporteurs, tanneurs, etc. devront évidemment jouer le jeu.
Certains membres de l’équipe de Startup Heroes/Nest’ Up ont donc imaginé des modes de motivation: valorisation du chasseur par visibilité et réputation sociale (là où cela peut avoir de l’importance), implication potentielle des grandes marques destinataires des produits qui pourraient contribuer au bien-être de la communauté dans laquelle vit le chasseur…
Les résultats de l’expérience vécue lors de la Semaine de la Créativité ne sont évidemment qu’une première étape, un “POC” qu’il faudra valider, faire évoluer. Les responsables du programme CITES estiment toutefois que l’approche pragmatique, minimaliste (technologiquement parlant) qui a été adoptée ouvre des horizons intéressants… et résout l’une des pierres d’achoppement qui avait bloqué certaines discussions qu’avaient eues, précédemment, les collaborateurs du programme CITES concernant le choix de la technologie.
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