40 pays étaient représentés à la Creative Business Cup, compétition internationale des “meilleurs entrepreneurs créatifs” qui se déroulait cette semaine à Copenhague. Cinq projets ont finalement été récompensés, dont celui aligné par la Belgique.
Après pré-sélection locale (effectuée sous l’égide du fonds St’Art, fonds d’investissement spécialisé dans le secteur des Industries culturelles), la Belgique avait envoyé comme porte-drapeau l’agence Web liégeoise EPIC qui présentait un projet de livre numérique interactif pour enfants.
Bonne pioche puisque ce projet a permis à l’agence de décrocher le prix du meilleur “Proof of Concept”, décerné par la Copenhagen School of Entrepreneurship, prix qui salue l’originalité du concept et son “potentiel créatif et commercial.” A la clé: de la consultance et de l’accompagnement pour la mise de l’appli sur le marché, voire la possibilité pour EPIC d’accueillir des stagiaires de cette Haute Ecole, considérée au Danemark comme l’une des meilleures du pays en management orienté création entrepreneuriale.
Mon histoire à moi
L’appli ludique récompensée, baptisée My EPIC Stories, présente l’originalité de permettre aux enfants, aux parents ou encore aux enseignants de créer des histoires, de les partager et de les modifier à souhait.
My Epic Stories: quand l’enfant détient la clé de l’histoire…
EPIC Stories s’inspire d’une autre réalisation antérieure (“Babel, le chat qui voulait devenir Roi”) et s’appuie un “générateur d’histoires”. Le moteur d’animation conçu par EPIC permettra aux enfants de créer, modifier, imaginer eux-mêmes des histoires. “Les enfants aiment jouer avec les personnages, s’impliquer dans les histoires. Les nouvelles technologies, toutefois, ont parfois pour effet de créer de la distance dans les interactions entre enfants et parents. Nous avons voulu créer quelque chose qui renoue ces interactions autour d’un nouvel outil technologique”, explique Benoît Rondeux, cofondateur et directeur commercial de la société.
L’appli My EPIC Stories comportera des histoires toutes faites, “prêtes à lire”, conçues par EPIC ou par d’autres auteurs professionnels, mais permettra aussi d’en recréer à partir de personnages, de scènes. “L’enfant ou le parent pourra tout modifier: les décors, les sons, ajouter des personnages [puisés dans un catalogue], redémarrer une nouvelle histoire, jouer autour d’une scène… Nous avons voulu que l’appli soit la plus souple possible tout en restant facile et intuitive.”
Un stock d’histoires “participatif”
Lors de son lancement (en 2014), My EPIC Stories proposera un petit nombre d’histoires. Le catalogue se complétera progressivement, grâce à d’autres créations imaginées par l’agence elle-même ou par d’autres auteurs professionnels. Mais EPIC compte aussi beaucoup sur l’émergence d’une communautés de créateurs. Selon le modèle business imaginé, les créations de la communauté seront proposées gratuitement tandis que celles venant de professionnels seront payantes “mais à prix très bas – 99 cents – afin de ne pas freiner la créativité” – et sa consommation.
Autre particularité: les histoires que créent les utilisateurs seront systématiquement stockées, soit localement sur la tablette numérique, soit dans le cloud. L’un des projets porte en effet sur la constitution d’une plate-forme de stockage Web qui permettra de relire ou rejouer une histoire plus tard, d’en reprendre le fil, de la partager avec des amis. “Voire avec la communauté. Toutefois”, précise Benoît Rondeux, “le partage avec la communauté ne sera possible que par les parents. Nous voulons en effet éviter, par souci de sécurité, que les enfants puissent diffuser n’importe quoi via le cloud.”
La plate-forme de stockage aura cet autre avantage qu’une histoire créée, débutée ou modifiée sur une tablette puisse être poursuivie (en lecture) sur un iPhone, par exemple. Sur smartphone, l’écran étant trop petit, les histoires ne pourront pas être modifiées.
Autre possibilité envisagée: pouvoir imprimer une histoire.
L’appli en est pour l’instant au stade du démonstrateur technique. Une version de type “minimum viable product” devrait être disponible en mars 2014. “Elle sera gratuite et s’appuiera sur de premiers contenus. A partir de mars, nous espérons impliquer la communauté pour améliorer le produit, résoudre certains bugs.” La sortie de l’appli définitive interviendra avant la fin 2014.
Plates-formes visées: iOS et Android. Et ce, dans plusieurs langues (six ?), qui seront choisies en fonction des populations les plus présentes sur les app stores.
Etendre l’initiative dès 2014
La Belgique avait été invitée trop tard par les organisateurs de la Creative Business Cup pour avoir le temps d’organiser une épreuve de pré-sélection nationale en bonne et due forme.
C’est pour cette raison que les projets qui ont été étudiés pour déterminer celui qui présenterait le plus de chances de décrocher un prix au Danemark ont été en quelque sorte repêchés parmi les 18 lauréats des trois premières éditions de l’appel à projets Boost-Up Industries créatives de la Région wallonne (éditions s’étant déroulées de mars 2011 à janvier 2013).
“Mais notre intention est bel et bien d’ouvrir plus largement le concours et la sélection dès l’année prochaine”, souligne Florence Hespel, porte-parole du Fonds St’Art.
Les deux pays qui ont décroché les premiers prix, lors de la Creative Business Cup 2013, sont la Croatie et l’Allemagne. Le projet croate – “Teddy the Guardian” – prend la forme d’un ours en peluche bourré de capteurs dont la mission est de surveiller l’état de santé des enfants. Chaque fois que le nounours entre en contact avec un doigt de l’enfant ou son front, il collecte toute une série de données (température, rythme cardiaque, pression sanguine…) qui sont transmises, via connexion sans-fil, vers le smartphone des parents, ou éventuellement vers des dispositifs médicaux professionnels (dans un contexte hospitalier, par exemple).
Le projet allemand, baptisé Kinematics, a été imaginé par des étudiants de l’université de Weimar. Il s’agit d’un “jeu de construction robotique modulaire”, composé de cubes “kinétiques” qui, via des capteurs et des adaptateurs, retiennent les mouvements d’assemblage auxquels ils sont soumis pour les reproduire. Ils s’assemblent pour créer des robots interactifs, des jouets animés, des structures pouvant se déplacer. Il devient ainsi possible de les animer au départ d’une tablette et de donner naissance à de nouveaux jeux, dynamiques et interactifs.
Dernière précision: le jury de la Creative Business Cup était notamment composé de Harri Koponen, anciennement patron de Rovio Entertainment Ltd (Angry Birds), Torsten Kolind, CEO de YouNoodle (organisme californien qui organise compétitions et rencontres entre entrepreneurs et programmes d’incubation), et de Thom Ruhe, vice-président Entrepreneurship de la Kauffman Foundation.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.