Open Data en Wallonie: le premier qui bouge…

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Par · 30/10/2013

Personne, a priori, n’a encore pris la problématique (ou l’opportunité) des open data à bras-le-corps en Wallonie. En dehors des acteurs qui se sont retrouvés impliqués- de manière active- dans l’organisation du récent Hackathon e-gov/open data de Namur, on attend toujours qu’un véritable pilote prenne place aux commandes de cet avion encore fantôme.

Beaucoup, sinon tous les acteurs potentiellement intéressés semblent attendre une impulsion, un signal venu “d’en haut”. Tournez donc vos regards vers le gouvernement. Mais il ne s’y trouve encore aucun ministre qui ait fait l’une ou l’autre déclaration (ne parlons pas de plan) allant dans ce sens.

Le Hackathon a donc été organisé, en partenariat privé-public, afin de susciter une étincelle, de démontrer l’intérêt de la “base” (citoyens, développeurs…), d’élaborer quelques petits scénarios prouvant la pertinence et le besoin… On attend désormais le debriefing, afin que le soufflé ne retombe pas. La volonté affichée est toujours de donner une suite à l’événement, notamment en répétant l’expérience l’année prochaine.

L’AWT, pour sa part, dit continuer à collaborer avec le fédéral et, de l’autre, compte bien préserver et, si possible, développer davantage la plate-forme qui sert à la fois de référentiel de jeux de données et de moteur de référencement. Mais il faudrait une claire ligne politique ou, du côté du marché, une mobilisation de la demande.

Beaucoup attendent aussi que, pour baliser et aplanir le terrain, le politique prenne une décision en termes de licence(s) à utiliser. Comme c’est déjà le cas en Flandre.

Patate chaude?

Pour le reste, aux divers niveaux de pouvoir ou échelons administratifs, tout le monde semble encore attendre.

Au DTIC, service informatique du SPW, on reste très prudent- voire “non-committed”– face au thème des open data, alléguant qu’il n’est a priori pas du ressort du service informatique d’indiquer le chemin à suivre et qu’il n’est pas détenteur, lui-même, de données qui pourraient être “libérées”. Sans compter que la charge de travail est déjà suffisamment chargée et que, si décision il doit y avoir, elle doit venir par exemple du niveau des Directions Générales.

Situation fort similaire à l’UVCW.

La position adoptée à l’heure actuelle par l’Union des Villes et Communes de Wallonie est en effet de se contenter de répondre aux éventuelles sollicitations (mais y en a-t-il?). Dans les commentaires livrés, on entend des réflexions du genre: les communes n’ont ni le temps, ni les budgets; leurs priorités sont ailleurs; il n’existe pas de cadre de réflexion qui permettrait d’initier quelque chose; … Pas de prise d’initiative spontanée, donc. On se contentera de lancer la machine “lorsque la Région se positionnera”, elle-même poussée dans le dos par les réglementations européennes.

Tout le monde attend-il donc que le cap des élections régionales soit passé, qu’une nouvelle Déclaration de Politique Générale soit définie?

Dans les commentaires, certains avancent que l’expectative actuelle n’est pas forcément une mauvaise chose. Selon un raisonnement qui ressemble un peu à ceci: la Wallonie, en matière d’open data, ne s’est pas encore réveillée; elle le devra un jour ou l’autre et ne pourra que constater l’avance prise par exemple par la Flandre. Mais qu’importe, partant d’une page blanche, il ne faudra pas intégrer et réconcilier des initiatives isolées qui auraient été prises… Coup classique de la bouteille moitié vide/moitié pleine.

Un début d’initiative pourrait venir du côté du Comité stratégique de la géomatique wallonne qui doit définir une stratégie en matière d’organisation des outils et des données géomatiques.

Un autre élément déclencheur sera sans doute l’arrivée en phase opérationnelle de la Banque Carrefour des Echanges de données (authentiques), l’une des grandes priorités de cette fin de législature sur laquelle continue de plancher l’eWBS (successeur d’EasiWal).

Nous n’avons pas de données

Quand on procède à un petit sondage, auprès de différents acteurs (communes, services publics…), on est étonné d’entendre répéter l’argument: “de toute façon on ne voit pas très bien quelle donnée on pourrait mettre à disposition. On n’en a pas” – ou – “elles ne nous appartiennent pas.” En ajoutant: “les données n’appartiennent pas au secteur public puisqu’à un moment donné, elles sont forcément venues ou ont été créées par les citoyens ou les entreprises”.

Ce à quoi les défenseurs du principe d’open data rétorquent qu’il y a là une prise de conscience énorme à provoquer, tant en termes d’existence de données à “libérer” que de potentiels de valorisation. En ce compris pour les services publics.

L’un des premiers efforts à fournir consistera donc simplement à identifier les sources de données.

Qui prendra son bâton de pèlerin?

Une autre condition sine qua non, que souligne par exemple l’eWBS, est la nécessité d’encourager ces sources à se muer en sources authentiques, avec les prises de responsabilité et la mise en oeuvre des procédures qui s’imposent.

Se contenter de répondre aux sollicitations? Attendre la demande pour créer l’offre? Ou partir du principe plus volontariste qu’il ne peut y avoir de demande s’il n’y a pas d’offre?

Et c’est là sans doute une autre pierre d’achoppement, un autre frein. Les Administrations – à quelque niveau qu’elles soient, dans quelque partie du pays qu’elles officient – craignent que leurs données et fichiers n’aient pas la qualité nécessaire pour s’ouvrir aux regards- et aux utilisateurs- de l’extérieur. Ce qui, soit dit en passant, n’est guère rassurant pour la “qualité” des services qu’elles sont censées prester…

Peur d’être critiqué, ridiculisé par le citoyen ou une autre Administration. Crainte aussi qu’une utilisation “inadéquate” soit faite des données. En la matière, Oliver Schneider, patron de l’eWBS, veut faire passer un message rassurant: “les Administrations doivent oser avoir confiance en elles-mêmes, dans leur capacité à proposer des données de qualité.” Soulignant aussi qu’aucune base de données, qu’aucun service public n’est parfait, que certains services publics fédéraux qui, par nature, pratiquent l’open data, ont commis des erreurs. Ce qui n’a pas empêché les destinataires de survivre aux couacs et inexactitudes.