L’espace d’un week-end, Namur aura joué les précurseurs (locaux, tout au moins) en matière d’open data. Autrement dit, ces données que les pouvoirs locaux et autres acteurs publics décident de mettre librement à disposition des citoyens, privés ou professionnels.
Le Hackathon “eGovernement Wallonia”, organisé par Entreprise Globale avec le soutien de l’AWT, de l’Infopole, de l’ASE et de l’eWBS, a attiré une bonne quarantaine de participants, sans compter les personnes venues découvrir le concept ou supporter les développeurs ou simples citoyens.
Objectif du hackathon: exploiter les jeux de données mis à disposition pour imaginer de nouveaux services, solutions ou applis. Et prouver ainsi que ces informations, souvent à l’état brut, parfois jalousement garder dans des donjons inexpugnables, gagneraient à être exploitées. En ce compris par leurs “propriétaires”. Et que l’imagination des “simples citoyens”, qu’ils aient ou non des talents en IT, peut ouvrir de nouvelles perspectives pour la vie en société et l’innovation économique.
13 idées ont été pitchées vendredi après-midi. Après vote par les personnes présentes, 7 ont poursuivi leur petit bonhomme de chemin pendant le week-end, portées par des équipes réunissant de 3 à 7 personnes. Une idée de projet a même été portée à bout de bras par… un développeur travaillant en solo.
7 projets en piste
Les jeux de données mis à disposition (voir encadré) ont majoritairement inspiré des projets orientés mobilité: déplacements en zone urbaine, évaluation des temps d’attente avant passage du prochain transport en commun, solution d’évitement de bouchons sur les grands axes, appli devant mieux guider les services de secours sur des routes posant parfois problème…
Pour le reste, les idées émises visaient à mieux exploiter certaines données pour favoriser l’implication citoyenne dans les décisions de leurs édiles, ou encore à rendre le développement d’applis plus faciles en documentant systématiquement les API disponibles.
3 lauréats
Le Hackathon eGov Wallonia avait décidé de récompenser l’équipe ayant présenté le prototype le plus abouti, celle qui aurait initié la meilleure idée, et celle dont le prototype de projet croisait le plus de sources de données.
Le prix du Meilleur prototype a été attribué au projet Mobil-IT: une appli pour smartphone ou tablette qui planifie automatiquement un parcours individuel en comparant les moyens de transports les plus efficaces: voiture, taxi, vélo perso, vélo partagé, marche, bus… Selon trois paramètres: coût, temps et empreinte écologique générée. Objectif: permettre d’éviter le recours à la voiture en démontrant qu’elle n’est pas ou pas toujours la plus rapide ou la plus économique.
Le proto intégrait quatre types de données: vélo perso, vélo partagé, marche, voiture/taxi. par manque de temps (pour rappel, deux jours de développement), les données de transports en commun n’ont pas été intégrées mais seront une prochaine étape. Tout comme la disponibilité de places de parking.
Côté évaluation des temps, l’équipe a pu pondérer les temps de parcours en utilisant par exemple les de disponibilité d’emplacements de vélo partagé (perte de temps, s’il faut choisir une autre aire de dépôt). Restera éventuellement à intégrer d’autres paramètres: signalisation, météo…
Le prix de la Meilleure idée a récompensé le projet NosElus.be qui consiste à permettre la consultation et l’exploitation aisées des informations que l’on trouve sur les sites Internet des Parlements (wallon, communautaire..), dans les comptes-rendus de collèges municipaux. Objectif: suivre de plus près les activités de nos élus, trouver des informations sur les dossiers chauds (ou moins chauds) qui s’y discutent, “déterminer d’où viennent et à quoi sont destinés les fonds utilisés…”
Tel que développé, le prototype transforme les documents reprenant le texte intégral des questions écrites et interpellations adressées aux parlementaires wallons ainsi que celui des réponses formulées, y appliquent différents filtres afin que chacun puisse sélectionner un thème, un élu…
Parmi les pistes possibles d’évolution et d’enrichissement: la possibilité d’identifier et trier les questions redondantes, un “profilage” d’élus par thème de prédilection, l’analyse de la qualité des questions et réponses, l’ajout d’autres sources (autres assemblée, travail législatif, débats communaux…). Et, côté interaction citoyenne, la possibilité d’engager le débat avec les élus au travers de commentaires, par exemple.
Enfin, le prix du Projet le plus “multi-source” va à l’appli “Parcours magiques” qui propose à un public familial des parcours de découverte “gamifiée” de la Ville de Namur. Le projet a exploité et croisé des données géographiques, touristiques, culturelles, liées à l’horeca, à la mobilité, à l’environnement… Elles permettent de créer des parcours, personnalisés par thèmes de prédilection des touristes, citoyens ou badauds. Ces parcours s’adaptent en outre selon la période de l’année ou l’heure afin d’inclure de nouveaux points d’intérêt.
Le parcours est rendu interactif par l’ajout d’un jeu (une énigme à résoudre au fil du parcours). Les participants doivent obligatoirement passer par toutes les étapes mais peuvent s’écarter du parcours pour découvrir autre chose à proximité si le coeur leur en dit. L’appli se chargera, via géolocalisation, de les ramener systématiquement au point suivant du parcours via sa “boussole magique”.
Un chemin semé d’embûches
L’Hackathon eGov Wallonia aura en tout cas démontré que, même lorsque les données sont “libérées” par les acteurs publics qui les détiennent, leur exploitation pose parfois problème, en raison par exemple d’un serveur qui ne supporte pas la charge de requêtes, ou de formats hétérogènes qu’il n’est pas forcément aisé de réconcilier et de transposer.
Si le Hackathon a pu s’appuyer sur un certain nombre de jeux de données mis à disposition (parfois pour l’espace d’un seul week-end) – et la chose est à saluer -, les participants ont souvent été frustrés par l’impossibilité qu’il y avait pour eu d’aller puiser de précieuses données complémentaires à d’autres sources. Bloquant ainsi la richesse ou inventivité potentielle des applis et services imaginés.
Quelle sera la suite de l’initiative? Plusieurs équipes – ou participants – étaient apparemment prêts à pousser plus loin l’expérience. Voire à contacter des édiles et acteurs publics locaux pour leur proposer une collaborations.
Le Hackathon terminé, la flamme devra être entretenue aussi, bien évidemment, côté secteur public wallon. Selon des modalités encore à préciser…
Quelques jeux de données mis à disposition (pour certaines, de manière exceptionnelle, l’espace d’un week-end):
- INS: statistiques de l’état civil par commune
- Ville de Namur: données touristiques (listes d’auberges, de campings, de chambres d’hôte, de gîtes, hôtels, musées, restaurants, arbres remarquables…) ou liées à la mobilité (emplacements de parking, zones de stationnement…)
- ETNIC: signalétique des établissements subsidiés par la Fédération Wallonie-Bruxelles
- SNCB: gares belge, localisation des stations de vélos partagés, localisation et taux d’occupation des parkings B-Parking, horaires (statiques) des trains
- TEC: coordonnées des arrêts de bus, lignes et horaires
- CWAPE: sites de production, statistiques sur les unités de production décentralisées
- DGO1: statistiques de circulation autoroutière en 2010, radars, parcours Ravel…
- Secrétariat général du SPW: données géomatiques (carte géologique, données Seveso, données cartographiques des infrastructures)
- BEP: terrains disponibles dans les différents parcs d’activités que gère le Bureau
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