Pour son édition automnale qui se prépare à Liège, le programme d’accélération Nest’Up viendrait-il de faire une petite entorse à ses règles? Que faut-il penser de cette info selon laquelle “les gagnants du prochain Startup Weekend de Liège intégreront directement NEST’up Fall 2013” (Le Soir, 9 septembre 2013)?
Le nombre de places à prendre aurait-il augmenté? Comment préjuger, avant que les projets aient eu le temps de se présenter, de leur qualité et caractère prometteur?
A cet égard, le commentaire de l’un des organisateurs du Weekend, relayé dans l’article du Soir, ne convainc pas vraiment: “Après un tel week-end, on est assez sûr de savoir si un projet a ses chances, ou non, de devenir une entreprise dans un avenir plus ou moins proche.”
Voilà qui est étonnant, au vu des idées encore peu matures qui s’exposent parfois dans ce genre de weekend-sur-stéréoïde. Certes, le premier Startup Weekend de Liège a produit de belles pousses qui ont en effet fait pas mal de chemin depuis (on pense en particulier à BetterStreet et SwipeFeed).
Mais le rôle d’un Startup Weekend est avant tout de donner l’envie d’entreprendre, de pousser les porteurs d’idées à se lancer, à oser. De là à brûler les étapes en autorisant automatiquement le lauréat à intégrer Nest’Up, il y a peut-être une sorte de précipitation qui pourrait ne pas avoir que des répercussions heureuses.
Ou bien est-ce là un moyen pour Nest’Up de donner “un coup de pouce” au Startup Weekend en encourageant les porteurs d’idées à s’aligner? Ou encore un moyen de “sous-traiter” une partie de la sélection?
Nous avons posé la question à Olivier Verbeke, pilote de Nest’Up.
Hasard de calendrier et test grandeur nature
“Je tiens d’abord à préciser que la décision a été prise parce que les hasards du calendrier nous le permettent. Le fait que les travaux de rénovation de “La Chapelle” qui accueillera Nest’Up aient pris du retard permet de faire coïncider le début du programme d’accélération avec la fin du Startup Weekend. S’il n’y avait pas eu ce retard, je n’aurais pas pu concrétiser une idée que j’avais déjà eue auparavant. A savoir de tisser un lien direct avec le Startup Weekend pour mieux intégrer l’écosystème. Pour le reste, nous voulons continuer à bousculer [la scène de l’entrepreneuriat], à innover, à tester de nouvelles hypothèses, à les valider et- pourquoi pas?- à réfléchir à la future forme que pourraient prendre les Startup Weekends. Je crois que l’on apprendra beaucoup de cette nouvelle expérience. Il est vrai que certains projets, sortis sélectionnés des Startup Weekends, n’ont rien donné mais peut-être est-ce dû au fait qu’ils n’ont pas eu la chance d’être encouragés à continuer…”
N’empêche que Nest’Up remet ici en cause (ou, à tout le moins, modifie) certains de ses principes fondateurs: notamment celui qui veut- en théorie- que l’équipe qui porte l’idée ou le projet soit une équipe robuste, équilibrée, qui se connaît de longue date (1). Aux antipodes de ce qui se passe lors des Startup Weekends où les équipes se forment sur place, au hasard des personnes présentes, de leurs compétences et préférences. “C’est vrai”, reconnaît volontiers Olivier Verbeke, “que lancer une start-up n’est pas évident lorsque les gens ne se connaissent pas avant. Cela pose notamment des risques et parfois des problèmes en termes d’ownership de l’idée. Mais c’est aussi le cas dans Nest’Up. Les premiers jours sont d’ailleurs destinés à définir les rôles, à voir qui met quoi comme compétence, ressources ou contacts à disposition. Après tout, lorsque nous sélectionnons les projets, nous ne nous appuyons que sur une vidéo et un pitch. Nous disposons donc de peu de choses pour juger de la solidité de l’équipe. Avec les 54 heures passées ensemble au Startup Weekend, et l’encadrement de coachs pendant ce laps de temps, il n’est pas forcément vrai que l’équipe lauréate sera moins armée, moins évoluée dans sa réflexion, que les autres que nous sélectionnons de manière classique.”
Il voit même dans le passage direct du Startup Weekend au Nest’Up une preuve de volonté réelle de lancer une entreprise: “nous serons certains de l’engagement total dans la mesure où l’équipe lauréate accepte de s’engager pour trois mois, full time. C’est une belle preuve de sa volonté de créer une boîte…”
Sauf que la sélection étant automatique, on ne peut pas réellement parler de volonté propre. D’où cette précision importante: l’équipe lauréate ayant remporté le premier prix au Startup Weekend a donc droit à une place au Nest’Up qui démarre début octobre. “Si l’on constate qu’elle n’est pas prête à porter son projet jusqu’au bout et que le Startup Weekend n’était en fait qu’un simple exercice intellectuel, nous aurons toujours le recours, dans l’ordre, du deuxième puis du troisième lauréat.” Et s’il n’en reste aucun, le Nest’Up Fall poursuivra son petit bonhomme de chemin avec 5 équipes au lieu de 6…
A moins qu’il n’y ait repêchage d’une équipe ayant manqué d’un chouia sa place via la sélection classique?
(1) Pour reprendre les termes qu’il utilisait voici un an : “Une vraie équipe. Pas une constituée au débotté, avec l’une ou l’autre pièce rapportée pour faire illusion. L’équipe qui se présente doit déjà être constituée, avec des personnes compatibles, aux compétences complémentaires. […] Le projet devra reposer sur une idée déjà bien structurée. Voir l’interview parue en août 2012
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