Le service de taxi “sécurisé” iTrustMyDriver, imaginé voici près de deux ans par Valérie Cuvelier (voir l’article que nous consacrons aux enseignements qu’elle a retiré de ce projet), vient d’être mis au rancart. Repris par le duo Joris Roesems/François Hoc, il n’a pas réussi à trouver sa voie ou sa place sur le marché. Le projet est aujourd’hui abandonné. En tout cas mis au frigo. En cause, notamment, un gros problème de business model. Et l’incapacité à convaincre- que ce soit des acteurs régionaux ou de possibles alliés venus d’autres horizons.
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“Joris Roesems a finalement estimé que le projet était trop compliqué à mettre en place”, explique Valérie Cuvelier. “Mais c’est vrai aussi qu’il ne s’y est pas impliqué à plein temps puisqu’il a conservé son emploi existant…” [il est juriste au sein du cabinet Putzeys Shawn Coulson Alliance].
Quelqu’un reprendra-t-il l’idée?
Valérie Cuvelier estime que la “récupération” pourrait- pourquoi pas?- venir de l’univers des compagnies de taxis elles-mêmes. Par le biais d’applis qu’elles proposeraient et qui mettraient en oeuvre ce type de service, en mode “valeur ajoutée”, à destination de certains types de clientèle. “De premiers projets voient le jour, tels le réseau de taxis Uber”, né aux Etats-Unis et qui a débarqué en France en 2012. Le service Uber (voir également ci-dessous) repose sur une appli pour iPhone et Android qui permet de réserver une voiture d’une simple pression sur un bouton qui géolocalise le client. Ce dernier peut lui aussi géolocaliser la voiture qui le prendra en charge, voire même entrer en contact direct avec le chauffeur. Et il évalue la qualité de la course. Ce qui ne va pas sans conséquence pour le chauffeur puisqu’en cas de mauvaise note, il a quelques jours pour améliorer son bulletin ou il se fait purement et simplement éjecter de la communauté des chauffeurs de taxi sur laquelle repose le réseau Uber. Autre caractéristique originale: les chauffeurs de taxi sont du genre stylé [tenue impeccable de rigueur, statut de chauffeur privé] et les voitures sont de catégorie supérieure [du genre limousine; depuis un service de moto-taxi a été rajoutée- à Paris].
Djengo, dans une certaine mesure, a repris et adapté l’idée en lançant son appli Djump.in mais en misant sur une communauté de citoyens plutôt que sur des taxis ou des services de chauffeurs professionnels.
Alors Valérie Cuvelier a-t-elle eu “une bonne idée trop tôt”, comme elle le suggère? Joris Roesems était-il le bon profil pour reprendre l’idée et tenter de la concrétiser?
Grosses embûches
Le projet iTrustMyDriver n’a jamais décollé pour plusieurs raisons, estime aujourd’hui Joris Roesems: un business model qui n’était pas le bon, un secteur très fermé (celui des compagnies de taxi) qui n’a jamais ne fut-ce qu’entrouvert la portière, des interlocuteurs publics (les contacts pris avec la Région bruxelloise n’ont jamais atteint un stade avancé) “preuve sans doute que le projet leur semblait difficile”, et des moyens insuffisants du côté mise en oeuvre d’une plate-forme technologique.
Cela fait beaucoup.
Côté business model, des paramètres insuffisamment pris en compte et qui allaient peser lourd dans les chances de succès étaient notamment la non-rentabilité des kilomètres parcourus à vide et l’écueil du pré-paiement qui pose lui aussi un problème de rentabilité “en cas de course plus longue que prévu pour cause d’embouteillage…”
S’ajoute à cela que le projet, depuis environ un an, n’a été porté qu’à mi-temps. Que le volet compétences techniques manquait à l’appel.
Voyant le projet barré dans la direction initiale qu’ils envisageaient, Joris Roesems et François Hoc ont tenté de prendre contact avec Uber. Sans apparemment retenir leur attention. Il est vrai que la start-up avait d’autres fers au feu. En l’occurrence, une levée de fonds afin de se développer à l’international. Au mois d’août, la société annonçait avoir récolté 361 millions de dollars, dont 258 millions provenant de… Google Ventures.
Le service de réservation de voiture avec chauffeur est actuellement déployé dans une vingtaine de villes américaines et près de 20 villes de par le monde (un peu plus de la moitié se situant . En ce compris en Europe, où des voitures avec chauffeur opèrent à Paris, Lyon, Zurich, Londres, Berlin, Munich, Rome, Milan, Stockholm et Amsterdam.
Le duo Roesems/Hoc a donc décidé d’arrêter les frais. Avant même d’avoir éventuellement tenté un rapprochement avec Djump qui était sur le point de se lancer…
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