Hier, lors de sa rentrée officielle, le gouvernement wallon a dégainé son “Plan Marshall 2022”. Avec comme sous-titre: “Le coeur de l’audace pour doper l’économie et l’emploi.” Ce plan, adopté par le gouvernement (Wallonie et Fédération) en première lecture, doit encore passer par une deuxième lecture, à l’automne, après avis des administrations, d’experts universitaires et des partenaires sociaux.
Quelle place pour l’informatique ou, de manière plus large, pour le numérique dans ce Plan 2022? Après une première lecture rapide (il faudra certes approfondir les intentions), on les relève essentiellement dans le chapitre éducation.
Que dit le document? L’inclusion des technologies de l’information et de la communication (TIC) doit tendre à “stimuler leur usage dans et au bénéfice des pratiques pédagogiques ainsi que dans l’éducation des jeunes à une utilisation créative et responsable des TIC.”
Parmi les idées et pistes évoquées: dynamiser l’enseignement via un recours plus systématique à des “outils et approches plus en phase avec la réalité des jeunes et l’évolution de notre société et des technologies.”
L’école aura aussi pour mission de donner aux apprenants les outils et ressources nécessaires pour ne pas être uniquement des consommateurs de numérique mais pour “exercer créativité, esprit critique, capacités d’analyse…” en tant qu’acteurs et protagonistes de la société numérique. Parmi les compétences à leur inculquer sur les bancs de l’école: une juste compréhension des enjeux de sécurité et de confidentialité, des comportements judicieux.
Le nouveau plan d’équipement des écoles (baptisé Ecole numérique) est évoqué en filigrane, le gouvernement rappelant son intention de “doter les écoles de tous niveaux, de manière progressive, des équipements adéquats (ordinateurs, tablettes, projecteurs, tableaux interactifs, espaces numériques de travail, manuels numériques interactifs…) et des moyens de communications nécessaires” (accès Internet et réseau local “performants”).
Le côté plus directement pédagogique n’est pas oublié. Enseignants et personnel d’encadrement devront être “formés aux TIC et à leur usage pédagogique.” Parmi les instruments à mettre en oeuvre: “un réseau actif, pérennisé, d’animation pour la communauté éducative.”
Le document énumère également quelques actions nécessaires pour améliorer la formation des responsables d’établissements scolaires “afin d’augmenter la performance des établissements”. Parmi ces actions à entreprendre: “accorder davantage d’autonomie au chef d’établissement et lui fournir une aide, sur le plan de la gestion administrative et financière (en ce compris une aide informatique complète), qui le libère de tâches secondaires au profit de ses missions de pilotage pédagogique.”
L’iCT, “en transversal”
A priori, on relève quelques autres chapitres où apparaît l’informatique:
- au chapitre “Formations répondant aux nouveaux métiers et métiers en demande”, il est question d’intensification des formations liées notamment aux secteurs des télécommunications et de la bio-informatique
“Miser sur la recherche, l’innovation et la créativité à travers des programmes mobilisateurs d’impulsion et de rupture, technologique ou non, afin d’appuyer des trajectoires de recherches nouvelles.”
- les compétences ICT dispensées aux demandeurs d’emploi devront également être renforcées au travers de la formation professionnelle; en la matière, le Plan Marshall 2022 évoque un “renforcement” du plan PMTIC (Plan Mobilisateur pour les TIC), un peu tombé aux oubliettes ces derniers temps
- certaines mesures s’appliqueront par ailleurs à la “professionnalisation des créateurs d’entreprise”. Par exemple, un “renforcement des modules de formation des chefs d’entreprise” via un recours à des outils tels que l’e-learning
- en matière de soins de santé, le Plan Marshall 2022 évoque notamment le renforcement du Réseau Santé wallon, “plate-forme d’échange des ressources entre professionnels de la santé, modèle précurseur à exporter.”
Si on élargit un peu la perspective, le document aborde aussi certaines actions et mesures à prendre en matière d’innovation technologique et/ou numérique ainsi que d’économie créative.
C’est ainsi que dans l’axe dédié au renforcement de la recherche et de l’innovation (technologique ou non technologique), on peut lire: “En complément des missions prévues au sein de la future Agence de l’Entreprise et de l’Innovation [Ndlr: l’AEI sera la fusion de l’ASE-Agence de Stimulation Economique- et de l’AST- Agence de Stimulation Technologique], il s’agira d’évaluer systématiquement le potentiel d’innovation des entreprises et de prendre les initiatives nécessaires pour soutenir des projets d’appui à l’économie créative, cela signifie:
– stimuler l’intégration de l’innovation dans toutes ses composantes (technologiques et non
technologiques) de manière durable dans la stratégie des entreprises wallonnes à potentiel innovant;
– […];
– mettre en œuvre des actions de sensibilisation à l’économie créative à destination de tous les publics (en ce compris les structures d’animations économiques et technologiques) et envisager la mise en place de tous projets destinés à soutenir l’économie créative, comme notamment le soutien et le renforcement à la mise en place de “living labs” [initiatives regroupant acteurs publics, privés, entreprises, associations, acteurs individuels, dans l’objectif de tester ”grandeur nature” des services, des outils ou des usages nouveaux], d’espaces de “co-working” ou de tous outils et plates-formes partagées d’innovation destinées à soutenir l’excellence numérique.”
Innovation technologique et formation/sensibilisation au numérique sont également présentes au chapitre “Stimuler le tissu entrepreneurial”. Notamment pour ce qui est des moyens à mettre en oeuvre pour “sensibiliser à l’esprit d’entreprendre dans l’enseignement et dans la formation professionnelle”. Il y est question de “mettre en place dans chaque Haute Ecole une salle de classe créative, dans l’objectif de viser à l’apprentissage des méthodes et techniques créatives, y compris à travers le dispositif “Ecole numérique”.
Ou encore:
– “inclure un module sur l’entrepreneuriat dans la formation des enseignants en prévoyant des mises en situation adaptées à l’âge des étudiants
– renforcer les modules d’éducation à l’entrepreneuriat et à l’économie créative dès l’enseignement
secondaire et dans l’enseignement universitaire.”
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