Depuis ses débuts en 2005, la société néolouvaniste (1) IntoPIX, spécialisée dans la compression, l’optimisation et la sécurisation de données audiovisuelles, développe et commercialise des solutions basées sur la norme JPEG2000. En guise de “Bonus” pour nos abonnés, le portrait que nous consacrons à la société.
Aujourd’hui, elle s’apprête à lancer un nouveau format de compression, développé par ses propres équipes R&D et qu’elle a fait breveter. Sortie sur le marché: début septembre. Son nom? TICO (pour “tiny codec”).
Made in Belgium
“TICO est une solution de compression légère (facteur 2 ou 4) qui garantit une qualité visuelle sans la moindre déperdition par rapport à l’image d’origine, qu’elle soit naturelle ou générée sur ordinateur”, explique Jean-Baptiste Lorent, directeur produits et marketing de la société. Le format sera exploitable à la fois par des composants de type CPU, ASIC et FPGA (processeurs reprogrammables).
“TICO résout toute une série de problèmes, tels que les besoins de bande passante pour la transmission d’images, en ce compris au sein des systèmes, la nécessité de réduire la consommation énergétique, que les techniques de compression font souvent exploser, ou encore une réduction des coûts des solutions.”
TICO optimisera plus particulièrement la latence. Si les techniques de compression sont indispensables face aux volumes pléthoriques de données à transmettre par image, elles provoquent aussi des délais de transmission. C’est sur ce facteur que le nouveau format de compression veut jouer pour que le phénomène de latence ne soit plus perceptible. “TICO autorisera une latence de l’ordre de la microseconde, là où le JPEG2000 en est encore au stade de la milliseconde.” Histoire “de ne plus entendre annoncer un goal à la radio avant de le voir sur son écran…”, explique dans un exemple Jean-Baptise Lorent.
Les avantages pourraient être sensibles pour toute une série de pans de marché. “L’optimisation énergétique épargnera l’autonomie des batteries de tablettes et autres équipements mobiles, qui sont lourdement sollicitées pour les transferts d’images, que ce soit en interne au sein du système [vers son écran] ou vers un téléviseur. TICO évitera aussi de devoir procéder à de nouveaux investissements en câblage. Le passage de la haute définition vers l’ultra haute définition (Ultra HD), que ce soit du 2K ou du 4K, implique une multiplication par 4 voire 16 du volume de pixels transmis par seconde. Ce qui pose problème aux câblages Ethernet actuels, limités à 1 Gbps. Ils devraient donc être remplacés. Même problème du côté du HDMI [interface audio/vidéo numérique assurant les flux de données entre par exemple un PC et un téléviseur] prévu pour du 24 images par seconde. Impossible de passer du 60 images/seconde, sauf si l’on tire 4 câbles en parallèle. Avec TICO, le câblage existant pourra être préservé.”
Le format TICO devrait aussi intéresser les producteurs de contenus destinés au marché naissant de la télévision numérique très haute définition. “L’un des problèmes actuels de ce marché est qu’il n’existe pas suffisamment de contenus 4K. Il faudrait soit “upscaler” les contenus existants HD ou produire plus de films et de contenus en 4K. Mais cela implique d’importantes contraintes”, souligne Jean-Baptiste Lorent. Notamment le stockage de ces énormes quantités de données (les contenus non compressés se calculant en péta-octets). “Il faut donc proposer de la compression et une aide à la production. TICO sera un outil intéressant à cet égard. Nous le présentons comme un smart upgrade path to higher resolution.”
La pression de l’innovation
Dans la chaîne de valeur qui amène une technologie jusqu’aux mains de l’utilisateur, IntoPIX a choisi de se positionner très haut en amont. La moitié de son équipe (un total actuel de 15 personnes) travaille en R&D.
La société opère en fait comme concepteur et fournisseur de technologies que ses clients (fabricants de cartes, équipementiers audiovisuels, sociétés de télédiffusion…) intègrent dans leurs propres produits et solutions. Voir le portrait que nous consacrons à la société.
“Nous devons sans cesse préparer le futur, être très rapide. Le temps représente tout simplement de la valeur pour nos clients, pour leur time to market.”
La pression en termes de renouvellement constant de l’innovation, pour rester sur la crête de la vague, pour conserver ses clients et devancer la concurrence, est donc immense. C’est la raison pour laquelle l’équipe néolouvaniste s’est lancée dans l’aventure TICO. Espérant offrir au marché une réponse à un besoin naissant. Comme cela avait été le cas à ses tout débuts, lorsque la société avait lancé un premier décodeur JPEG2000 au moment même où l’industrie de l’image – Hollywood en tête – annonçait une migration du format 35 mm au JPEG. “La thèse de doctorat de Gaël Rouvroy, qui fut à l’origine de la spin-off, était arrivée pile au bon moment pour répondre à un besoin du cinéma numérique.”
Aujourd’hui, TICO veut exploiter ce que la société considère comme un nouveau point d’inflexion, motivé par les contraintes que l’ultra haute densité fait peser sur toute une série de segments de marché: depuis la télévision et la création de contenus jusqu’aux équipements en tous genres appelés à servir de terminaux (tablettes comprises, notamment).
Jean-Baptiste Lorent (IntoPIX): “Nous devons sans cesse préparer le futur, être très rapide. Le temps représente tout simplement de la valeur pour nos clients, pour leur time to market.”
“Nous avons développé TICO sur fonds propres. Mais nous ne voulons pas en rester là”, indique Jean-Baptiste Lorent. “Pour aller plus loin, par exemple pour réaliser une implémentation pour ASIC, pour optimiser le format pour CPU, nous aurons besoin d’aide financière externe afin de ne pas rater le momentum et de garantir le time-to-market. Notre philosophie n’est en rien de vivre de fonds publics parce que ce n’est pas sain mais nous sommes également conscients que nous ne pouvons pas tout faire avec nos seuls moyens, que nous ne pouvons pas absorber davantage de projets [de R&D] alors que le potentiel existe.” Signalons, à cet égard, qu’IntoPIX a déposé, en juin, un dossier auprès de la DGO6…
Pour assurer ce pipeline de projets R&D, la société participe dès lors à divers projets de recherche industrielle à long terme, financés par la Région voire par l’Europe (tel le projet FP7 ICAF- Image Capture of the Future). C’est ainsi qu’elle se retrouve parmi les porteurs de projets sélectionnés dans le cadre de l’appel à projets GreenTIC (projet Ciclop, en l’occurrence) dont nous vous avons déjà parlé.
(1) IntoPIX a récemment déménagé ses bureaux de la Place de l’Université à Louvain-la-Neuve vers l’Axis Parc voisin de Mont-Saint-Guibert.
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