L’été dernier, un beau tollé avait été suscité par l’annonce d’un projet Digital Cities, lié à l’octroi d’une subvention de 3 millions d’euros, allouée à la Ville de Mons en vue de mettre en oeuvre un réseau Wi-Fi dans la perspective de Mons 2015, capitale européenne de la culture. L’idée première (ou la motivation donnée pour la subvention) avait été d’en faire une vitrine numérique mobile, dont l’expérience pourrait être reproduite ou servir d’inspiration à d’autres villes.
L’Inspection des Finances ayant jugé le dossier irrecevable (arguant notamment que la Région n’avait pas à financer des services et infrastructures que des opérateurs privés proposent déjà par ailleurs), le Ministre Marcourt avait dû faire machine arrière et revoir le scénario.
3 millions mais pour davantage de villes
Ce jeudi, le gouvernement a approuvé la nouvelle mouture du projet Digital Cities. L’intention générale est d’accélérer le déploiement d’infrastructure de connectivité dans les centres urbains wallons. Et ce, dans un double objectif: favoriser l’accès des services publics (ou communautaires) aux citoyens et visiteurs et servir de tremplin pour le développement de nouveaux services et/ou applis par le privé.
L’enveloppe est toujours de 3 millions d’euros (3,1 millions pour être précis) mais concerne désormais le déploiement d’une infrastructure Wifi dans un total de six centres urbains wallons “à forte densité de population, nomade ou sédentaire”. Les six élus sont Mons, Liège, Bastogne, Namur, Ottignies-Louvain-La-Neuve et Tournai.
Critères retenus: la présence d’un pôle orienté enseignement, tourisme (ou événementiel à forte connotation touristique), santé ou mobilité sur lequel vient directement se greffer un projet de service numérique à la population.
Chaque ville devra rentrer à la Région un projet précisant le scénario exact pour lequel l’infrastructure WiFi sera déployée. C’est déjà fait pour Mons (dans le cadre de Mons 2015) et Liège. C’est sur le point de l’être pour Bastogne.
En tout cas, compte tenu des critères de sélection, il n’est pas question de financer le déploiement d’un accès WiFi dans une ville entière mais plutôt d’offrir un accès aux citoyens (particuliers ou professionnels), visiteurs et touristes dans des zones ou pour des finalités bien précises: consultation des possibilités de transport, parcours touristiques commentés, accessibilité aux informations concernant l’horeca, accès aux portails d’information de centres culturels, d’établissements hospitaliers…
Accès contrôlé
Pas question non plus pour les autorités publiques de financer du surf à des fins qui ne rentreraient pas dans le fil rouge du projet, à savoir le service à la population.
La gratuité des accès sera donc organisée en paliers:
- accès gratuit illimité aux services de la Ville (lisez: les services publics proposés par elle) ou à des sites Internet et applications ayant un lien avec les secteurs visés (santé, éducation, mobilité, tourisme, culture…); exemples: possibilité de télécharger les horaires des transports publics, les programmes culturels, les offres de l’horeca local, le programme de festivités du jour…
- accès gratuit mais limitée (en vitesse mais surtout en volumes) à certains services: l’accès à des boîtes mail ou à des réseaux sociaux sera par exemple possible, gratuitement; par contre, pas question d’en profiter pour télécharger la dernière série télé ou autres contenus (la teneur exacte des services autorisés doit encore être définie)
- accès illimité payant aux sites Internet “non autorisés”, ne relevant donc pas du projet soumis par la Ville; autrement dit, dès que le mobinaute voudra accéder à ces ressources, il devra payé son accès au prix déterminé par l’opérateur WiFi de service.
A quoi servira le financement?
L’enveloppe globale de 3 millions sera répartie comme suit entre les 6 centres urbains désignés:
- Mons: 1,5 million
- Lège: 700.000 euros
- chacun des 4 autres centres (Namur, Ottignies/Louvain-la-Neuve, Bastogne, Tournai) auront chacun droit à “moins de 300.000 euros (selon une répartition qui doit encore être précisée). Il y a quelques semaines encore, l’idée était d’octroyer 300.000 euros par ville mais voilà, leur nombre entre-temps est passé de 5 à 6… Elles devront donc se contenter d’un peu moins.
Les budgets alloués permettront de financer les équipements (points d’accès, bornes interactives…) ainsi que l’infrastructure de gestion et de support: portails “captifs”, assistance technique, journalisation des accès, solution d’authentification des utilisateurs, réalisation et mise à disposition d’un tableau de bord et d’indicateurs permettant d’assurer le suivi de l’utilisation, des performances et des demandes de support.
A noter que ces indicateurs permettront aussi de procéder, à terme, à une évaluation de l’opportunité de ce projet Digital Cities. Le Cabinet Marcourt semble ainsi vouloir se couvrir, face aux critiques potentielles par rapport à un financement public de projets pouvant potentiellement se développer via des initiatives et moyens privés.
Si l’expérience est concluante et apporte la preuve que l’investissement public contribue à l’essor numérique (économique, touristique…) des acteurs locaux et apporte une plus-value, une extension du projet de subventions sera envisagée afin d’en faire bénéficier d’autres centres urbains. Premières villes déjà pointées à ce stade: Charleroi et Spa-Francorchamps.
Un point à préciser (il doit encore faire l’objet d’une analyse et d’une concertation, notamment entre villes bénéficiaires): la manière dont le marché public sera organisé. S’agira-t-il d’un appel d’offre global (volet opérateur, volet équipements) ou y aura-t-il segmentation?
En tout cas, Mons est dans les starting blocks, quoi qu’il arrive, pour son propre marché public. Et l’espoir de la part du gouvernement wallon (lisez: du Cabinet Marcourt) est que les bonnes pratiques qui seront développées à Mons (notamment en termes de couverture, de sécurité d’accès voir de scénarios applicatifs) puissent bénéficier aux autres centres urbains, “par effet de synergie, afin d’éviter les dépenses inutiles.”
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