Jusqu’ici les jeunes stagiaires qu’accueillaient le MIC (Microsoft Innovation Center) venaient tous de Hautes Ecoles. A partir de septembre, le MIC (à tout le moins celui de Bruxelles) initie en collaboration avec Evoliris un programme de stages pour des étudiants d’établissements de promotion sociale.
“Face aux besoins du marché en profils IT”, explique Ben Piquard, patron du MIC, “il ne suffit plus d’aller chercher des profils dans les écoles. Il faut aussi s’intéresser aux demandeurs d’emplois” et, dès lors, aux compétences et vocations IT, parfois insoupçonnées.
Pour Evoliris, la collaboration avec le MIC est destinée à “renforcer la formation des personnes en recherche d’emploi, non seulement en termes de compétences techniques mais aussi de “savoir-être”, de capacité à “se vendre” à un employeur”, déclare Jean-Pierre Rucci, directeur d’Evoliris, mais aussi membre du comité de direction du MIC Bruxelles.
Le “modèle” MIC
Le stage – d’une durée de 15 semaines (90 jours) – présente la particularité d’être structuré en 3 temps. Pendant la semaine, le stagiaire passe 2 jours en entreprise, 2 jours au MIC, le 5ème étant dédié à l’apprentissage de “soft skills” (rédaction d’un CV, préparation d’entretien d’embauche, travail en équipe…).
Pendant le stage, les étudiants sont “encouragés” à passer des certifications .NET. En début d’année, ils ont par ailleurs participé à des Appathons (compétitions de développement d’applis).
Jusqu’ici, les stages ne concernaient que des bacheliers du secondaire normal. Prochaine étape: des stages pour étudiants en Promotion sociale.
En septembre, le MIC Bruxelles initie en effet un programme de stages destiné aux bacheliers de dernière année en informatique de Promotion sociale. Etablissements d’enseignement participants: l’IEPSCF-Uccle, l’EPFC, l’IEPS et l’Institut des Carrières Commerciales.
Comme leurs prédécesseurs, les stagiaires auront droit à du coaching technique (méthodologies Scrum, agile…), à des cours de certification .Net, à des appathons. Ils participeront en outre à des jobs Days (orientation: développeurs .Net et administrateurs réseau).
Les PME y trouvent leur compte
C’est en tout cas l’avis de Lionel Anciaux, patron d’Emixis (anciennement Mobile Token), qui cherchait du renfort pour ses équipes de développement et, plus particulièrement, des compétences en Windows 8.
Jean-Pierre Rucci (Evoliris): “renforcer la formation des personnes en recherche d’emploi, non seulement en termes de compétences techniques mais aussi de “savoir-être”, de capacité à convaincre un employeur.”
“Nous avions besoin de trouver de bons étudiants et de leur fournir un bon encadrement.” Par ailleurs, les compétences nécessaires ne se trouvaient pas encore sur le marché puisque le matériel (smartphones et tablettes Windows 8) étaient à peine sortis d’usine. “Développer les logiciels ne pouvait donc se faire qu’en ayant accès aux bonnes connaissances”. De première main… et c’était bien entendu du côté de chez Microsoft. “Le coach du MIC nous sert aussi de relais vers la communauté Microsoft.”
Et c’est sans doute là l’atout majeur qu’une PME ou start-up peut voir dans les stages pilotés par le MIC. Au-delà des compétences et du temps que consacre un étudiant au projet, c’est l’accès au support Microsoft, une exploitation de capacités de formations en technologies spécifiques et/ou innovantes (applis mobiles, interface gestuelle, cloud…) qui les intéressent.
Avis similaire dans la bouche de Sébastien Wulf, patron de Guru Training Systems (une des sociétés qui accueillera des stagiaires PromoSoc): “Nous n’avons pas le temps de chercher des ressources. Ce programme est pour nous l’occasion de trouver des personnes pré-identifiées et screenées. Cela nous permet dès lors d’accélérer notre propre roadmap en disposant de ressources humaines supplémentaires. Le fait de pouvoir compter sur des personnes coachées nous fait aussi gagner du temps. Et grâce aux deux journées qu’elles passent au MIC, elles peuvent rapatrier des choses intéressantes.”
Lionel Anciaux (Emixis): “L’école devrait proposer aux étudiants davantage de projets où ils doivent travailler en groupe et, de surcroît, les faire travailler sur des projets réels.”
Le coach joue aussi un rôle d’insertion. “Un étudiant n’est pas plug & play”, déclare Lionel Anciaux. “Il faut l’encadrer pour qu’il s’insère dans une entreprise”. Or, une PME ou une start-up n’a pas les moyens de dédier une personne interne. D’où l’intérêt d’une ressource externe, venue du MIC. Le coach sera donc la personne qui lui apprendra certaines choses auxquelles l’école – malheureusement – ne le prépare pas: travailler en équipe, coder de manière efficace, optimisée, gérer un projet…
Stages payants
Depuis cette année, la PME qui accueille le stagiaire finance le stage. Ou, plus exactement, paie l’encadrement, c’est-à-dire les services du coach. Coût facturé du stage 4.000 euros (5.000 euros si la société fait travailler 2 stagiaires sur un même projet).
“Nous sommes prêts à le faire dans la mesure où le MIC est un gage d’expertise”, déclare Lionel Anciaux. “La mise à disposition d’un étudiant, présélectionné et dont nous vérifions nous-même l’adéquation, ainsi que d’un coach nous permet d’aller plus vite dans le développement de nos technologies. Cela nous évite de perdre du temps et de ne sortir une solution, stratégique pour nous, que deux ans plus tard…”
A noter le principe du “double filtre”: les écoles participantes envoient les CV d’étudiants au MIC qui opère un premier tri selon un test mis au point en interne. Il permet notamment de “déceler les qualités techniques de l’étudiant”. Les profils sont alors comparés aux demandes des PME et start-ups. Ces dernières ont ensuite la possibilité de sélectionner, parmi les CV reçus, les candidats qui leur conviennent.
Petit retour en arrière: les stages IT d’étudiants (bacs) au sein du Microsoft Innovation Center sont une idée qui a pris forme en 2009 à Mons. L’idée était de permettre à des étudiants porteurs d’un projet orienté IT (et technologies Microsoft) de venir le faire mûrir au sein du MIC au profit d’une PME locale.
Au fil des ans, le nombre de stagiaires est passé de 2 à 27 (score 2012).
L’année dernière, le MIC avait clairement émis la volonté d’alléger ses propres frais (un stage lui coûte en ressources quelque 2.500 euros) tout en pérennisant le principe (voir à ce sujet notre article “MIC 2.0”: Amplifier l’impact sur l’emploi). Pour ce faire, il fallait faire participer les PME aux frais.
Le principe en a été appliqué dès le début 2013. TagTagCity et Emixis (ex-Mobile Token) ont ainsi accueilli un stagiaire venu d’une Haute Ecole et ont financé le stage, à savoir le coach et les ressources mises à disposition par le MIC (le stagiaire, lui, n’est pas payé).
Etendre l’idée, mais comment?
Le fait de passer à la formule payante permet au MIC de financer un coach. Un seul jusqu’à présent. Depuis l’extension du programme à Bruxelles et, surtout, depuis la nouvelle méthode de partage du temps entre entreprise et MIC (jusqu’en 2012, les stagiaires restaient 5 jours sur 5 au MIC), le coach partage son temps entre Bruxelles et Mons (de janvier à mai, le programme a concerné 11 stagiaires à Mons et 14 à Bruxelles).
La capacité d’accueil du nombre de stagiaires est plafonnée à 20 ou 25 en raison de la capacité d’un coach d’assurer un suivi qualitatif à un nombre limité de personnes.
“Nous ne demandons pas mieux que d’augmenter les chiffres”, dit-on au MIC. Mais il faudrait pour cela pouvoir financer davantage de coachs. Appel subliminal à candidatures…
Dans les tiroirs, il y a un scénario où l’on pousserait à 200 stagiaires par an, encadrés par une douzaine de coachs. Mais pour cela il faudrait trouver “la bonne équation” et prévoir, notamment, un coordinateur…
Du côté wallon, le MIC voudrait aussi étendre l’idée des stages en promotion sociale mais se heurte notamment à la règle des 6 semaines de stage. “Trop court pour obtenir des résultats probants et donner le temps au stagiaire de trouver ses marques dans l’entreprise.” Des contacts ont néanmoins été noués avec le Forem.
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