Générer des contenus pédagogiques, sous forme numérique, semble désormais être à portée d’une multitude d’acteurs: éditeurs, auteurs, enseignants, pédagogues, voire élèves et étudiants, sans oublier le rôle alloué aux pouvoirs publics.
Les outils de création, en tout cas, sont de plus en plus accessibles et d’autres viendront certainement les rejoindre à court ou moyen terme. les cartes des métiers sont-elles pour passe en train d’être redistribuées? Trop tôt pour en juger de manière péremptoire. Chacun défend en tout cas ses positions…
Editeur: un métier en danger?
“Les éditeurs sont débordés par des professeurs imaginatifs. Les professeurs deviennent créateurs, metteurs en scène”. Cette sentence vient de la bouche de Luc Viatour, professeur de maths et de sciences économiques à l’Institut Saint-Joseph de Ciney. Mais ce genre de déclaration s’entend de plus en plus, et dans un nombre croissant de milieux.
Signe précurseur d’une révolution de palais?
Les éditeurs, bien évidemment, ne l’entendent pas de cette oreille.
Michel Charlier (Averbode): “Les éditeurs doivent montrer quelle est leur plus-value par rapport à des contenus disponibles gratuitement sur internet. Ces contenus sont, en grande majorité, non validés et ne sont pas nécessairement conformes aux prescrits légaux. Mais les éditeurs doivent aussi adapter leur métier, leurs façons de faire et de travailler, leur manière de guider les auteurs…”
Olivier Ruol (De Boeck): “Le rôle des éditeurs reste le même, que ce soit en numérique ou pas. A savoir, offrir aux élèves et aux professeurs des supports de cours dignes de qualité. Le métier de chacun des intervenants change irrémédiablement avec l’arrivée du numérique. Mais le rôle, le cœur du métier-même et les intentions restent les mêmes. Evidemment, nous nous chargerons de la diffusion des e-manuels, ce qui veut dire que nous devrons trouver des compromis avec les libraires, qui sont au front pour la vente de nos manuels papier.”
Thibault Léonard (Primento): “le métier des éditeurs va nécessairement changer. Les auteurs vont s’auto-éditer. Mais cela ne veut pas nécessairement dire qu’ils seront également les vecteurs de diffusion dans la mesure où ils ne sont pas forcément de bons promoteurs.” A ses yeux, l’éditeur servira de “caution scientifique par rapport au créateur que sera l’enseignant.”
Un tremplin pour l’auto-édition?
Petite phrase à nouveau de Luc Viatour: “iTunes est devenu un vendeur de productions professionnelles. Nul n’est donc plus besoin des éditeurs pour diffuser les créations.”
Pourquoi les professeurs, éventuellement aidés par leurs élèves, ne pourraient-ils pas, en effet, devenir eux-mêmes producteurs de manuels numériques? La chose se fait déjà. Mais de là à s’ériger en éditeur à part entière… “Il est rare de trouver des gens qui soient à la fois de bons enseignants, des pédagogues, pour support papier et numérique, qui puissent faire la promotion de leur bouquin et trouver un canal pour le distribuer”, persiste Thibault Léonard.
“Le rôle de l’éditeur demeure donc crucial en matière de développement de ressources numériques. D’autant que l’enseignant a en fait une vision encore plus biaisée du contenu que l’éditeur qui, au moins, a de nombreux contacts avec plusieurs écoles, avec l’inspection… Il a donc l’avantage de rassembler la vision de plusieurs personnes.”
C’est en fait toute la problématique de la mutualisation des contenus pédagogiques, de la mise en place d’une plate-forme “wiki-communautaire” qui bénéficierait à l’ensemble des enseignants et enseignés. Un chapitre qui doit encore s’ouvrir. Pour ne pas dire être écrit.
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