Le décret doit encore être rédigé et promulgué mais les acteurs du Réseau Santé Wallon (RSW) ont eu la bonne surprise (ils l’attendaient depuis longtemps) d’apprendre que le RSW bénéficierait désormais d’un budget stable et ne devra plus s’inquiéter de recevoir ou non des subsides, variables, sur base annuelle.
En jeu? La stabilisation du financement de ce réseau télématique médical à la veille de la régionalisation de nouvelles compétences, parmi lesquelles se trouve le gros et compliqué dossier des soins de santé.
Financement alloué: 1,5 million d’euros, dont 400.000 euros venant encore cette année du niveau fédéral (SPF Santé publique).
Explication d’Eliane Tillieux, Ministre de la Santé et de l’Action Sociale: “Persuadée de poser un geste nécessaire et utile au développement de soins de santé de qualité, au bénéfice de nos concitoyens, la Wallonie a décidé de soutenir de façon pérenne ce projet en lui donnant une base légale et un financement propre.”
Quel usage?
Le financement de 1,5 million servira à plusieurs choses, explique André Vandenberghe, responsable du Département d’Information médicale du CHU Charleroi, et cheville ouvrière du Réseau Santé Wallon (RSW).
A commencer par la stabilisation et l’extension des activités de déploiement et de maintenance du réseau qui, pour rappel, vise à autoriser le partage et l’accessibilité de données et dossiers médicaux informatisés entre les différents établissements de soins et les professionnels (médecins généralistes, spécialistes…). Voir à ce sujet le dossier que nous avons consacré à la problématique des données et dossiers médicaux informatiques.
André Vandenberghe: “La stabilisation du financement du RSW va nous permettre de continuer et d’amplifier l’exercice de mutualisation entamé.”
“L’extension à l’ensemble des acteurs- maisons de repos, de revalidation, hôpitaux psychiatriques, laboratoires privés, infirmiers, dentistes, etc.- est un grand défi et exigera des investissements”, souligne André Vandenberghe. “Il faut en outre résoudre nombre de problèmes, notamment liés à la sécurité et à l’identification des usagers, par exemple la lecture de l’eID [carte d’identité électronique] sur des plates-formes Apple, Windows 8…”
L’inclusion et la connexion des différents acteurs visés devraient, à son avis, être rendus plus aisées par la garantie de financement et de pérennité qu’implique la décision du gouvernement. “Jusqu’à présent, nombre d’institutions se tenaient sur la réserve, ne se connectaient pas au RSW en raison de doutes sur la subsidiation à long terme” et donc les aides que ces établissements pouvaient espérer pour passer à l’acte.
Autre destination réservée aux moyens nouveaux: la constitution d’une réelle équipe de gestion du Réseau Santé Wallon et d’une cellule de compétences.
“Sans garantie sur le financement, nous ne pouvions engager de personnes d’une certaine envergure. Le RSW reposait donc sur le travail de personnes comme moi qui le faisaient en dehors de leurs heures de travail. Ce qui est loin d’être idéal. Désormais, nous pouvons tabler sur un budget et sur un cadre nécessaire pour stabiliser l’équipe et accélérer son extension.”
Compétences et profils recherchés? “Les besoins concernent surtout le développement et la gestion de projets. Nous recruterons donc essentiellement des profils informatiques orientés vers la conception d’une informatique médicale et le développement de logiciels. Il faudra également renforcer légèrement l’expertise du côté de l’hébergement et de l’infrastructure (gestion réseau, sécurité…). Mais ces deux missions sont sous-traitées au CHU de Charleroi qui dispose déjà d’une équipe, qui est donc mutualisée pour couvrir les besoins du RSW.”
André Vandenberghe: “En matière d’informatique médicale, les besoins sont colossaux. On peut donc toujours espérer plus [que le financement alloué par le gouvernement wallon] mais il s’agit avant tout d’avancer pas à pas, de manière pragmatique. Le budget n’est pas énorme mais ce n’est pas une mauvaise chose en soi. Cela va nous obliger à rester pragmatique. Parfois, quand on a trop d’argent, on a trop tendance à développer des structures plutôt que des projets.”
Aux yeux d’André Vandenberghe, la constitution d’une véritable équipe et d’une cellule de compétences sera tout sauf un luxe. “Au niveau fédéral, eHealth édicte des mécanismes formulés de manière succincte. Les utilisateurs doivent se débrouiller. Pour transférer par exemple les données de l’hôpital dans le registre de l’INAMI, l’hôpital est livré à lui-même, ne peut compter sur aucun support de la part de la plate-forme eHealth. L’hôpital n’a que deux recours: soit s’adresser à un prestataire commercial, ce qui coûte cher. Soit s’adresser au RSW. Hôpitaux et médecins généralistes ont grand besoin d’aide et d’assistance.” D’où l’intérêt de renforcer les compétences et ressources de l’équipe RSW.
Du pain sur la planche
Troisième poste auquel seront affectés les financements publics: le développement de nouvelles applications. Il faudra, au préalable, s’accorder entre monde médical/hospitalier et autorités publiques sur les priorités à mettre en oeuvre. “Les demandes, de part et d’autre, sont nombreuses mais chacun sait que le programme d’actions issu de la Table Ronde de fin 2012 [le “Plan d’Action 2013-2018 pour l’informatisation des soins de santé”] est infaisable dans sa totalité. Il faudra s’accorder sur la partie à réaliser. Chacun des points listés par la Table Ronde exige beaucoup de réflexion et de travail. Par exemple, la possibilité de réellement pouvoir exploiter les documents mis à disposition par les hôpitaux. Une exploitation des données, sous forme structurée, par exemple l’intégration d’un diagnostic hospitalier dans le dossier d’un médecin généraliste, n’est pas encore possible. Pour cela, il faut codifier et standardiser. Et cela exige force réflexion et développement. Notamment en termes de définition et de spécification de formats de données. Pour chaque projet, nous enverrons donc des experts participer aux groupes de travail fédéraux.”
Boule de cristal institutionnelle
Dans le financement “pérennisé” dont bénéficiera le RSW, 400.000 euros viennent encore du niveau fédéral (via le financement d’appels à projets visant à implémenter le partage de données entre hôpitaux et médecins généralistes).
Avec la régionalisation des soins de santé, c’est aussi le lien ombilical financier qui risque de se rompre. Même si rien n’est encore clair, et encore moins décidé en la matière. Selon le scénario qui sera élaboré, le financement viendra soit de l’INAMI, soit du futur équivalent du SPF Santé publique. “Le tout est de savoir comment l’informatique sera considérée”, déclare André Vandenberghe. Soit comme une dimension de la pratique médicale, financée dès lors à travers les actes médicaux. Soit comme un paramètre opérationnel, “au même titre qu’un bâtiment”. Le financement, dans ce cas, ne serait plus accordé selon le prisme des actes médicaux mais au titre d’“infrastructure”.
A priori- c’est en tout cas la logique que suit André Vandenberghe-, l’informatique médicale devrait demeurer liée aux actes médicaux (et donc être incluse dans les financements INAMI). Un exemple: “le principe est que les résultats d’un examen radiologique soient mis à disposition via un hub dans les 24 heures après l’examen.” Volet purement médical et volet informatique/télématique sont donc intimement liés. “Cela implique aussi que les radiologues doivent allouer une partie de leurs “recettes” financières pour atteindre l’objectif informatique.”
Mais c’est là un aspect de la problématique générale qui n’a pas encore été abordé…
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