Si le buzz du “sustainable” a perdu de sa superbe, notamment pour des raisons d’impératifs économico-financiers, les projets, basés sur des solutions IT, visant à optimiser les usages énergétiques ont tendance à fleurir ces derniers temps.
La collecte de données de consommation (énergétique, notamment) et leur analyse en vue d’une optimisation des usages et comportements impliquent de mettre en oeuvre des dispositifs pouvant supporter une charge potentiellement très importante. C’est une chose de pouvoir visualiser via une interface hébergée dans le “cloud” sa propre consommation électrique, par exemple. C’en est une autre de collecter, d’interpréter et de piloter en un point central les données provenant de milliers, voire centaines de milliers de points de collecte. D’autant plus que les types et fréquences de mesures, les formats utilisés sont multiples et hétéroclites. Gare à la nouvelle Tour de Babel.
Surveillance environnementale
C’est sur ce terrain que se positionne UniWan, petite société de Pont-à-Celles, qui a décidé d’élargir son cadre de compétences. Depuis 2003, l’un de ses métiers consistait dans le développement et l’implémentation des outils de surveillance d’infrastructures informatiques (via IP ou connexions M2M). Via des sondes, la société assure le monitoring de paramètres tels que la disponibilité des systèmes (en environnement Windows, Apple, Linux, open source…), le bon fonctionnement des systèmes de back-up, celui des pare-feu et équipements de sécurité, les charges CPU et disque, la température interne, le taux d’humidité…
Jean-Marc André (UniWan): “Le concept que nous avons développé permettra d’assumer les volumes induits par le montiroring des smart cities. Tout pourra être monitoré: points d’éclairage, luminaires, bornes de rechargement, transports en public…”
“Jusqu’à ce jour, nous ne surveillions que les infrastructures informatiques. Nous avons voulu élargir le concept à celui de la “surveillance environnementale”, en y incluant la dimension de la gestion technique de bâtiment. De quoi surveiller tout aussi bien la température des serveurs que l’existence d’une fuite d’eau dans un bâtiment ou le bon fonctionnement d’un groupe électrogène”, déclare Jean-Marc André, fondateur et patron d’UniWan.
Tous les équipements et dispositifs sont potentiellement concernés: chauffage, conditionnement d’air, système incendie, contrôle d’accès, réservoirs et cuves… “Les technologies existantes ne sont pas adaptées à une surveillance d’un grand nombre d’équipements et de points de mesure”, indique-t-il. Surtout lorsqu’ils sont hétéroclites et peuvent représenter un “parc” de milliers de points distincts à surveiller.
D’autant qu’au-delà de la surveillance de bâtiments (qu’ils soient isolés ou regroupés virtuellement en parc immobilier), UniWan ambitionne déjà d’étendre le principe à la dimension des collectivités et “villes intelligentes”. “Ce n’est pas notre objectif initial mais le concept développé permettra d’assumer les volumes concernés. Tout pourra être monitoré: points d’éclairage, luminaires, bornes de rechargement, transports en public…”
“BusWan”
“En 2009, nous avons initié un projet R&D [nom de code: BusWan] pour le développement d’un protocole universel de monitoring, en collaboration avec Innovatech et le CETIC.”
Objectif: développer une plate-forme de surveillance, constituée à la fois d’un back-office de télémesure et de passerelles de communications, le tout reposant sur un protocole et un format d’échanges de données standardisés permettant l’intégration de sondes en tous genres (sondes matérielles ou logicielles).
Ce “Universal Monitoring Bus », basé sur les technologies SOA (service oriented architecture), a aujourd’hui franchi le stade du proof of concept. “Nous solutionnons le problème de la concentration des mesures et du support de grands volumes (points de collecte et données) en mettant en oeuvre une solution distribuée, qui s’appuie sur les principes du cloud.”
UniWan fait valoir trois arguments différenciateurs: l’aptitude à monter en charge (jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de points de mesure); la simplicité de mise en oeuvre; et l’universalité de la solution.
“Jusqu’ici, une infrastructure de surveillance a généralement été liée à un métier ou à une marque. Notre solution fédère la surveillance de tous les environnements: salles IT, gestion de bâtiment, contrôle d’accès, consommation énergétique, contrôle d’humidité… Autre différence majeure: la surveillance des environnements industriels, semi-industriels ou immobiliers impose souvent un accès au réseau interne et, plus encore, un accès interne, sur site, aux équipements. La culture du Web n’a pas encore percolé ces secteurs. Nous proposons, quant à nous, une solution qui fédère tous les signaux sur une plate-forme Web, hébergée, concentrant sur un seul écran toutes les données, avec gestion unifiée d’alertes. Nous opérons via des passerelles, sans VPN, sans ligne louée.”
Les “passerelles” de communication permettront de surveiller tout dispositif de relève. “Nous avons identifié les protocoles industriels les plus utilisés. Nous supporterons tous les types de capteurs, de sondes. Sur site, il suffira d’installer des transformateurs d’intensité sur les différents points de mesure à surveiller. Nous allons, pour ce faire, former les chauffagistes ou les électriciens afin qu’ils acquièrent une connaissance Web. Il leur suffira d’installer le boîtier prépackagé, et de l’insérer dans le tableau électrique.”
“Mid-market”
Cibles de la solution? Le “mid-market”, cette frange de marché qui n’attire pas l’intérêt de gros opérateurs “tels Siemens ou Johnson Controls qui visent de préférence les tout grands bâtiments et délaissent le résidentiel parce qu’ils n’y voient pas une masse critique suffisante.”
Quel est ce “mid-market”? “Les collectivités, les syndics d’immeubles, les gestionnaires d’infrastructure, les sociétés de maintenance, les bureaux d’étude d’architecture…”, pointe notamment Jean-Marc André.
Pour ce qui est du marché visé, UniWan envisage dès à présent une dimension internationale. “Nous viserons d’abord le marché francophone. Prochaine étape: les Etats-Unis, afin de créer le buzz avant de revenir vers l’Europe pour pénétrer d’autres marchés.”
Modèle business? “Des royalties collectées en fonction des volumes de données qui transiteront via notre infrastructure. Nous visons donc clairement l’effet d’échelle. En opposition flagrante avec les tarifs pratiqués aujourd’hui par les opérateurs qui appliquent des prix exorbitants…”
UniWan envisage par ailleurs une formule d’accès gratuit pour certains clients et ce, “afin de permettre à tous de bénéficier de la solution. Un accès gratuit permettra en effet de susciter la créativité et de faire émerger de nouveaux développements, de donner naissance à de nouveaux modules.” C’est le même esprit participatif qui a guidé UniWan dans sa décision de diffuser, en open source, les passerelles de communications devant permettre aux divers environnements surveillés de se connecter au back-office de télémesure. “Ces passerelles seront diffusées en open source afin de motiver les gens à les exploiter.”
UniWan ne commercialisera en outre pas en direct sa solution, préférant jouer sur le levier potentiellement multiplicateur de prescripteurs et d’un réseau de partenaires. “Nous vendrons la solution en marque blanche…”. UniWan ouvre également la porte à d’autres partenaires, par exemple pour le développement et l’exploitation de la couche analyse de données qui devra nécessairement venir se greffer sur l’architecture de collecte des paramètres surveillés.
Déploiement par paliers successifs
Dans un premier temps, la plate-forme back-office s’accompagnera de cinq modules: quatre qui visent des domaines ou métiers spécifiques- monitoring des températures et degrés d’humidité, surveillance des consommations énergétiques, monitoring de magasins, surveillance de halls (industriels)- et une plate-forme de développement, qui permettra la création d’applications complémentaires.
Jean-Marc André (UniWan): “Un néophyte doit pouvoir utiliser notre solution.”
Ces modules, qui seront lancés au rythme d’un par trimestre, incluront à la fois les matériels de monitoring et les accès à la plate-forme de gestion. D’autres modules viendront s’ajouter ensuite, afin d’élargir le spectre des équipements supportés (surveillance d’éclairage, de frigos…).
La volonté d’UniWan est de procurer à ses partenaires installateurs et aux utilisateurs une solution qui soit aisée à installée et à utiliser. “Un néophyte doit pouvoir l’utiliser”, souligne Jean-Marc André. Qu’il s’agisse par exemple d’une personne responsable de la gestion d’un bâtiment ou d’un collaborateur d’un bureau d’étude. “Notre plate-forme leur procurera, via droits d’accès personnalisés, une vision sur les chiffres qui les concernent. Des statistiques transversales permettront de comparer les comportements des différents utilisateurs. Chaque client déterminera la manière dont il veut être informé et averti, par exemple, de tout dépassement de seuil. Par mail, SMS ou par l’entremise d’une personne.”
Recherche de capitaux
Le projet de R&D a été financé par la Région wallonne via une prime à l’innovation. Aujourd’hui, UniWan s’est lancé dans une levée de fonds destinés à financer la concrétisation du projet. Elle espère lever 1,5 million d’euros auprès d’investisseurs tant privés que publics. A noter qu’outre les actionnaires historiques de la société, les collaborateurs de la société (soit 12 personnes) ont eux aussi marqué leur confiance dans ce projet en y investissant de l’argent personnel.
Découvrez-nous sur Facebook
Suivez-nous sur Twitter
Retrouvez-nous sur LinkedIn
Régional-IT est affilié au portail d’infos Tribu Médias.