Leur union (virtuelle) est un réflexe d’opportunité. TagTagCity, BetterStreet, The Smart Company et Djengo, quatre start-ups wallonnes et bruxelloises, se sont découvertes des affinités et des complémentarités et ont décidé d’en tirer parti pour accroître leur potentielle force de frappe et se positionner sur un créneau naissant. A savoir, celui des “villes intelligentes” ou, plus exactement, de solutions IT et/ou socio-numériques pouvant améliorer la vie et l’efficience de communautés urbaines.
Leur initiative, baptisée Smart CityZ, va progressivement déployer des activités et une visibilité communes. Le pilotage se fait via un carré de personnes qui représentent, chacune, leur société pour développer des démarches conjointes.
L’union fait la force
Les 4 sociétés sont encore des jeunettes. Chacune vise des applications spécifiques qui ont ceci en commun qu’elles touchent à divers axes et dimensions du concept multi-facettes des “smart cities”. Plutôt que de parler de “ville intelligente”, comme on le fait généralement en français, il serait d’ailleurs plus juste de parler de “cité” ou de “communauté” intelligente, tant les concepts s’appliquent à toute taille de collectivité.
The Smart Company est active sur le terrain de l’efficience énergétique. Djengo sur celui de la mobilité. BetterStreet se positionne dans le domaine de la surveillance citoyenne de la qualité des services et cadre de vie. TagTagCity vise à promouvoir l’animation économique, culturelle et touristique.
“Les clients de Djengo ou de BetterStreet, par exemple, sont aussi nos interlocuteurs”, relève Loïc Bar, co-fondateur de The Smart Company. “Dès lors, pourquoi ne pas mutualiser nos actions, qu’il s’agisse de sensibilisation ou de démarche commerciale?”
“L’initiative est née d’une volonté de se regrouper pour approcher conjointement certaines entités, telles les communes, afin de proposer des solutions et services destinés à améliorer la vie du citoyen”, explique pour sa part Guillaume Verhaeghe, co-fondateur et CEO de Djengo. “Il s’agit d’une démarche entrepreneuriale dont nous allons tester l’efficacité. Rien ne garantit que cela marche mais l’initiative, en tout cas, est positive.”
Jean-Marc Poncelet, initiateur de BetterStreet, y voit pour sa part une démarche destinée à démontrer que ce phénomène très en vogue de la “ville intelligente” ne se résume pas à des visions futuristes, portées par de grands acteurs. “Nous avons des solutions prêtes ou, dans le cas de BetterStreet, sur le point de l’être. Des solutions belges, qui plus est. Nous pouvons montrer de manière très concrète ce que peut être une “smart city”. Cela avait donc du sens de regrouper nos forces et de parler de smart city de manière concrète en présentant les solutions que nous quatre avons développées et qui peuvent toutes intéresser les communes.”
Loïc Bar (The Smart Company): “Nous ne sommes pas des concurrents. Travailler ensemble ne peut donc être que positif et multiplier nos contacts.”
Sur base des compétences et des solutions figurant dans leurs catalogues respectifs, huit axes d’actions prioritaires ont été définis et, plus particulièrement, des réalisations et propositions en matière d’environnement, d’énergie, de loisirs, d’aide à la personne, de mobilité et de “smart government”.
Smart CityZ est donc une sorte de GIE nouvelle mode, de coalition virtuelle. La forme juridique que prendra l’initiative est encore à l’étude.
Au-delà des complémentarités objectives, nées des positionnements respectifs des 4 start-ups, il fallait bien entendu que toutes soient ouvertes à ce genre de collaboration. “Il est primordial de travailler dans un cadre de confiance”, souligne Loïc Bar. “Il fallait en outre que les gens soient totalement impliqués dans leur projet et ne risquent pas de disparaître du jour au lendemain.”
Le petit club pourrait s’agrandir, accueillant d’autres acteurs, belges voire étrangers, mais en respectant un certain nombre de conditions: “Nous accueillerons de nouveaux membres selon les demandes et marques d’intérêt qui se manifesteront mais il faudra avant tout éviter tout conflit d’intérêt. Des positionnements concurrents seraient source de tensions… Il faut être en mesure de déployer ensemble des actions commerciales. Elles aussi aident à fonder la confiance.”
Trois axes de collaboration
La première action conjointe de Smart CityZ prendra la forme d’une plate-forme de “brainstorming géant” baptisée « Help us image a better city ». Objectif: impliquer le citoyen, l’amener à réfléchir et à partager ses aspirations et attentes par rapport à la ville (ou collectivité) de demain. Cette plate-forme servira de “réservoir d’idées”, monitoré et géré par Smart CityZ, dans l’espoir de dégager des idées qui pourront se transformer en projets et bonnes pratiques. Les idées seront triées, classées par degré de pertinence par le quatuor.
La plate-forme devrait progressivement toucher des cercles plus larges. Plate-forme interne, dans un premier temps, limitée aux 4 start-ups, elles s’ouvrira ensuite aux communautés qui évoluent autour d’elles et enfin au public en général.
Deuxième étape: la communication via un blog où l’on retrouvera des idées, des avis, le relais d’initiatives et de réalisations qui ont déjà pris forme sous d’autres cieux. Objectif: informer les citoyens mais aussi influencer les autorités locales.
Troisième piste de collaboration: une démarche commerciale conjointe des start-ups participantes. “Smart CityZ aura potentiellement un effet multiplicateur pour les 4 petites structures que nous sommes”, explique Loïc Bar. “Face aux nombreux acteurs, souvent de grande envergure, qui se positionnent sur le terrain des “villes intelligentes”, c’est la seule solution pour de petites structures de se faire connaître et d’émerger aux yeux du marché.” Les contacts que chacun a noués, leurs propres réseaux, pourraient également bénéficier à la structure commune. Par exemple, les contacts noués, outre-Atlantique, par Djengo et The Smart Company au travers d’Euro Green IT, ou la visibilité qu’a acquise TagTagCity via son prix de European Start-Up of the Year.
“Dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons pas encore déterminer jusqu’où pourrait aller ce travail de mutualisation. Peut-être jusqu’à des réponses conjointes à des appels d’offre ou jusqu’à impliquer les trois autres dans des projets que le quatrième d’entre nous aurait décrochés…”
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