IMIO, l’Intercommunale de Mutualisation Informatique et Organisationnelle, n’a pas encore levé le voile sur ce que sera réellement sa stratégie et son positionnement précis (voir l’article que nous lui consacrions), mais il est néanmoins intéressant de voir ce qu’en pensent certains acteurs qui, potentiellement, vont se retrouver en concurrence, plus ou moins frontale avec elle.
Le fait est qu’en fonction des “métiers” que s’attribuera IMIO, elle empiétera, peu ou prou, sur certaines plates-bandes. Notamment celles de Stesud, d’Adehis et de NSI. Mais selon des géométries variables, chacun de ces acteurs ayant ses spécificités, natives ou acquises. Adehis, par exemple, n’aurait eu à s’inquiéter, jusqu’il y a de cela deux ans, que des intentions d’IMIO en matière de développement d’applications destinées aux pouvoirs locaux. Tout comme c’est le cas pour Stesud.
Toutefois, l’inclusion d’Adehis, en 2010, dans le giron de NRB change quelque peu la donne. Plus pour sa maison-mère, certes, que pour elle-même. En cause: la possibilité de voir IMIO se profiler comme un partenaire d’hébergement d’infrastructures informatiques. En concurrence, dès lors, avec l’un des métiers et des vecteurs de rentabilité de NRB.
Les convoyeurs attendent
Au stade actuel, alors que la stratégie détaillée d’IMIO doit encore être explicitée, les principaux acteurs wallons, présents dans les secteur des pouvoirs locaux, adoptent, quasi à l’unisson, une attitude réservée, prudente et conciliante vis-à-vis d’IMIO.
“En écoutant la prise de position de Frédéric Rasic [directeur général d’IMIO depuis cet automne], il semble que leur volonté ne soit pas de venir nous concurrencer mais plutôt d’apporter des services complémentaires ou s’exprimant autrement”, déclare Bruno Lemaire, directeur général de Stesud. “Nous n’avons dès lors pas l’intention d’entrer dans une guerre ouverte avec eux mais plutôt de voir ce qu’ils veulent faire et leur laisser s’installer là où ils pourraient opérer de manière plus efficace. Notre motto est “travaillons ensemble”.
Car il y aura fort probablement certains chevauchements entre les catalogues respectifs. Exemple: les deux parties disposent d’un logiciel de gestion de réunion (collèges, assemblées…). S’il se confirme qu’il y aurait donc deux solutions à même finalité sur le marché, il faudrait alors vérifier, estime Bruno Lemaire, “quelle application de gestion de réunion est la plus efficace et prendre une décision en conséquence.”
Y aura-t-il dès lors négociations et échange de bons procédés (donnant-donnant) en coulisses?
L’espoir, à peine voilé, est qu’IMIO aura bel et bien besoin de ces “concullègues” pour certains pans de ses activités. Notamment dans le domaine de la maintenance applicative. A priori, en effet, les effectifs d’IMIO demeureront limités et ne pourront répondre à toutes les demandes des communes, provinces, CPAS et autres corps de police. Ce qui l’obligerait à se tourner vers des acteurs tels Stesud pour se charger d’une partie du travail.
“Attendons voir”
Du côté des acteurs privés, le sentiment est non seulement d’attendre patiemment afin de pouvoir juger sur pièce mais aussi de laisser du temps au temps. “L’arrivée d’IMIO peut être une bonne chose, une opportunité”, estime Bruno Lemaire. Son raisonnement: un acteur de plus qui évangélise l’IT auprès des pouvoirs locaux ne peut qu’attiser la demande. “En prêchant les bonnes méthodes, l’IT peut devenir un outil d’efficacité, d’ouverture vers l’extérieur, que ce soit vers le citoyen ou les organismes de tutelle.”
A priori, ajoute-t-il, “IMIO semble être une initiative intéressante. Mais il faudra vérifier la pérennité de l’initiative, si elle ne va pas s’éteindre après un certain temps. On a souvent vu lancer de beaux feux d’artifice mais qui retombent bien vite…”
Saine concurrence?
Pour sa part, Adehis estime que les chevauchements entre les catalogues (applicatifs) des deux organisations sont minimaux: “la majorité de leurs applications correspondent à des solutions que nous avons rayées de notre carnet de développements”, déclare Didier Hergot, directeur général d’Adehis. Tout en admettant que les clients devront malgré tout opérer certains choix. “Notre roadmap se définit dans une perspective à long terme. Il est donc possible d’éviter les chevauchements. D’autant plus qu’il reste bien des problématiques non couvertes vers lesquelles nous pouvons nous orienter.”
Pas question toutefois de stopper l’un ou l’autre développement ou axe d’activité pour la seule raison qu’un nouvel acteur fait son apparition. “Il est d’ailleurs sain de fonctionner dans une situation de concurrence. Pour le reste, notre position reste de dire que nous souhaitons proposer l’offre de services la plus complète et la plus intégrée possible. Il y a pour nous une claire plus-value à développer certains outils, tels que des solutions de gestion d’urbanisme. Notre plus-value vient du fait que notre solution de création de dossiers d’urbanisme peut récupérer des données à partir du dossier Population. Par rapport au produit Urban d’IMIO, notre solution est plus complète, a fait ses preuves, est désormais ouverte à un accès Web pour les citoyens… Il n’y a aucune raison que nous l’abandonnions.”
Ce qui semble surtout “chatouiller” Didier Hergot n’est pas le fait qu’un concurrent semble se profiler mais plutôt que ce nouvel acteur soit un organisme subsidié. Sous-entendu: est-ce normal que le secteur public subventionne un acteur qui viendra concurrencer un opérateur existant qui est par ailleurs l’un de ses fournisseurs?
Chez NSI aussi on attend de voir ce qu’il en sera réellement des intentions d’IMIO. Une initiative qui, aux yeux de Manuel Pallage, directeur général de NSI, demeure passablement floue, difficile à cerner. “A ce stade, nous ne savons pas encore si ce sera un concurrent ou un partenaire.”
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