Pour les besoins de la formation de son personnel, Techspace Aero a commencé à avoir recours à l’e-learning, voici quelques années, pour des formations en langues. L’anglais, principalement.
Autres modules d’e-learning proposés par la suite: des formations en économie d’entreprise, gestion de projets, gestion du changement, leadership etc., qui sont assurées par le groupe Safran, auquel appartient Techspace Aero, par l’entremise de la Safran Corporate University.
Autres matières confiées, en partie, à l’e-learning: la qualité et certaines théories et pratiques de recherche & développement. De 200 à 300 personnes pourront ainsi bénéficier de mises à niveau et validation de compétences.
Pas d’e-learning pur et dur
Rapidement, en dépit d’avantages certains, Techspace Aero s’est rendu compte qu’elle avait tout intérêt à proposer l’e-learning comme méthode complémentaire du présentiel. “Dans un premier temps, les apprenants se sont montrés ravis de l’offre e-learning mais, avec le temps, cette perception s’est quelque peut étiolée”, déclare Etienne Damas, responsable Formation & Développement. “Nous nous sommes rendu compte que si un suivi n’était pas assuré, le degré d’adhésion diminuait. En proposant à la fois du présentiel et de l’e-learning, nous avons pu rétablir les choses.”
La société utilise en fait l’e-learning dans un contexte de blended learning, comme support de formation, afin de permettre aux apprenants de se préparer aux formations en présentiel ou pour assurer le suivi via des modules thoriques complémentaires. “Cela permet d’enrichir le contenu des formations, d’amener l’apprenant à effectuer un apprentissage complémentaire, à entretenir ses connaissances de manière régulière. Cela permet aussi de réduire la durée et les coûts de partie présentielle de la formation.”
Autre remarque: l’e-learning chez Techspace Aero prend parfois exclusivement la forme d’un enseignement on-line et non à distance. La raison en est que certaines matières, notamment dans le domaine de la qualité, sont sensibles et requièrent donc que toutes les mesures de sécurisation des contenus soient prises. Les personnes formées (en partie) à la gestion de qualité via e-learning le feront donc sur leur lieu de travail.
L’e-learning ne va pas forcément de soi
“La communication doit être bien faite pour susciter l’adhésion”, souligne Etienne Damas. “On constate en effet que, si les apprenants se montrent actifs dans un premier temps, la participation et la rigueur diminue avec le temps. Parfois, on constate lors des cours en présentiel que les travaux de préparation en mode e-learning n’ont pas été faits.”
Et ce n’est apparemment pas une question d’âge, de statut ou de rôle dans l’entreprise. “Le constat est général”, affirme Etienne Damas.
Etienne Damas: “La formation, en ce compris en e-learning, doit s’adapter aux contraintes de temps qu’imposent le business, la charge de travail.”
L’un des avantages majeurs, largement proclamé, de l’e-learning, à savoir la flexibilité d’apprendre à son rythme, aux moments de son choix, est battu en brèche par “un manque de proactivité à activer cette flexibilité.” Cela a amené Techspace Aero à envisager de planifier des sessions e-learning dans une salle dédiée, à des moments bien précis, “afin d’amener les gens à le pratiquer davantage. A tout le moins, à s’assurer que ce qui doit être fait est bel et bien fait, principalement en ce qui concerne les obligations réglementaires de formation.”
Pour améliorer l’adhésion et l’assiduité, la société imagine également de renforcer le caractère obligatoire de la partie e-learning des formations proposées en “blended”. “Si le travail de préparation demandé, via e-learning, n’est pas fait, l’apprenant pourrait ne plus être accepté dans la partie présentiel du cours.”
L’obligation d’e-learning pourrait également prendre une autre forme. “Les modules de formation orientés Qualité remplaceront certaines formations données jusqu’ici en présentiel. Or, dans la mesure où il y a obligation réglementaire à suivre ces formations, cela devrait en principe améliorer le taux d’adoption de l’e-learning. Un moyen pour nos collaborateurs de prendre le pli…” D’autant plus que ces formations devront être suivies de manière récurrente, une fois par an.
Cinq contenus pédagogiques dédiés à la qualité sont en cours de développement, en collaboration avec Technifutur. La totalité du personnel ne sera pas concernée par ces formations. “Deux des modules portent sur des tâches spécifiques et concernent de 50 à 70 collaborateurs- opérateurs, techniciens, cadres… Toute personne, en fait, amenée à travailler, de près ou de loin, sur certaines pièces ou ensembles de pièces. Les trois autres modules portent sur d’autres techniques, d’étanchéité notamment. Une quarantaine de personnes sont potentiellement concernées.”
Plusieurs contenus sont en outre en préparation, dans le domaine de théories et pratiques R&D. “Ils devraient impacter 40 à 50 collaborateurs supplémentaires.”
Nécessité d’encadrer
L’une des leçons qu’a tirées Techspace Aero de ses différentes expériences de l’e-learning est qu’il doit nécessairement être aménagé dans un cadre volontariste. “Il est nécessaire, par exemple, de doubler le contenu de tests réguliers: test de compétences, d’acquisition des connaissances…”, souligne Etienne Damas. “C’est particulièrement important dans un contexte de formation relevant de contraintes réglementaires où nous exigeons un taux de réussite de minimum 80%.”
Etienne Damas (Techspace Aero): “Bien géré, l’e-learning est un outil d’avenir qu’il ne faut pas snober. Mais il faut l’entretenir, le développer, savoir aussi que cela se joue sur le long terme.”
Autres règles fondamentales: “bien réfléchir au contenu pédagogique. Le texte doit idéalement s’accompagner de supports vidéo, de séquences visuelles. Il faut prévoir des micro-examens, de petits tests intermédiaires. Il faut aussi- et surtout- assurer la traçabilité du suivi des formations et de l’acquisition des connaissances. Enfin, il faut communiquer, tant vis-à-vis des personnes ciblées qu’à destination des lignes hiérarchiques. La hiérarchie doit être la première à recevoir le message que des formations e-learning sont organisées. Le message est ensuite diffusé à l’ensemble du personnel, via notre intranet.”
Ce message ne peut se limiter à un simple petit mail qui risque de passer inaperçu ou d’être négligé, volontairement ou non. “Nous y réfléchissons par exemple dans le cadre des nouvelles formations Qualité. L’information se fera sans doute par mail mais avec copie à la hiérarchie et invitation à une session inaugurale, par petits groupes, afin de bien baliser le cadre de ce qu’on attend des collaborateurs. Il y a aura ensuite un suivi, afin de faire remonter l’information collectée auprès des participants.”
Ceci n’est pas une panacée
“L’e-learning n’est pas forcément fait pour tout le monde, en raison de la diversité des profils et modes d’apprentissage de chacun”, estime Etienne Damas. “L’e-learning n’est pas une panacée mais on peut toutefois optimiser l’efficacité potentielle de cette méthodologie en prévoyant une organisation spécifique et renforcée. Certaines personnes requerront peut-être plus d’accompagnement que d’autres pour atteindre les objectifs fixés. Bien géré, l’e-learning est un outil d’avenir qu’il ne faut pas snober. Mais il faut l’entretenir, le développer, savoir aussi que cela se joue sur le long terme.”
Et ne pas prendre les coûts induits à la légère. “Le coût de réalisation d’une politique d’e-learning, ainsi que celui relatif à la production de modules e-learning, sont très importants.” Idem pour l’organisation et le suivi que ce mode de formation nécessite. L’e-learning n’est donc pas forcément moins cher que du présentiel: “tout dépend du contenu et du mode de mise en oeuvre. Il s’agit aussi de saisir certaines chances. Nous avons pu bénéficier d’aides importantes du Fonds de formation de l’industrie technologique Liège-Luxembourg, d’Accent Langues, prestataire de formation linguistique, et de Technifutur. Cela nous a permis d’obtenir des modules de formation e-learning en langues, en qualité, en théories et pratiques de R&D à moindre coût et d’en faire bénéficier nos apprenants, toutes catégories confondues. Les choses auraient été différentes si nous avions dû les construire nous-mêmes. Nous l’aurions sans doute fait mais de manière plus modeste, et en en appelant aux ressources du groupe Safran, par ailleurs très actif, actuellement, dans le développement de ce genre de contenus.”
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