La ville du nord de la Province du Luxembourg a pris un petit air universitaire, la semaine dernière, avec l’inauguration d’un master en architecture des systèmes d’information. Une première wallonne à plus d’un titre, qui répondrait à un besoin de décentralisation des entreprises. Du “very near shoring”, en quelque sorte…
Cela faisait plus d’un an que le projet était sur les rails, porté par la nouvelle Haute école fusionnée Namur-Liège-Luxembourg (HEnallux) et le député-bourgmestre local André Bouchat: lancer une formation de pointe, un master en architecture des systèmes d’information (MASI), dans une petite ville jalouse de n’accueillir aucune formation supérieure (à la différence de Libramont, par exemple).
Les initiateurs du projet ont bien crû devoir remettre leurs idées au placard, jusqu’à ce que l’aval officiel du Ministre Jean-Claude Marcourt, en charge de l’enseignement supérieur, arrive enfin le… 20 juillet. La rentrée s’est donc organisée à la hâte, sans pouvoir faire beaucoup de publicité. A ce jour, 31 étudiants se sont déjà inscrits.
Ce Master, accessible à tout détenteur d’un baccalauréat en informatique (3 ans), est une première à plus d’un titre. Il est organisé par la HEnallux, mais en co-diplomation avec l’Université de Liège et l’Université de Namur (ne dites plus FUNDP depuis cette rentrée…). Autrement dit, une organisation conjointe des réseaux universitaires officiel (d’état) et libre (catholique). Une prouesse qui va d’ailleurs imposer à la Fédération Wallonie-Bruxelles de légiférer pour adapter certains décrets. Cette co-diplomation était une condition posée par les autorités à la création de ce master.
Focus sur les OS mobiles et la sécurité
Sur le plan du contenu, ce master (2 ans), le seul de ce type en Wallonie et à Bruxelles, joue aussi la carte de l’originalité par rapport aux formations d’ingénieur ou cycles universitaires existants. “Cette formation veut répondre au besoin croissant des entreprises de recruter des architectes informatiques qui maîtrisent les nouveaux environnements nomades”, explique son coordinateur Paul Renson. L’un de ses piliers est donc l’apprentissage des différents OS mobiles (iOS, Android, Windows 8) mais sans pour autant délaisser les ‘vieux OS’. “Certains acteurs, notamment IBM, nous ont fait part de leur difficulté à trouver des ingénieurs systèmes qui maîtrisent encore suffisamment les systèmes d’exploitation mainframe.” A l’heure de la mobilité, un smartphone doit en effet pouvoir interroger une base de données sur mainframe.
Les autres axes forts de la formation sont les réseaux, avec un accent marqué sur la sécurité, ainsi que le développement d’applications (avec, ici aussi, un fort intérêt pour les plates-formes mobiles) et la mise en œuvre des principaux progiciels (ERP, BI). “Enfin, nous voulons également sensibiliser nos étudiants à certains aspects juridiques et à des notions de management.”
Ce “master d’application” se veut axé sur la pratique. Un partenariat est en cours de développement avec IBM, mais aussi avec Microsoft et Apple, sans parler des tractations avec d’autres acteurs.
Mais pourquoi Marche?
Mais pourquoi diable avoir fait le choix de Marche pour une formation aussi pointue? “La première raison est que Marche est une ville qui bouge, qui veut se développer, et le seul arrondissement qui ne possède pas de Haute école.” Soit, mais la ville n’est pas vraiment connue pour ses entreprises informatiques… “Détrompez-vous. Stesud [Ndlr: services informatiques aux communes] y emploie 80 personnes et Callataÿ & Wouters y possède un centre de développement {Ndlr: qui emploie une bonne vingtaine de personnes]. Sans compter que BNP Paribas Fortis va installer deux datacenters à Vaux-sur-Sûre, pas très loin d’ici.”
On l’a compris, le master répondrait à une certaine logique de décentralisation de la part des entreprises, soucieuses de se rapprocher des talents de demain qui n’ont pas envie de perdre des heures quotidiennes pour travailler à la capitale. “Nos étudiants viennent d’un peu partout, de Bruxelles autant que du Sud-Luxembourg. Marche n’est qu’à 100 km de Bruxelles. Liège et Namur sont à moins de 30 minutes et le Luxembourg n’est pas très loin non plus.”
Paul Renson est également prompt à parer le contre-argument de l’isolement relatif de ce master, loin des grands campus universitaires: “Notre pari est audacieux, c’est vrai. Mais on vit dans un monde de la communication virtuelle. Et puis, il ne faut pas toujours attendre les autres. Et si nous étions nous-mêmes les initiateurs d’un nouveau campus?”
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