Le verdict est tombé, fin de semaine: six projets ont été sélectionnés dans le cadre du projet d’accélération de start-up Nest’Up, soulevant, de par le choix de certains, quelques questions sur le respect de certains critères pourtant annoncés. Voir plus bas dans le texte.
Mais place aux six élus. Les six projets couvrent pour le moins un paysage de thèmes assez panaché. Voyez plutôt.
4Inch (abréviation de For Intelligent Change au cas où vous penseriez à autre chose…): services et solutions sur mesure (lisez, réellement adaptées à des usagers pas forcément geeks) en domotique et “immotique”.
Famest: ‘tagging’ et ‘branding’, sorte de programme d’incentives pour internautes faisant la promotion d’articles de marque sur les photos personnelles affichées sur réseaux sociaux (le projet portait, à l’origine, le nom de Brand Tagging). Objectif: “exploiter le potentiel des réseaux sociaux et l’influence des utilisateurs entre eux, à des fins commerciales.” Autrement dit, rentabilisez le fait que vous vous affichez par exemple en Nike, un Coca à la main, devant une enseigne Carrefour.
I love Climbing: diffusion de contenus multimédias dédiés à la “grimpe” sous toutes ses formes- escalade indoor et outdoor, escalade sportive, cascade de glace, alpinisme…
InterSango: échange de services et de compétences (“cuisine wok, cours de rire, biochimie. etc.”) via Facebook.
TakeEatEasy: solution de commande de plats à livrer, qui permet de se concocter un menu à la carte selon l’humeur et les goûts du moment. Envie de poisson ou d’un plat végétarien, léger ou consistant, traditionnel ou exotique…? Il suffit de l’indiquer à l’écran et le système identifie le prestataire qui correspond le mieux au type choisi. Choix qu’on peut encore faire varier, pour passer du japonais au vietnamien par exemple.
Youngskills: services mettant en relation étudiants en création multimédia et clients potentiels (PME, indépendants ou particuliers).
Dès ce lundi 17 septembre, les 6 équipes prennent donc possession de l’espace qui leur sera réservé pendant 9 semaines au Smart Work Center de l’Axis Parc de Mont-Saint-Guibert, pour de l’accompagnement accéléré, de la “construction et déconstruction d’idées” et de l’émulation mutuelle.
Vaches gardées, pré-carré et bergère décontenancée…
Le choix des six projets à “accélérer” semble ne pas toujours répondre fidèlement aux critères qui avaient été définis. De quoi soulever de premières questions et ranimer sans doute le début de polémique, certes discrète, qui s’est faite jour concernant le timing et les finalités de cette nouvelle expérience, alors que d’autres – tournez vos regards vers DIV Dragon – n’ont pas pu aller jusqu’au bout de leur logique.
En effet, en lisant les noms des sélectionnés, nous n’avons pas pu réprimer un petit “tiens! tiens!?”. Dans la liste se trouve en effet une certaine I love Climbing, qui était aussi de la deuxième fournée de sociétés accompagnées par DIV Dragon. Et on dit qu’il n’y a pas recouvrement entre ces deux initiatives, chacune correspondant en principe à un objectif bien précis et à des stades d’évolution distincts dans la vie d’un projet?
Comment, dans ces conditions, expliquer que I love Climbing ait pu tour à tour – et, surtout, dans cet ordre chronologique-là – être considéré comme une start-up “en phase de croissance” (c’est-à-dire ayant déjà atteint un certain niveau de maturité) pour ensuite se retrouver parmi un lot de start-ups en phase de lancement? Les initiateurs de Nest’Up avaient été clairs à ce sujet: “Nest’Up est un programme d’accélération pour porteurs de projets qui n’ont pas encore atteint le stade de la création d’entreprise.” Ce qui, soit dit également en passant, n’est pas vraiment le cas de 4Inch, qui est bel et bien une entreprise…
Pour en revenir à I love Climbing, l’erreur de casting s’est-elle produite lors de la sélection du côté de DIV Dragon? L’un des objectifs majeurs de ce programme était de permettre à un produit (ou service) existant de surmonter un obstacle bloquant dans la croissance de la (jeune) société. Le coach avait par exemple pour mission d’aider la société à débloquer l’accès à un marché ou à redéfinir le positionnement d’un produit déjà existant. Dans le cas de I love Climbing, la question est de savoir si une audience, conséquente sur Facebook et internationale (plus de 200.000 fans, si on en croit les statistiques), peut être considérée comme un “produit”. Car I love Climbing n’existe que dans ce cadre. Le site Internet, lui, est toujours dans les limbes. “Sign up now. We’ll tell you when we’re ready” est la seule chose qu’on peut en tirer à ce jour.
Une audience, un blog n’a certes rien de tangible mais peut se monétiser. Et c’est sans doute ce que I love Climbing est venu chercher du côté de Nest’Up: un vrai produit moins virtuel, venant appuyer ce qui existe déjà dans l’éther… Nest’Up étant ici un recours par rapport à une tentative, du côté de DIV Dragon, qui n’a pas été concluante?
Quant à savoir s’il revient à des deniers publics d’aider des projets qui n’auront qu’un impact économique limité en termes de création d’emploi, de renforcement du tissu d’entreprises local, etc., ceci est un tout autre débat (qu’on ne manquera pas d’initier dans un autre contexte).
Concernant la sélection des six projets accompagnés par Nest’Up, il semble par ailleurs – mais mettons selon sur le dos du hasard et au crédit d’un numérique qui imprègne désormais tous nos pans de vie – que les projets liés à l’IT et au numérique aient largement raflé la mise alors que Nest’Up est en principe destiné à accélérer les idées et projets innovants de tous horizons. Dommage, donc, qu’on ne retrouve pas d’autres types de projets créatifs dans la sélection. Car ce tout-au-numérique de la sélection va faire émerger la question suivante: d’autres initiatives et équipes d’encadrement préexistantes n’étaient-elles, ne sont-elles pas mieux placées pour accueillir ces projets?
Ou va-t-on assister, demain, à des tours de chapelles systématiques, un projet allant puiser espoir et ressources auprès de tous les “mécanismes” mis sur pied? Ce “shopping” a inévitablement à la fois ses limites et ses travers. Les appels à projet pilotés par Innoviris (Bruxelles) et la DG06 (Wallonie) en avaient déjà fait l’expérience. A telle enseigne que ces deux sources de financement public ont décidé désormais d’organiser leurs appels à projets annuels à la même époque de l’année, afin justement d’éviter ce phénomène…
L’essentiel, direz-vous, au-delà de toute polémique stérile, est d’aider les start-ups, de favoriser la création et la maturation d’idées. 100% d’accord. Mais n’empêche que le discours tenu par certains mériterait plus de clarté. Et les initiatives, parallèles, de se croiser et de s’enrichir mutuellement au lieu de sans cesse détricoter et juxtaposer.
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