Impossible et peu utile d’ailleurs de vouloir faire ici le tour des jeux sérieux, même en se limitant à la Belgique. Ils se multiplient à vitesse grand V. Dans des catégories les plus variées, avec plus ou moins de bonheur et de niveau pédagogique ou informationnel. Nous avons simplement sélectionné 4 jeux aux finalités diverses qui sont symptomatiques des buts recherchés.
Sauver Ada: les étudiants de Paris XIII redécouvrent les charmes de l’IT
Sauver Ada (décidément Ada Lovelace aura inspiré bien des concepts et personnes en quête d’un nom accrocheur) est un jeu de sensibilisation aux métiers du Web, développé par Belle Productions avec l’appui de Crossroads, pour les besoins de l’Université Paris XIII, en France. Public destinataire: les étudiants bac +5 engagés dans des études à orientation ICT.
En France, le constat n’est guère différent de celui qu’on déplore depuis des années chez nous: les études IT n’attirent plus ou plus assez et découragent ou rebutent plus particulièrement les filles. C’est pour tenter d’y porter remède, en proposant une découverte ludique des réalités et diversité des métiers de l’IT et du Web, que ce jeu a été conçu.
Le scénario? Une étudiante se fait enlever sous les yeux du joueur qui devra explorer le Web à la recherche d’indices lui permettant de lui venir en aide. Pour la délivrer, il devra résoudre une série d’énigmes mises en ligne par un personnage inquiétant: le Sphinx.
“Puisque les filles sont sur les réseaux sociaux, on a créé un faux Facebook, un faux blog”, explique François Delpierre, de Belle Productions. “Une jeune fille de 18 ans se fait enlever en direct. Le joueur a accès aux blogs de ses amis, voit ce qui s’y dit. C’est dans ces discussions de blogs que se trouvent les indices permettant de résoudre les énigmes proposées par le Sphinx. Une fois les énigmes résolues, on montre au joueur que dans telle phase, il a en fait fait du Photoshop, du design… Cela permet de lui faire passer le message suivant: si tu t’es amusé, va le faire dans un bac +5.”
Et il paraît que “ça cartonne”. Une idée à reproduire chez nous?
Bricomania
Ce jeu permet d’évaluer les aptitudes d’une personne postulant à un job dans le retail. Le scénario choisi a été celui d’une grande surface de bricolage – Bricomania – dans le quel le joueur se mue en stagiaire qui doit s’acquitter d’une série de tâches (obligatoires ou facultatives). Ses performances permettront de dresser une sorte de cartographie de ses aptitudes, qui servira à un entretien en présentiel avec un tuteur pour l’aider à s’orienter professionnellement.
Neurodyssée
Né en 2008 de l’imagination de Belle Productions, Neurodyssée a pour ambition de sensibiliser les enfants à la connaissance de l’Europe.
Jeu multi-joueur (max. 4), il s’adresse aux jeunes de 12 ans et plus. Scénario: les joueurs deviennent des “Neuroniens”, petits êtres venus d’ailleurs qui veulent se partager l’Europe mais qui, pour ce faire, doivent valider leurs connaissances.
Neurodyssée, qui a nécessité un budget de 50.000 euros, a reçu le Prix Spécial du Jury à Game Expo en 2010. Adoubé par l’Union européenne, celle-ci a débloqué un budget pour le faire traduire. Neurodyssée est donc désormais disponible en 20 langues, pour les 27 pays de l’Europe.
Les secrets d’Ombyliss
”Ce n’est pas la personne qui est handicapée mais la société qui la handicape.” Tel est le leitmotiv et le fil conducteur de ce jeu de sensibilisation au handicap et aux problèmes d’accessibilité.
Ombyliss s’adresse aux enfants de 12 ans et plus. “Le défi”, explique François Delpierre de Belle Productions, “était de savoir comment parler aux enfants et à leur famille pour les sensibiliser à la problématique et la leur faire intégrer dans leurs réflexes, dans leur métier futur. Il s’agissait de les amener à faire de l’inclusion de ce problème un réflexe quasi naturel. De genre: si vous êtes architecte ou maçon, pensez aux plans inclinés. Si vous ouvrez un cabinet dentaire, ne l’ouvrez pas au 4ème étage.”
Dans le jeu, l’héroïne et, donc, derrière elle l’enfant ou le jeune qui y joue, en vient à la conclusion que le handicap ne vient pas d’elle mais de la manière dont est conçue la ville, qu’elle est inadaptée.
Expli-City
Jeu vidéo tactile de sensibilisation à la démocratie, commandé par la Fédération des maisons laïques de Belgique et réalisé par Fishing Cactus, Expli-City est une ville imaginaire dont les quartiers permettent d’apprivoiser le système démocratique belge.
En vue des élections communales et provinciales de 2012, la volonté de la Fédération des Maisons de la Laïcité est “d’éclaircir les concepts liés à la démocratie, souvent flous.” L’échéance des élections communales et provinciales 2012 lui semblait être un timing idéal. “Nous sommes persuadés que comprendre permet de ne pas se sentir exclu de la sphère politique, et de s’y impliquer davantage.”
Expli-City regorge de quartiers, places, ruelles, artères symbolisant un aspect de la démocratie made in Belgium. La Place des Lois explique les principes de la séparation des pouvoirs. La Place Dédale, la bien nommée, aide à s’y retrouver dans les méandres des différents niveaux de pouvoir. La Rue du Temps et ses stèles racontent l’évolution du droit de vote. L’Impasse du Noir Destin évoque la deuxième guerre mondiale. Etc. etc.
La déambulation n’a rien d’une promenade passive. L’exploration s’accompagne de tests de connaissances. Les meilleurs joueurs deviendront… “maîtres-citoyens”.
Le jeu est diffusé depuis octobre 2011 par les 65 Maisons de la Laïcité, dont les animateurs sillonnent leur région, armés d’écrans tactiles, proposant des sessions de jeu accompagnées. L’intention est ensuite rendre Expli-City accessible via Internet.
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