La GSMA (GSM Association), qui réunit près de 800 opérateurs mobiles et défend leurs intérêts (il est important de le souligner dans le contexte de ce qui suit), vient de publier un nouveau rapport qui vante les progrès accomplis par les opérateurs mobiles en termes d’empreinte carbone. Du moins, les progrès supposés des 34 opérateurs qui ont participé à l’enquête.
Selon la GSMA, qui s’appuie sur sa méthodologie “Mobile’s Green Manifesto”, “la consommation énergétique totale des réseaux étudiés n’a que faiblement progressé entre 2009 et 2010, en dépit de la très importante croissance du trafic et des connexions mobiles.” Par ailleurs, prise individuellement, chaque connexion aurait consommé 5% de moins, pendant la période concernée.
Autre déclaration: le poids de l’empreinte carbone ne peut que diminuer à mesure que se généralisent les objets communicants et les connexions M2M (machine-to-machine). Voici ce que dit, entre autres, la GSMA: “le nombre de connexions M2M mobiles, dans le cadre de réseaux électriques intelligents, de l’installation de compteurs intelligents et du recours à la gestion de flottes, devrait augmenter de 30 à 40% par an pour atteindre environ 100 millions de connexions M2M mobiles d’ici 2015. Elles pourraient se traduire par des économies d’émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 18 tonnes d’équivalent CO₂, ce qui est comparable à la disparition de plus de 4 millions de véhicules de nos routes.”
Comment diable, la GSMA arrive-t-elle à ce résultat? Plus il y aurait de connexions et d’équipements, moins leur impact serait grand sur l’environnement? Le raisonnement est simple, voire simpliste, et parfaitement trompeur. En fait, la GSMA part du principe que toutes ces petites “machines” communiquant joyeusement entre elles, s’échangeant des données en continu, s’accompagnent forcément d’une “dématérialisation d’applications, avec remplacement de voyages, déplacements,, produits et processus par des alternatives virtuelles.”
C’est ce qui s’appelle voir le beau côté des choses. Vert de verre.
Par contre, le communiqué passe sous silence la facture carbone de ces connexions actives incessantes, de la production de tous ces objets.
Certes, si on en revient au contexte des réseaux mobiles (téléphonie, Internet), les équipements des fournisseurs ont fait des progrès, ces dernières années, en termes de consommation d’énergie. Mais on est encore fort éloigné d’une optimisation verte.
Nous n’en voulons pour preuve que ce petit exercice d’évaluation auquel Ericsson procédait l’année dernière.
Dans un pays, tel la Suède, où la production d’énergie est raisonnablement propre (ce qui est loin d’être le cas sous toutes les latitudes), l’empreinte carbone d’un seul usager mobile est de 22 kg équivalent carbone par an (la moyenne mondiale, selon ses estimations, serait de 44 kg). Un GSM ne “pèse” que 9 kilos en termes d’émissions (y compris la part des stations de base). Par contre, les nouvelles générations d’équipements mobiles (tablettes, smartphones) sont plus pénalisantes (13 kg). Ce chiffre est calcul en incluant l’impact de leur fabrication.
Ericsson dédouanait toutefois l’univers mobile en faisant remarquer qu’il pesait moins lourd sur la facture carbone que le réseau fixe. Dans ce registre, un usager moyen, exploitant le réseau pour téléphoner mais aussi pour se connecter à Internet au départ d’une ligne fixe, serait source de quelque 375 kg d’équivalent CO₂ par an.
On imagine aisément ce que donnent en réalité les empreintes cumulées de ces objets communicants dont va se peupler notre aveni, que ce soit dans la voiture, le salon, la domotique, etc. etc.
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