MT-Consulting: redonner de la souplesse au stockage “multi-tier”

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Par · 30/04/2015

MT-Consulting, société liégeoise (Alleur), est spécialisée dans la sauvegarde et l’archivage de données. Outre la ventes de solutions (voir notre encadré en fin d’article pour un petit portrait), la société développe des logiciels de gestion des processus de stockage et d’archivage et propose des services de conception et d’implémentation, des audits…

Aujourd’hui, elle dévoile une solution qu’elle a elle-même développée et qui veut s’attaquer au problème d’explosion des volumes de données en combinant les meilleurs atouts de deux supports qui, généralement, en raison de leurs spécificités (espace de stockage, rapidité et facilité d’accès à l’information, coût…), interviennent à des moments bien distincts dans le cycle de vie d’une donnée.

D’une part, le disque dur, pour un stockage immédiat et une recherche rapide d’informations. Inconvénients: son coût, une durée de vie réputée moindre que la bande, ou encore (pour d’autres considérations) son taux de consommation électrique.

De l’autre, la bande magnétique, solution souvent perçue comme quasi-antédiluvienne, reléguée à des rôles de stockage dormant (données anciennes, rarement sollicitées) mais qui présente certains avantages (volume de stockage, coût plus intéressant, longévité, transport aisé).

“Crossing the chasm…”

MT-Consulting a développé une solution intégrée qui a pour ambition de rendre moins onéreuses les solutions de sauvegarde et d’archivage de gros volumes de données. Elle prend la forme d’une “appliance”, qui combine matériels (disque dur, cache, bandothèque, robot) et logiciel de gestion.

L’appliance MT-C sera disponible en plusieurs configurations devant répondre à divers niveaux d’exigence (volumes, rapidité d’accès et de récupération de l’information, etc.). Configuration minimale: 10 To (téra-octets), avec des bandothèques pouvant aller jusqu’à 40 To, voire plus. Un brin de technique: les cartouches de bandes sont de type LTO (5 et 6); le protocole d’écriture est le LTFS (Linear Tape File System), choisi en raison de son caractère ouvert.

En lançant cette solution, MT-Consulting applique en fait deux concepts bien connus depuis déjà pas mal d’années. A savoir, le HSM (hierarchical storage management) et l’ILM (information lifecycle management) qui consistent à choisir, en fonction du type d’usage qui sera fait des données, le média le plus “efficient” pour son stockage et archivage.

La nouveauté, revendiquée par la société liégeoise? Etendre ces principes au-delà du champ des disques durs (quelles qu’en soient les technologies) et y inclure la dimension de la bande magnétique, au sein d’un seul et même système NAS (network-attached storage). Un mariage bande-disque effectué essentiellement pour des raisons de coûts. Par rapport à un stockage 100% disque dur, la solution mixte MT-C est annoncée comme étant 5 fois moins chère.

MT-Consulting rapproche en fait de l’utilisateur final une partie (voire éventuellement la totalité) du stockage sur bande. Plus besoin (ou moins besoin) de procéder à des déportations de données disque-bande, parfois avec transports à plus ou moins longue distance. Par ailleurs, pour réduire les coûts (on y revient), des règles sont mises en oeuvre pour minimiser les stockages sur disque au sein de l’appliance.

Emanciper l’utilisateur final

Mais le développement a aussi un autre objectif: émanciper (dans une certaine mesure) l’utilisateur final de la nécessité d’en appeler systématiquement au service informatique ou à un prestataire extérieur, dès l’instant où il doit récupérer une donnée stockée sur une bandothèque.

“Les solutions existantes n’ont pas été créées pour l’utilisateur”, déclare Valery Guilleaume, patron de la société. “Elles exigent en effet l’intervention d’opérateurs et une mise en oeuvre manuelle lorsqu’il s’agit de récupérer les données conservées sur bande magnétique. Nous avons voulu proposer une solution automatisée, intuitive pour l’utilisateur lambda.”

Exemples? “Un médecin qui veut pouvoir récupérer des données d’un dossier médical, stocké sur une bande, afin de préparer une entrevue avec son patient. Ou encore, dans le monde des médias, un collaborateur de la Sonuma qui est chargé de la numérisation des oeuvres. Dans l’industrie, un opérateur responsable du contrôle de qualité…” Toutes personnes qui n’ont pas, a priori, des compétences informatiques pointues. “Et qui veulent pouvoir accéder aisément aux données sans savoir où elles sont stockées.”

Près de mes données

La solution de gestion développée par MT-Consulting présente à l’usager une structure de fichiers virtuelle, “à l’aide d’une interface graphique conviviale”. “L’utilisateur voit ainsi où sont ses données, peut initier une action de récupération, sans devoir en appeler à l’équipe informatique. Au gré de ses besoins, il rapatrie dans sa structure de dossiers les fichiers dont il a besoin.”

En arrière-plan, des règles prédéfinies (selon les contraintes de chaque client) déterminent quelles données (à savoir les plus utilisées) sont gardées en cache et quelles données peuvent résider sur bande magnétique (mais dans la même enceinte). Cette gestion “plus profonde”, à savoir la définition des règles, est prise en charge par l’administrateur système (le service informatique) qui les modulera en fonction des exigences métier (fréquence de récupération de données dormantes, durée de conservation sur disque avant déportage sur bande…).

Valery Guilleaume: “sur le plan pratique, les demandes de récupérations d’archives numériques sont prédictibles, ce qui permet de planifier leur récupération.”

Si l’utilisateur lance ses requêtes (ordres de recherche et de mise à disposition de l’information) sans se soucier du support sur lequel elle est stockée., il n’y a toutefois pas de miracle: la bande magnétique ne devient pas, d’un coup de baguette magique, plus véloce. La solution se destine donc surtout aux utilisateurs qui veulent préparer un traitement, une analyse en quémandant une information à l’avance. Pour reprendre l’exemple cité par Valery Guilleaume: “un médecin qui sait que tel ou tel patient vient le consulter d’ici une trentaine de minutes et qui a donc le temps de précharger tout son dossier médical.”

MT-Consulting mise sur le fait que “sur le plan pratique, les demandes de récupérations d’archives numériques sont prédictibles, ce qui permet de planifier leur récupération.”

Autre précision (plus technique): les fichiers que l’on va “repêcher” sur les bandes magnétiques sont copiés dans la cache du disque dur (l’original reste sur la bande). Il est par ailleurs possible de procéder à deux copies à destination de cartouches de bande se trouvant dans deux appliances distinctes, à des fins de redondance et de disponibilité optimale de l’information (par exemple pour des sociétés possédant plusieurs sites ou bâtiments et désirant tous les équiper en appliances disque/bande).

5 cibles prioritaires

Avec sa nouvelle solution, MT-Consulting vise essentiellement 5 domaines et secteurs. Si, en principe, tout acteur qui est ou sera confronté à la problématique des mégadonnées (“big data”) est potentiellement intéressé, les secteurs visés en priorité seront:

  • le monde médical et les hôpitaux (en raison de leurs besoins en imagerie médicale mais aussi dans la perspective des solutions de séquençage génomiques)
  • les infocentres et les prestataires de services (en particulier orientés cloud)
  • le secteur audiovisuel
  • l’industrie (pour des solutions de traçabilité, de contrôle de qualité… qui exigent le stockage de données de plus en plus volumineuses)
  • les entreprises désireuses de s’affranchir (le plus possible) du papier.
Une société née d’un échec…

MT-Consulting a deux grandes spécialités: les solutions de sauvegarde de (gros volumes de) données et les environnements IBM (mainframe, AS400/iSeries). Son catalogue inclut par exemple des systèmes dédiés (“appliances”) pour bandothèques SCSI ou Fiber Channel (classiques ou virtualisées). On y trouve ainsi les solutions de StorageTek/Sun/Oracle, Quantum, Fujitsu-Siemens, Overland – à la fois fournisseurs et clients puisque certains logiciels développés sont inclus par eux dans leur propre offre.

La grosse majorité du chiffre d’affaires de la société (environ 90%) est réalisé à l’exportation (Europe, Etats-Unis, Chine…). Parmi ses clients locaux, citons Delhaize, Colruyt, quelques banques, le groupe Center Parcs…

Un passé mouvementé

Les activités et le catalogue actuels de MT-Consulting sont en fait l’héritage d’une histoire riche en rebondissements, puisqu’elle est née du défilochage d’un des grands noms de l’informatique des années ’80. A savoir, Memorex-Telex, spécialiste des systèmes de stockage et d’archivage pour systèmes mainframe et mini.

Pour les fanas d’archéologie informatique, MT-Consulting est le fruit d’une lignée un tantinet improbable. La société actuelle est en effet née, en 2012, du rachat, par le duo Valery Guilleaume (ingénieur en informatique)-Jessica Delage (comptable fiscaliste), de la société MT-C, qui avait elle-même repris, en 1997, les activités de la filiale belge de… Memorex-Telex (ou plus exactement son site de production et de distribution de Herstal).

Certains parmi vous se rappelleront cette société américaine, créée en 1961, pour fabriquer… des bandes magnétiques. Son catalogue se diversifiera au fil des ans: disques durs, supports vidéo… Elle fut ensuite reprise par Burroughs et revendue après que ce dernier ait fusionné avec Sperry pour devenir Unisys en 1986.

C’est en 1988 qu’intervient la fusion entre Memorex et Telex Corp. La nouvelle société sera basée aux Pays-Bas. Elle sera par la suite démembrée, certaines activités ou filiales passant dans d’autres mains: EDS, Kanematsu… Le nom de Memorex subsiste encore aujourd’hui sur le marché mais est devenu une marque grand public du groupe Imation (supports de stockage et accessoires pour équipements mobiles).

Quant au site de production et de distribution de Herstal, il fut sacrifié, dès 1987, les activités étant déménagées vers Maastricht. Le rachat par MT-C avait permis de maintenir des activités de support et de préserver une partie de la propriété intellectuelle R&D de Memorex Europe. D’où ses activités de développement de logiciels. [ Retour au texte ]